Pauline, Allaire et le Canada imaginaire

Tribune libre 2009

Au cours des derniers mois deux documents concernant l'avenir du Québec ont été publiés; Plan pour un Québec souverain: Tout peut changer par le Parti Québécois et Pour un Québec plein de promesses par le Groupe Avenir Québec dirigé par Jean Allaire fondateur de l'ADQ.
Le document du PQ, comme son titre l'indique, devrait nous présenter un plan afin de faire du Québec un pays, Plan pour un Québec souverain ne peut évoquer rien d'autre. Cependant, les 4 pages (dont une page couverture) que comporte le plan ne nous présentent absolument rien de tel. On y présente plutôt un plan pour attendre le prochain référendum. En effet, on peut lire ce qui suit dans le premier encadré du document:

«L’accession du Québec à sa pleine souveraineté sera le
pivot d’un gouvernement du Parti Québécois et le moyen
pour y parvenir sera la tenue d’un référendum gagnant.»
En attendant ce grand soir le Parti Québécois propose de:
1. Freiner et combattre les ingérences du gouvernement fédéral
2. Assumer tous nos pouvoirs
3. Occuper tout l’espace dans les compétences partagées
4. Acquérir de nouveaux pouvoirs

Le groupe de Jean Allaire propose quant à lui rien de moins qu'une réconciliation nationale, c'est le titre du premier chapitre. On propose de signer la loi constitutionnelle de 1982, dans l'honneur et la légitimité. On pose toutefois 5 conditions:
1. qu'il soit reconnu que le multiculturalisme ne peut pas s'appliquer tel quel au Québec et même dans le reste du Canada; que seules les cultures autochtones, francophones et anglophones sont reconnues au Québec;
2. qu'il soit reconnu dans la Charte canadienne que le Québec est une nation;
3. que tous les pouvoirs connexes à la langue française, au Québec, lui soient confiés;
4. que le gouvernement du Québec puisse exercer ses pouvoirs d'une façon énergique, pour tout ce qui concerne la spécificité du Québec, son rayonnement et sa protection;
5. que le gouvernement du Québec impose clairement la prédominance du français et le respect de l'anglais dans ses champs de compétence et qu'il impose des règles contraignantes quand cela est nécessaire, tout en conservant des mesures incitatives.
Le point commun aux deux approches est la croyance en un Canada ouvert à la négociation pour donner au Québec davantage de pouvoirs au sein du dominion. Ce Canada espéré par les référendistes et les autonomistes n'existe pas, il n'a jamais existé. Il n'y a ni pacte entre des nations, ni ouverture à ce que ça le devienne. Est-ce si difficile à déceler?
Pour obtenir les pouvoirs nécessaires à assurer sa pérennité, le Québec ne doit pas négocier, la constitution canadienne n'est pas amendable, le Québec doit agir unilatéralement, anticonstitutionnellement. Un parti doit se faire élire avec le mandat d'agir comme tel, une fois au pouvoir, le nouveau gouvernement doit faire ce qu'il s'était engagé à faire. Voilà la vraie nature de notre combat, voilà comment construire la république, voilà comment agir en vrai démocrate.


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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    21 octobre 2009

    Si le P.Q. actuel, tel quel, était élu au gouvernement, il suffirait qu’un pareil gouvernement avance l’idée d’un référendum à venir pour que les sondages lui révèlent immédiatement une baisse importante de ses appuis. L’apprenant—ce que le P.Q. sait déjà pourtant, c’est la raison même du report actuel d’un référendum—le gouvernement reculerait facilement et légitimement: adieu alors le référendum et l’indépendance.
    Le référendum est un processsus discrédité dans l’opinion publique. Le P.Q. le sait. C’est la raison pour laquelle il reporte très loin dans le futur la tenue d’un référendum. Cela apaise son électorat, surtout ses militants, sans prêter flanc à un déchaînement libéral. C’est une stratégie très habile. On sous-estime grandement mme Marois.
    Il n’empêche que rien ne contreviendrait à ce que le P.Q, montre maintenant, en crescendo jusqu’à l’élection générale, qui pourrait devenir subitement référendaire, au gré de la conjoncture, un peu plus, juste un tipeu plus, de détermination. Sans quoi, derrière toute la mollesse apparente actuelle, si elle devait se poursuivre, c’est la vidange du P.Q. de ses éléments indépendantistes qui serait la trame de fond, le fond de l’opération…
    Mais il est vrai que le P.Q. parle du pays. Mais il vrai aussi que le P.I. n’a pas dit son dernier mot. Et ce dernier mot, c’est le mot liberté.
    Au nom même de la liberté, Nous pouvons choisir le moyen d’accession à l’Indépendance, qui est la liberté d’un peuple. À tous nos timorés, il faut rappeler que la communauté internationale reconnait toujours les hommes libres, donc déterminés, et ne célèbre jamais les esclaves.
    Vous avez raison Félix Pinel.

  • Félix Pinel Répondre

    20 octobre 2009

    Bonjour M. Bousquet,
    Merci de votre commentaire.
    D'abord, je dois vous donner raison, dans l'ordre constitutionnel canadien ce que je propose est illégal. Déclarer l'indépendance unilatéralement suite à un référendum gagné à 80% contre 20% serait tout aussi illégal. En effet, pour que le Québec fasse sécession de façon légale, car c'est que vous souhaitez, il faudrait que le Canada amende sa propre constitution, aussi bien dire que ça n'arrivera jamais.
    Moi dans mon esprit, des référendums on en a déjà gagnés trois; le plébiscite de 42, Charlottetown, et 1995, qu'ils nous ont dégueulassement volé.
    Au plaisir,
    FP

  • Gilles Bousquet Répondre

    20 octobre 2009

    Vous écrivez : «le Québec doit agir unilatéralement, anticonstitutionnellement.»
    2 beaux mots, 1 beau projet mais il y a un léger défaut, ils sont illégaux si le Québec ne réussit pas à atteindre 51 % de OUI pour agir.
    Si ce n'est pas fait légalement et majoritairement, quel pays nous reconnaîtrait, selon vous ?
    Le PQ ne peut pas réussir la souveraineté du Québec avant d'obtenir un référendum gagnant. En attendant, est-ce qu'il doit démissionner s'il est élu ou tenter d'améliorer la situation du français au Québec ?