Pauvre PQ, tu t’endors

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Réjean Parent n'aime pas voir le réel en face : c'est le gauchisme qui a fait perdre le PQ

Réuni en Conseil national, avec une participation de 350 délégués, le Parti québécois a procédé à un premier bilan postélectoral de la déconfiture subie lors du dernier scrutin. Pour l’essentiel, on semble retenir que ce n’est pas la faute à Jean-François Lisée, que le parti s’est trop rangé à gauche et que l’indépendance n’était pas suffisamment promue. L’exercice démontre une fois de plus l’incapacité du PQ à reconnaître ses erreurs pour mieux orienter son action future.


Les mauvais choix


Bien que le jugement puisse paraître sévère, il faut admettre que le choix des chefs du parti, depuis la démission de Bernard Landry, n’a pas été heureux et s’est même parfois avéré catastrophique. Il était inconcevable de croire que Jean-François Lisée puisse s’octroyer un quelconque blâme au lendemain d’un revers si cuisant avec l’orgueil qu’on lui connaît. Il devenait encore plus irréaliste de s’attendre à ce que des militants confessent avoir choisi le mauvais poulain.


Lisée n’est pas dépourvu d’intelligence et d’habileté stratégique, il ne suscite toutefois pas beaucoup d’attachement dans son entourage. D’ailleurs, la très grande majorité du caucus ne l’appuyait pas lors de la course à la chefferie, ce qui en disait long sur l’intérêt de travailler avec lui. Certains stratèges sont allés jusqu’à envisager son remplacement à quelques semaines des élections, car ils anticipaient déjà la descente aux enfers.


La gauche oppressante


Pour les ex-députés Marceau et Therrien, c’est le penchant trop à gauche du PQ dans ses tentatives de convergence avec QS qui ont nui au parti et profité à la CAQ. Pascale Bérubé, chef intérimaire, surenchérissait le propos de ses collègues en invitant les militants à recentrer plus à droite le parti. Ceux-ci ont sûrement oublié le passage du chef André Boisclair qui était dans cette veine. Malgré cette inclinaison à droite, cela n’avait pas empêché le PQ de devenir le 2e groupe d’opposition.


Bérubé argumente pour un retour à la coalition originale que constituait le PQ tout en réaffirmant l’inclinaison sociale démocrate de sa formation. Ce discours donne raison aux détracteurs du PQ qui l’accuse de clignoter à gauche et de virer à droite. Le parti voudrait séduire toutes les tendances sans se définir lui-même, pourtant son passé glorieux s’est manifesté dans une panoplie de mesures sociales qui venaient renforcer les acquis de la révolution tranquille. Malheureusement, les années 90 l’ont mis au diapason du néolibéralisme.


L’indépendance


Bizarrement, le KO du 1er octobre leur fait voir des étoiles qui rappellent leur raison d’être, à savoir l’engagement politique pour l’indépendance. Le réveil est brutal, il aurait toutefois eu intérêt à se produire avant. Dès les lendemains du référendum, Lucien Bouchard aurait dû relancer la bataille pour l’indépendance à la lumière des tricheries du fédéral. Malheureusement, il s’est écrasé comme d’autres après lui en prétextant que nous ne devions pas nous imposer une nouvelle humiliation.


Il y a Pierre Karl Péladeau qui avait repris un peu plus vigoureusement le bâton du pèlerin de l’indépendance à son arrivée en politique, le tout s’est avéré un désastre, en grande partie à cause du manque de préparation du PQ.


Loin d’être au bout de ses peines, le parti devra judicieusement choisir un chef au cours des prochains mois qui, sans être un rédempteur, devra tout de même inspirer un air de renouveau irrésistible. Il aura l’impérieuse tâche de renouer avec la base traditionnelle du PQ émanant de la classe ouvrière et surtout recréer l’enthousiasme autour du projet d’indépendance.