Partis et prête-noms - Les victimes

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La gangrène de la démocratie

Vraiment, les chefs de parti auraient dû s’intéresser davantage au financement de leur formation politique. Car c’est maintenant qu’ils prennent conscience d’avoir été « victimes » de la technique des prête-noms…

Victime : le mot a été utilisé par l’ancien chef de l’Action démocratique du Québec, Mario Dumont, lundi, en réplique aux allégations de Lino Zambito. À écouter l’ex-président d’Infrabec, pourtant, dans le reportage de Radio-Canada, les « victimes » avaient l’air plutôt consentantes.

Pendant des années, les partis ont vanté l’« excellence » de notre sainte-loi-électorale-conçue-par-René-Lévesque. Or, en sous-main, celle-ci était violée sans vergogne par leurs propres employés. Ces derniers jours, l’accent a été mis sur l’ADQ. Mais les trois grands partis avaient usé de ces stratagèmes.

Au Parti québécois et au Parti libéral, on sait depuis longtemps que des employés y travaillaient à temps plein à faire fonctionner le système des prête-noms. Dans le rapport Moisan de 2006, on décrit le stratagème organisé par l’ex-employée du PQ responsable du financement et de la cueillette de fonds, Ginette Boivin. Cette dernière a aussi été mentionnée par l’ex-vice-président de SNC-Lavalin Yves Cadotte en mars, devant la commission Charbonneau. Il avait aussi pointé d’intenses solliciteurs d’entreprises au Parti libéral : l’homme d’affaires Marc Bibeau et l’ancienne ministre Violette Trépanier.

Revenons à l’ADQ. En claquant la porte de ce parti le 10 novembre 2009, Gilles Taillon avait soutenu qu’il venait de découvrir « certains aspects un peu troublants dans la gestion des finances, du financement du parti depuis 2003 ». « Une rencontre avec les autorités de la Sûreté du Québec » s’imposait même à ses yeux. Cette énigmatique sortie n’a jamais été suivie de quelque enquête formelle, a insisté mardi l’autre ancien chef de l’ADQ Gérard Deltell, laissant entendre que ce n’était qu’une fausse alerte. Surprenant de la part d’un homme qui nous a déjà certifié que jamais il ne se mettait « la tête dans l’autruche » (sic) !

M. Deltell avait aussi l’habitude de dire que l’« ADN de l’ADQ » se retrouvait dans la Coalition avenir Québec. Mardi, M. Deltell avait toutefois bien peu à dire sur le fait que l’ancien président de l’ADQ, l’avocat Mario Charpentier - un des principaux artisans de la fusion avec la CAQ -, a été épinglé par le Directeur général des élections pour financement illégal. Début 2012, on découvrait aussi que de très nombreux avocats de la firme de M. Charpentier, BCF, ont contribué à la CAQ. Sur cela aussi, M. Deltell ne voulait rien dire. L’effet autruche, sans doute.


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