«Pas des réfugiés» : des Parisiens en colère devant la réquisition d'un gymnase pour des migrants

À Paris comme à Montréal


Une centaine de migrants évacués du campement de la porte de la Chapelle ont été transférés dans un centre sportif, réquisitionné et aménagé en toute discrétion les jours précédents. Un procédé qui a provoqué la colère d'habitants du quartier.

Plusieurs dizaines des 2 500 migrants afghans, soudanais et érythréens qui campaient à proximité du centre humanitaire de la porte de la Chapelle, ont été acheminés jusqu'à un centre sportif du XVe arrondissement de Paris, tôt dans la matinée du 18 août. Celui-ci, servant notamment aux étudiants en STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), a été réquisitionné pour l'occasion, au moins jusqu’à la rentrée. 

Une trentaine de tentes de la protection civile ont été montées pour permettre l'hébergement des migrants, comme l'attestent des photos envoyées au correspondant de RT France par des habitants des logements surplombant la cour du complexe sportif. 

D'autres images prises à l'intérieur du centre par un journaliste de France 24 révèlent que des lits de camp ont aussi été installés à l'intérieur du gymnase, afin de permettre l'accueil d'une centaine de personnes. 

Envoyé sur place dans l'après-midi du 18 août, le journaliste de RT France s'est vu refuser l'entrée du centre, mais a pu recueillir le témoignage de plusieurs riverains. 

Mon souci, c'est la sécurité [...] on parle quand même de 400 à 500 hommes qui vont habiter ce campement

Karim, qui habite en face du centre, déplore de ne pas avoir été prévenu de l'arrivée de migrants, installés sans préavis en pleine période de vacances. «On a été mis devant le fait accompli et mon souci, c'est la sécurité [...] on parle quand même de 400 à 500 hommes qui vont habiter ce campement», déclare-t-il au micro de RT France. Il précise cependant qu'il n’est pas possible de laisser ces hommes dormir dehors et qu'il faut «rester humain», car «la France est leader dans ce domaine», selon lui. Il s'inquiète par ailleurs de la faiblesse du dispositif policier affecté au maintien de l'ordre sur le site.

En effet, il n'y avait que trois camions de CRS stationnés aux alentours du camp au moment de notre reportage sur les lieux, pour un camp qui compte à l'heure où ces lignes sont écrites une centaine d'occupants. 

On m'avait dit que c'était des réfugiés politiques, je n'y crois pas un seul instant

Marie, habitante du même immeuble, ne cache pas son agacement devant ce transfert, effectué contre la volonté d'élus locaux, et critique l'opacité des informations transmises sur les migrants et le temps de leur séjour : «Dans un premier temps on m'avait dit que c'était des réfugiés politiques, je n'y crois pas un seul instant [...] Ou alors ça veut dire qu'ils abandonnent leurs femmes et leurs enfants au sort qui les attend.»

Elle déclare plus tard être en colère en raison du choix de la date symbolique du 18 août, date de l'embuscade d'Uzbin, en Afghanistan, qui a coûté la vie à 10 Français le 18 août 2008. 

Quand on s'est adressés au commissariat de police, on nous a déclaré "On ne peut rien vous dire"

«On a découvert le montage de tentes devant notre domicile [...] Quand on s'est adressé au commissariat de police, on nous a déclaré : "On ne peut rien vous dire"», regrette quant à lui Jean-Michel, manifestement très en colère. D'après lui, les services de la mairie (d'arrondissement), qu'il a joints, n'étaient pas au courant de cette réquisition. «On n'est pas dans du migrant politique, on est dans du migrant économique», lâche-t-il, avant d'expliquer que ces jeunes hommes ne devraient pas être prioritaires pour l'obtention du droit d'asile. 

Plus tard, dans la soirée, un habitant d'un immeuble qui donne sur la cour du centre sportif a envoyé à RT France une photographie de ce qui semble être une rixe impliquant une vingtaine de personnes. Contacté par RT France, le riverain a expliqué qu'une bagarre brève mais violente avait éclaté en fin de journée. 

En tout, 18 gymnases d'Ile-de-France, dont plusieurs à Paris, ont été temporairement mobilisés pour l'accueil et la prise en charge au cas par cas des migrants des campements sauvages de la Chapelle. Ce type de prise en charge diffère des précédentes dans la procédure appliquée et correspond sans doute à la volonté affichée par le gouvernement de faire la distinction entre migrants économiques et demandeurs d'asile. Le plan annoncé mi-juillet par le gouvernement prévoit notamment 12 000 places d'hébergement, la réduction du temps de procédure de demande d'asile de 14 à 6 mois, et une mise en application plus stricte des renvois des personnes déboutées. 


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé