Pauline fait de l'ombre à Mario

Aurons-nous des élections, à Québec ou à Ottawa (ou les deux!) cet automne ou au printemps 2008?

Climat politique au Québec


Réponse, selon les résultats de notre plus récent sondage CROP: vraisemblablement pas à Ottawa, mais à Québec, la chose pourrait tenter Pauline Marois.
Une mise en garde d'usage, avant d'aller plus loin. Il faut toujours prendre les sondages de fin d'été avec une pincée de sel. Il fait encore beau, les gens n'ont pas vraiment la tête à la politique, qui prend d'ailleurs une pause dans l'actualité, et les préparatifs de la rentrée préoccupent plus les familles que les dernières déclarations des politiciens.
Cela dit, ce coup de sonde de fin août confirme ce que les précédents avaient décelé: l'arrivée de Pauline Marois a permis au Parti québécois de reprendre du poil de la bête. Entre Jean Charest qui les déçoit toujours autant et Mario Dumont qui n'arrive pas à les impressionner suffisamment, les Québécois ont tendance à se tourner vers Pauline Marois.
Si Jean Charest peut se satisfaire d'une remontée de huit points de pourcentage (de 36 à 44%, ce qui n'est pas rien) du taux de satisfaction des Québécois envers son gouvernement, il constatera aussi avec dépit qu'il ne gagne pas de point dans les intentions de vote. C'est classique, les gouvernements remontent presque toujours en été pour la simple raison qu'ils sont beaucoup moins actifs, et, donc, qu'ils risquent moins de gaffer. Malgré toutes les critiques contre le plan d'action du gouvernement Charest contre les algues bleues, les libéraux n'ont pas coulé cet été, ils sont restés stables, avec une hausse du taux de satisfaction.
Bref, les Québécois sont moins sévères envers le gouvernement libéral, mais ils n'ont pas trouvé de nouvelles raisons de voter pour eux. En particulier les francophones qui continuent de bouder massivement le parti de Jean Charest.
Il est tout de même curieux que les libéraux n'arrivent pas à tirer avantage des bonnes performances économiques du Québec, notamment du bas taux de chômage. Ils ne profitent pas non plus du recul de l'ADQ.
Les Québécois n'ont pas été impressionnés par Mario Dumont et son équipe et ils hésitent à pousser plus loin l'expérience ADQ. En attendant, ils se réfugient au PQ, qui reprend du terrain dans l'électorat francophone, en région et même dans la grande région de Québec.
L'"effet Marois" se fait sentir dans les intentions de vote et encore plus fortement dans la confiance envers les chefs. À la question «quel chef ferait le meilleur premier ministre», Pauline Marois a une confortable avance de 12 points de pourcentage sur Mario Dumont et de 15 points sur Jean Charest (37%, 25%, 22%). Le chef de l'ADQ souffre de la concurrence de la chef du PQ et d'une performance très ordinaire lors de la dernière session. Sa cote de «premièreministrabilité» est passée de 32 à 25% depuis mai.
Le bel élan de Pauline Marois se cassera toutefois comme une vague sur un récif si elle devait perdre l'élection partielle de Charlevoix, le 24 septembre. Les péquistes admettent qu'ils devront travailler fort pour garder la circonscription. Pauline Marois a beau être populaire au Québec, ce n'est pas une «fille de la place». En ne présentant pas de candidat, Jean Charest a finalement rendu un fier service à l'ADQ, qui pourrait profiter d'une lutte à deux.
Parlant de Jean Charest, il reste ou pas?
Dans le camp libéral, tout le monde pense qu'il restera et on se prépare à faire la prochaine campagne électorale avec lui.
Mais Jean Charest jouera ses dernières cartes au cours des six prochains mois. Il n'a plus le choix, il va lui falloir frapper un grand coup, gouverner avec vigueur et imagination. Sinon, il pourrait bien prendre à Pauline Marois l'idée de le battre au moment du dépôt de son prochain budget, 400e anniversaire de Québec ou pas.
Le paysage politique semble plus calme à Ottawa, malgré les déboires de la mission canadienne en Afghanistan et les menaces d'élections du chef bloquiste, Gilles Duceppe.
Ce que notre CROP démontre, d'abord, et c'est surprenant, c'est qu'il n'y a pas d'«effet Afghanistan» sur l'électorat québécois, même après la mort de trois soldats de Valcartier.
La satisfaction envers le gouvernement ne chute que d'un point (ce qui est largement dans la marge d'erreur) et le Bloc ne prend que quatre points de pourcentage.
Bonne nouvelle pour Gilles Duceppe, le Bloc remonte à 41% d'intentions de vote chez les francophones, contre 27% pour les conservateurs et... 14% pour les libéraux.
Les chiffres sont clairs: les électeurs déçus des conservateurs retournent au Bloc, pas au PLC, qui est pourtant la solution de rechange au pouvoir. Bloqués à 20%, grâce à leur base dans l'île de Montréal, les libéraux n'arrivent pas à profiter de la grogne des Québécois contre la présence canadienne en Afghanistan.
Ce que ce sondage dit aussi, entre les chiffres, c'est que l'automne sera crucial pour Stéphane Dion. S'il fallait que les libéraux échappent Outremont, le 17 septembre, aux mains du NPD...
Surtout que personne n'est pressé d'aller en élections en ce moment à Ottawa. Un scrutin en 2009, ça laisse amplement le temps de changer de chef.
COURRIEL Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca


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