Le Québec a connu un automne pas mal chaud. Certains veulent creuser le sol un peu partout pour extraire du gaz de schiste. Pour eux et seulement pour eux, il y a là un trésor enfoui qui rapporte beaucoup. D'autres se préparent à opérer des mines à ciel ouvert dans des régions magnifiques. Ceux-là croient au Père Noël, mais seulement pour eux, pas pour les gens qui vivent au bord des futures mines. Et il y a ce vieux Harry, un projet pétrolier dans le golfe du Saint-Laurent qui émerveille des corsaires des mers, mais angoisse terriblement les gens des Îles-de-la-Madeleine.
Au même moment, Sophie a dû aller dans le privé pour avoir une coloscopie dans les délais requis. Heureusement, car elle vient d'être opérée pour un cancer. Marguerite, mère monoparentale, a travaillé durement cet automne, mais ira chercher quand même son panier de Noël dans un organisme communautaire. Karim se cherche encore un emploi malgré ses diplômes. Simon, 10 ans, attend depuis un an qu'une orthophoniste s'occupe de lui. Un futur décrocheur? Pendant ce temps, notre gouvernement s'amuse à refuser une enquête que tout le monde réclame. La population est vraiment «tannée» de lire des articles sur des dirigeants politiques, des affaires et de la finance dont le complet bien taillé ne masque même plus l'arrogance, la collusion et l'égocentrisme viscéral.
Si je croyais au Père Noël, je lui ferais des suggestions de cadeaux: pour Jean Charest, le livre Mille et une activités pour profiter de sa retraite de François Bernatchez; pour les dirigeants de Junex, Gastem, Talisman, Corridor Resources et tutti quanti, le film de Jean Lemire sur son voyage en Antarctique (pour comprendre l'ampleur du gâchis environnemental); pour les grands philanthropes qui donnent généreusement aux bonnes oeuvres mais se défilent devant l'impôt, une visite des inspecteurs du ministère du Revenu.
Mais pour Sophie, Marguerite, Karim et Simon, je lui demanderais ceci: une lettre signée de sa main pour leur expliquer qu'il ne leur fera pas de cadeau. Et que personne ne leur en fera. La seule façon d'en sortir, pour elles et eux, c'est le rassemblement solidaire des femmes et des hommes de bonne volonté pour crier leur désir fou d'en finir avec ces folies, ces injustices, cette inhumanité. Et qu'advienne le temps de l'espoir et des projets collectifs qui font rêver dans les maisons, les quartiers, les villages.
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