Oser la solidarité pour sortir de la crise

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Budget de MJF - mars 2009



Combien de temps durera la crise économique actuelle? La réponse dépend des actions que poseront les pouvoirs publics et les acteurs socio-économiques, car l'activité économique est d'abord une activité humaine. Et la science économique n'est pas une science pure où règnent les calculs infaillibles, les lois objectives et les résultats prévisibles : elle est une science humaine, reflet de notre culture et nos valeurs.
Pourtant, en cherchant à contrer les effets immédiats de la crise économique mondiale, les pouvoirs publics recourent encore aux recettes économiques traditionnelles. Comment mesurer la pertinence de ces actions et leur effet à long terme? Comment éviter les façons de faire qui nous mènent de crise en crise ? Ne devrions-nous pas adopter d'autres modèles économiques, comme ceux qui essaiment partout au Québec et dans le monde grâce à l'action citoyenne?Notre histoire collective met en lumière l'apport des groupes de citoyens qui ont, par le biais d'innovations économiques et sociales, su créer des solutions efficaces aux crises. Dans les années 30, les coopératives agricoles ont sauvé l'agriculture au Québec. Depuis les années 70, le leadership de citoyens des quartiers urbains et des milieux ruraux a permis l'émergence de nouvelles façons de faire pour contribuer au bien-être des collectivités ou pour carrément les sauvegarder. Nos artistes se sont aussi organisés d'une façon originale et viable pour créer, produire, diffuser et exporter, contribuant ainsi à l'édification d'un secteur économique majeur et prometteur pour le Québec.
Si les gouvernements successifs du Québec ont reconnu ce potentiel citoyen, il devient urgent de l'intégrer pleinement aux stratégies déployées pour contrer les effets de la crise. Les forces vives des communautés ont cette capacité d'inventer des modèles d'activité intégrant les valeurs sociales, écologiques et culturelles dont dépend le développement du Québec. Déjà, le Brésil, le Guatemala ou le Mali comptent sur les initiatives locales et citoyennes pour relancer leur économie ; et le président Obama a aussi fait ce choix en faisant appel à l'action citoyenne. Pourquoi pas nous ?
Nous sommes confrontés à des choix de société majeurs qui doivent faire l'objet d'un débat démocratique ouvert, informé et inclusif. Afin de participer activement à ce débat essentiel, plusieurs organisations de la société civile québécoise prendront la parole au cours des prochains mois pour proposer des stratégies de sortie de crise. Nous proposons une approche non partisane qui mise sur l'abondance des possibilités et tient compte des paramètres suivants :
- Une reconnaissance de la pluralité de notre économie qui s'appuie sur l'entreprise privée, le secteur public et l'action collective des citoyens à travers l'économie sociale ;
- Une mesure du progrès qui s'appuie sur de nombreux indicateurs socio-économiques qui prennent en compte la qualité de vie et les disparités sociales et territoriales ;
- Le respect de l'environnement par une harmonisation des rapports entre l'humain et la nature qui passe par le maintien des processus écologiques essentiels à la vie et par le respect des espèces et des écosystèmes ;
- Une occupation des territoires qui permet au Québec de prospérer en s'appuyant sur toutes ses régions et leur interdépendance et qui favorise la prise en charge du développement par les milieux, dans le respect de leur potentiel naturel et humain ;
- La reconnaissance des arts, de la culture et, plus largement, de la créativité humaine comme axe fondamental du développement et de mise en valeur de nos collectivités ;
- La prise en compte de l'interdépendance des économies dans le monde et de la fragilité des pays les plus pauvres. Ceux-ci ont plus que jamais besoin de marques de solidarité pour mettre en place leurs solutions à une crise qui les touche encore plus durement que nous.
Le prochain budget du Québec est l'occasion d'engager le dialogue sur les choix à faire - qui ne peuvent se restreindre à des investissements publics dans les infrastructures et le soutien aux entreprises en difficulté. Construisons une stratégie de sortie de crise qui remette l'être humain au coeur de l'économie. L'audace de la solidarité a toujours été gagnante, ici comme ailleurs. À nous tous d'oser.
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Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale du Québec; Simon Brault, président de Culture Montréal ; Michel Chaurette, directeur général du CECI ; Éric Lefebvre, directeur général, CIBL ; Harvey Mead, responsable de la commission économie de Nature Québec; Margie Mendell, économiste à l'Université Concordia ; Nancy Neamtan, présidente-directrice générale du Chantier de l'économie sociale ; Jean Robitaille, directeur général de l'Association québécoise des centres de la petite enfance ; Vincent van Schendel, UQAM, Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale ; Michel Venne, directeur général de l'Institut du nouveau monde.


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