(Québec) La contre-proposition formulée mardi par la FEUQ et la FECQ est empreinte de déni et de pensée magique. Renversant et désolant, car le conflit s'éternise et des milliers d'étudiants en font les frais. Il est plus que temps que les étudiants et le gouvernement trouvent un véritable plan de sortie de crise, plutôt que de pelleter le tout en avant en misant sur d'hypothétiques économies.
Après 12 semaines de boycottage de cours, de manifs et de recours devant les tribunaux, des pistes de solution plus porteuses de la part de ces deux associations étudiantes étaient espérées à la suite de l'offre formulée vendredi par le gouvernement.
Québec a beau tenir encore à sa hausse des droits de scolarité, il a néanmoins posé des gestes pour limiter les effets négatifs appréhendés sur l'accessibilité aux études supérieures, en bonifiant notamment le régime de prêts et bourses pour aider les jeunes de la classe moyenne, en étalant la majoration sur deux ans de plus, en acceptant de surveiller davantage la gestion des universités et en s'engageant à vérifier les répercussions possibles de la hausse sur la fréquentation scolaire.
Que suggèrent les porte-parole étudiants pour se rapprocher d'un règlement? Un gel des droits de scolarité au niveau de 2012 et un moratoire de deux ans sur le financement des universités. Pour ne pas payer un sou de plus, ils sont prêts à couper les vivres à leurs universités, pour prétendre ainsi que le gel est à coût nul pour les contribuables. Ce n'est pas rendre service aux étudiants présentement inscrits, à ceux qui les suivront, et à l'ensemble de la société québécoise. Bien au contraire.
Pendant que des universités hors du Québec auront les moyens d'embaucher plus de professeurs, d'attirer des sommités et les meilleurs étudiants, de récolter la belle part des fonds de recherche, de mieux encadrer les étudiants de tous les cycles, de moderniser leur parc immobilier et leurs équipements, de développer des partenariats avec d'autres universités dans le monde et d'accueillir des étudiants étrangers, ici, nous tiendrions des États généraux sur l'éducation universitaire et mettrions des comités en place. Tout un programme pour l'avenir du Québec. Et dire qu'en 2005, les deux fédérations étudiantes priaient Ottawa de réinvestir en éducation pour combler le sous-financement de leurs universités.
La FEUQ soutient que le gouvernement met de l'argent dans un bas troué en investissant dans les universités. Il est certes pertinent de se pencher sur les relations entre les entreprises et les universités et s'assurer que ces dernières en tirent le maximum. Utile aussi de faire le point sur la nécessité de construire de nouveaux campus sur un territoire déjà desservi par un ou d'autres établissements, et veiller à ce que les gestionnaires ne fassent pas de dépenses extravagantes. Il faut néanmoins mener les discussions avec tous les acteurs concernés et avoir des attentes réalistes. La question du financement se posera encore après une bonne séance de reprisage.
D'ici la fin de la semaine, les quatre associations étudiantes et Québec auront un portrait de l'état des troupes, du rapport de force de chacune des parties. Les pourparlers devront alors reprendre. Les étudiants ont fait des gains depuis le début du conflit. Leur combat n'a pas été vain. Ils peuvent espérer de petits ajouts, mais non le gel. Il est préférable pour eux de sauver leur session et éviter de se faire les porte-étendard de toutes les insatisfactions à l'égard du gouvernement Charest et de sa gouverne. Les bureaux de scrutin seront là pour les électeurs et leurs sympathisants qui espèrent une revanche.
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