Pas seulement la Caisse

L'affaire de la CDPQ — le scandale



La Régie des rentes, la Société de l'assurance automobile et la CSST ont tenté de nous rassurer cette semaine. Même si elles ont perdu beaucoup d'argent à cause de la Caisse de dépôt, elles n'auront pas besoin d'augmenter les tarifs et les cotisations à court terme. Mais ensuite? Avant d'aller puiser dans les poches des contribuables, des travailleurs et des employeurs, il va falloir s'intéresser aux politiques de placement des organismes qui font affaire avec la Caisse. Certains ont-ils adopté des stratégies trop risquées, ou malavisées? Si c'est le cas, il serait indécent d'en refiler la facture aux Québécois. Il faut plutôt rectifier le tir.
Le président de la Caisse l'a souligné en présentant ses résultats: la Caisse est un gestionnaire de fonds, pas un gestionnaire de régime de retraite. Elle investit l'argent de ses déposants en fonction des directives et des objectifs qu'ils lui donnent. La Caisse, on se doute, n'est pas un simple exécutant. Elle échange avec les organismes qui lui confient leur argent. Sauf qu'en la tenant pour seule responsable des pertes de ses déposants, on risque de passer à côté d'une partie du problème. Et ce faisant, on s'expose à ce qu'il se produise de nouveau.

La Commission de la construction, le quatrième déposant en importance à la Caisse, a su éviter ce piège. En 2004, voyant les pertes causées par l'éclatement de la bulle techno, son comité de gestion a décidé d'adopter une politique de placement plus prudente. La proportion du portefeuille investi en titres à revenu fixe, comme les obligations et les bons du trésor, a été augmentée à 50%. Résultat? L'actif du régime des employés de la construction a fondu de 16,99% l'an dernier. C'est moche, mais pas mal moins que la performance globale de la Caisse (-25%). C'est même mieux que la médiane des grandes caisses canadiennes (-18,4%).
Comment s'en tirent les autres déposants? Difficile à dire. La Caisse mentionne seulement que les rendements négatifs de ses clients vont de 17% à 27%, sans préciser les pertes de chacun. Et pour l'instant, la plupart ne sont guère bavards. La CSST, par exemple, s'est empressée de souligner que son rendement annuel moyen des 10 dernières années dépasse les 7%... mais ce chiffre exclut la contreperformance de 2008! Si l'objectif était de nous rassurer, c'est raté. La CSST s'est d'ailleurs bornée à promettre qu'il n'y aurait pas d'impact sur les cotisations en 2009, sans se mouiller pour les années suivantes.
N'oublions pas que les pertes de la Caisse sont en réalité celles de ses 25 déposants. Et comme la plupart ont un lien avec le secteur public ou parapublic, il ne faut pas se faire d'illusions. Dans les organismes où ces pertes se révéleront problématiques, le premier réflexe sera de se tourner vers la population et les entreprises pour se renflouer. Allons-nous accepter cette facture sans broncher? Ce serait une grave erreur.
La commission parlementaire qui entendra la Caisse n'est pas le bon endroit pour vider cette question. Mais il est urgent de trouver un forum pour le faire, avant d'imposer quelque hausse de tarif ou de cotisation que ce soit.


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