Pas fort mais pas mort

Tribune libre

La ville de Sherbrooke vient de recevoir le grand prix de l'Office de topographie du Québec pour « Soir d'hiver », nom qu'elle a donné à une des rues de la municipalité.
C'est le titre du plus célèbre poème d'Émile Nelligan.

En entendant l'information donnée à midi (5 mars 2015), suite à toutes celles qui m'envahissent depuis des mois sur les effets lamentables des politiques destructrices de notre société, conçues et appliquées par les gouvernements Harper et Couillard, je me suis dit avec un grand sourire libérateur : « Ils n'ont jamais réussi à nous tuer et ils ne réussiront jamais, tant le bouclier de notre culture est invincible.».

Invincible parce que, chair et âme de notre nation, elle irrigue nos veines et vaisseaux vitaux les plus secrets, les plus originaux de notre existence,. Invincible parce que inatteignable par leurs grossières munitions, à l'égal du marteau employée pour tuer une fine guêpe.

Contrairement à l'idée qui veut que les grands ne le sont que par la petitesse de leurs vassaux, les ennemis de notre nation s'enlisent dans la puissante et mouvante vitalité de notre culture, à laquelle ils se heurtent à chaque coin de rue.

Une culture rebelle, fougueuse, téméraire, certes, mais de plus en plus fragilisée, me suis-je rapidement dit, sitôt revenue à la dure réalité, c'est-à-dire à la reconnaissance qu'un combat ne peut être victorieux que remporté irréversiblement. Ce dont seule l'indépendance nationale est garante.

Fort et vivant

Le Québec le sera quand chacun de ses citoyens se sentira responsable de toute la culture du pays., s'enchantera de sa beauté, de sa spécificité, de son rayonnement. Quand le nom donné à une rue de son bled traduira la poésie de son existence comme une réalité banale, plutôt que comme une arme de résistance.

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Andrée Ferretti124 articles

  • 121 200

"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mars 2015

    En commentaire voici le courriel envoyé à ma liste de contacts.
    Quelle excellente idée de la ville de Sherbrooke de donner le titre d’un poème de Nelligan à une de ses rues... Cette rue s’appellera désormais « Soir d’hiver ». Rafraîchissant!
    Andrée Ferretti, cette infatigable du pays à naître, n’a pas manqué de relever ce fait d’arme.... http://tinyurl.com/m65fmgx
    Voici les paroles de ce poème dont le premier vers est fort connu.
    Ah! comme la neige a neigé!
    Ma vitre est un jardin de givre.
    Ah! comme la neige a neigé!
    Qu'est-ce que le spasme de vivre
    Ô la douleur que j'ai, que j'ai!
    Tous les étangs gisent gelés,
    Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je?
    Tous ses espoirs gisent gelés:
    Je suis la nouvelle Norvège
    D'où les blonds ciels s'en sont allés.
    Pleurez, oiseaux de février,
    Au sinistre frisson des choses,
    Pleurez, oiseaux de février,
    Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
    Aux branches du genévrier.
    Ah! comme la neige a neigé!
    Ma vitre est un jardin de givre.
    Ah! comme la neige a neigé!
    Qu'est-ce que le spasme de vivre
    A tout l'ennui que j'ai, que j'ai!...
    Et ici c’est Monique Leyrac qui a mis le poème en chanson: http://tinyurl.com/mc79v9s

  • Michel J. Dion Répondre

    5 mars 2015

    _______________________________________________________________
    Sherbrooke est une des villes les plus lamentables du Québec de par sa toponymie. La SSJB de Sherbrooke (fédéraliste) est sise en coin de la rue Dominion Canada et du boulevard Queen-Victoria (pour ne nommer que ceux-là). La majorité des noms de rues sont d'origine anglo-saxonnes. Ancienne ville loyaliste, la ville des Charest, Couillard (université), et de nombreux collaborateurs et amis des libéraux. Aujourd'hui, plusieurs la surnomme "La Mecque du Québec" (je vous laisse deviner pourquoi).
    Article sur SSJB Sherbrooke

  • François A. Lachapelle Répondre

    5 mars 2015

    Paroles vraies et paroles d'espoir que nous offre Madame Ferretti, je cite: «
    Une culture rebelle, fougueuse, téméraire, certes, mais de plus en plus fragilisée..

    Et ce peuple du Québec est comme assis entre deux chaises: celle de la protestation issue de la conscience de l'honnêteté absente dans les paroles de plusieurs dirigeants élus mais indignes, ET d'autre part, la chaise silencieuse appesantie par le citoyen soumis qui baisse les yeux et sa parole. Ses pensées sont éteintes. Il ne lui reste qu'à devenir un robot au service des milieux d'affaires et des investisseurs dont Claude Castonguay se plaît à encenser.
    Permettez de placer en opposition des paroles de Madame Ferretti, un extrait du dernier livre de Claude Castonguay en page 63 du livre LA FIN DES VACHES SACRÉES.
    « Il faut être conscient que nous présentons une image d'instabilité et, à l'occasion, d'hostilité à l'endroit des milieux d'affaires et des investisseurs. La tenue possible d'un 3e référendum, les manifestations violentes du printemps érable,... et le désastreux projet de charte des valeurs sont autant d'événements qui donnent l'image d'un climat social en effervescence et d'un milieu hautement instable.»
    Heureusement que Claude Castonguay a oublié tous les méfaits produits par la crise économique mondiale de 2008, méfaits corrigés par les capitaux générés par les peuples exploités par ces mêmes "milieux d'affaires et investisseurs". Il faut croire que l'ingratitude rend riche.

  • Gaëtan Dostie Répondre

    5 mars 2015

    Chère Andrée,
    Et si l'auteur de "Soir d'hiver" n'était pas Nelligan mais un défroqué exilé de Montréal alors qu'il n'avait pas encore terminé l'impression du prétendu recueil d'un interné plutôt ignare, je parle d'Eugène Seers qui est en quelque sorte le Pessoa du Québec, ayant publié sous quelque 17 pseudonymes, dont l'histoire a retenu celui de Louis Dantin.
    Un peu comme Verlaine est l'éditeur de Rimbaud, l'a corrigé, réécrit, Dantin a inventé de toute pièce des manuscrits de Nelligan qui n'ont jamais été trouvés, voire même, ceux édités chez Fides sous son nom sont de l'écriture de Dantin. Le doute est tel que Nelligan est plus un mythe qu'un génie.
    Ce Dantin est le "père de la littérature canadienne-française", celui qui a inventé tant Nelligan, Arthur de Bussières que le mythe entourant L'École littéraire de Montréal.
    Lisez la Biographie que lui consacre Yvette Francoli chez Del Busso. De quoi aimer et admirer ce libre penseur!
    Ainsi "Soir d'hiver" salue dans l'ambiguïté l'un et l'autre. Merci Sherbrooke.
    Gaëtan Dostie