Parlons "stratégie" de façon décousue

Nos faiblesses versus la force des "maîtres" d'écurie

Tribune libre 2010



Dans mon article « L'écurie Desmarais », je disais :
« Pour les maîtres d'écurie, endormir les gens est devenu un jeu d'enfant. » [1]

L'article de M. Barberis-Gervais concernant le sondage qui s'en vient, démontre bien que la stratégie médiatique baigne dans l'huile. [2]
En effet, les fameux sondages qui donnent le ton et qui font le courant sont employés de façon efficace.
Je disais :

« Malgré que nos deux poulains soient dans la cave de la popularité, je me dis qu'avec une campagne bien orchestrée par le maître de l'écurie ayant à sa disposition des moyens incroyables de persuasion, je ne serais pas surpris de voir réélire l'un de ces deux poulains.
... Si le poulain a la moindre chance, il sera maintenu en piste pour la prochaine élection, »
J'ajoutais en signe d'espoir « probablement pas ici, mais en France, je crois que c'est bien possible. On a réussi l'exploit incroyable d'endormir les Français une fois, il se pourrait bien qu'on réussisse encore une fois. »
Est-il plus facile d'endormir les Français, les Québécois ou les États-Uniens ?
Si on regarde les manifestations, je crois que ce sont les Français qui sont le plus coriace et les États-Uniens les plus mous.
Nous serions entre les deux. Je nous espère plus près des Français, mais il se pourrait bien que nous soyons plus près des États-Uniens.
En commentaire sous mon article, Monsieur Sylvain Racine dit :

« Je suis certain à 95% que le PLQ sera réélu aux prochaines élections. »
Une certitude à 95%, c'est élevé !
Il ajoute « les fédéralistes et Power Corp. savent exactement quoi faire pour tenir les séparatisses loin du pouvoir. »
Je crois qu'il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, oui la droite mondialiste libre-échangiste prédatrice économique sait exactement quoi faire pour garder le contrôle sur tout et pour maintenir en place un fidèle serviteur "élu".
Monsieur Racine dit : « Ce qui me désole, c'est que plusieurs d'entre-nous voyons très lucidement ce qui se passe. »
Oui, nous le voyons, très lucidement.

Nous voyons que le 4e pouvoir est entre les mains des Power Corp. du monde entier. Restent les "Vigiles", ces journaux qui tentent d'éveiller les citoyens. Mais leur poids demeure malheureusement très plume par rapport aux poids lourds des gros sous.
Vigile est un outil merveilleux et un journal électronique essentiel pour contrer le discours unique et montrer l'envers des médailles, mais... il faut l'avouer, il demeure limité.
Sur Vigile, nous sommes une famille. Au risque de choquer quelques-uns, je dirais que sur Vigile, nous sommes une famille tout comme dans Québec solidaire, nous sommes une famille. Les petites familles s'aiment et se font accroire qu'elles changent le monde. Par contre si on sort la tête de notre bulle, on s'aperçoit qu'il y a peu de nouveaux adhérents à notre famille.
Désolé d'avoir ce ton pessimiste, mais je crois qu'il faut voir la réalité en face afin de trouver une stratégie pour agrandir la famille, ou plutôt pour ne plus être en famille, mais devenir vraiment un journal national, même mondial (pourquoi pas).
Nous constatons que parmi nous il y a de l'énergie, de la volonté, de la détermination, mais nous constatons aussi que nous n'avons pas de stratégie commune. Pourquoi donc ? Peut-être avons-nous trop "d'idées" ???
Les idées ne manquent pas. Quotidiennement chacun y va de la sienne. Nous en avons tous. Il n'en suffirait peut-être que d'une seule, mais laquelle choisir ?
Monsieur Racine dit :

« le seul espoir pour le Québec, c'est que Duceppe quitte Ottawa et s'en vienne au plus sacrant à Québec. »
C'est bien possible que ce soit un "espoir". Le problème c'est que nous pensons tous que notre "espoir" est, comme dit Sylvain, "le « seul » espoir".
Il y a des groupes qui ont aussi "leur « seul » espoir".

Moi aussi, j'ai mon "seul" espoir.
De mon côté, je crois que nous pouvons parvenir à devenir « Maîtres chez nous » si nous devenons conscients, si nous devenons politisés, si nous nous éveillons collectivement.
Le seul moyen pour n'importe quelle nation de devenir « Maîtres chez-elle » c'est de se prendre en main et on se prend en main lorsqu'on est conscient que notre destin est contrôlé par quelqu'un d'autre que nous.
Les Latinos américains se sont pris en main et ont acquis leur souveraineté politique. Ils reprennent peu à peu leur souveraineté économique. Ils visent la souveraineté alimentaire et en étant « Maîtres chez eux » ils veulent avoir le contrôle total de leur pays. Dehors le libre-échange, dehors le FMI, dehors la Banque Mondiale, dehors l'OMC, dehors l'ingérence étrangère. Lula du Brésil n'est pas venu au G20. Les inondations chez-lui étaient plus importantes que ce party de serviteurs de grosses poches.
Vous vous dites que je dérive sûrement, nous parlons de "notre" Indépendance, pas de celle du Brésil. Mais je crois que nous pouvons apprendre de l'expérience extérieure.
Pour moi, mon "seul" espoir, c'est que nous puissions maîtriser le 4e pouvoir, le pouvoir médiatique. Je crois qu'il faut que Vigile devienne "mainstream" comme disent les Français (ils le disent sûrement... !).
Mon "seul" espoir, c'est de nous éveiller collectivement. Et pour ce faire, nous devons avoir le 4e pouvoir au service de la démocratie, au service de l'éveil des citoyens. Pour l'instant il est au service d'une sorte de fascisme qui contrôle les masses.
On a contrôlé les masses dans les rues de Toronto et pire on a contrôlé le cerveau des masses derrière leur télé en décrivant ce contrôle comme étant "normal" et en plaçant bien dans les esprits que ces manifestants ne valent pas cher et qu'il faut vraiment les contrôler pour le bien public. Nos médias "mainstream" ne mettent pas en évidence que ce honteux party « privé » a été payé par le bien public. On le dit, mais on nous le fait "avaler" comme étant une chose TOTALEMENT "normale".
La force médiatique de l'aiguillage de l'opinion. Voilà notre ennemi. Voilà avec quoi on fait élire et souvent réélire les Charest, Sarkozy, Berlusconi, Harper, Bush, Piñera, Lobo, Santos, Martinelli et Cie.
On parle tous de stratégie. Nous sommes comme une meute de chiens qui aboient et pendant que nous aboyons, la caravane passe.
Je ne veux pas tenir un discours de celui qui sait. Je ne sais pas. Mais je veux vous faire part de mes observations.
Je crois que nous devons nous regarder et bien sûr nous entraider pour atteindre notre objectif commun, c'est-à-dire, nous prendre en main pour devenir « Maitres chez-nous ».
Charest ne pourra jamais être réélu si nous savons contrer la force médiatique adverse. Mais comment devenir média de masse ? Peut-être en étant un peu plus varié et un peu moins "focussé" sur "LE" thème central de la ligne éditoriale de Vigile.
Qu'est-ce qui peut attirer de nouveaux lecteurs ?

Comment faire lire Vigile à ceux qui écoutent les radio-poubelles et qui sont sortis 50000 en avril dernier pour entourer le Parlement de Québec ?
Ce sont de ces 50000 que nous avons besoin. Ce sont ces 50000 qu'il faut attirer, éveiller, conscientiser.
Nous étions une petite centaine à Québec, le 20 juin à la marche pour l'Indépendance... nous avons un petit problème de stratégie.
Oui, Charest ou un autre PLQ risque grandement d'être réélu. Il est plus facile de tenir le monde endormi que de le sortir de sa léthargie.
Serge Charbonneau

Québec
1] [L'écurie Desmarais
2] ["Charest remonte la côte"

Un sondage CROP s'en vient dans La Presse


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8 commentaires

  • Serge Charbonneau Répondre

    30 juin 2010

    Je n'ai jamais oeuvré en information à titre de journaliste.
    (sauf quelques reportages personnels)
    Mon rôle fut en tant que réalisateur et monteur de reportages.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2010

    M. Charbonneau,
    Vous aviez un bon tuyau: "Je suis sûr que M. Frappier a pris en considération vos suggestions. Je suis sûr que Monsieur Frappier est sensible à chacun de nos commentaires".
    Monsieur Frappier nous annonce (participants à Vigile) sur Twitter:
    http://twitter.com/vigilebfrap97
    Monsieur Frappier, c'est comme le Bon Dieu: On sait qu'il existe mais on l'a jamais vu.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2010

    Monsieur Charbonneau, je n'ai que rarement vu des journalistes comme vous....
    Le jour ou le Québec vous a perdu comme comme journaliste, ce fut une perte similaire à celle de Philippe Henriot pour la France. Oui, on doit vous regretter autant que lui.

  • Serge Charbonneau Répondre

    30 juin 2010

    Bien d'accord avec toi, Christian, c'est quand ça va mal et qu'on se soulève contre un ennemi commun que le combat devient source d'unité.
    Et comme tu dis: " Pour faire l'unité autour d'un « combat commun » il faut d'abord qu'il y ait « combat »."
    On en vient au fameux «confort qui rend indifférent».
    Comme le soulignait Monsieur Le Hir, «Le monde est en train de se métamorphoser sous nos yeux"
    http://www.vigile.net/L-ete-de-tous-les-dangers
    Je crois que la conjoncture fait que le confort disparaît lentement et que les citoyens sont de moins en moins «indifférents».
    On constate que notre langue surtout dans la région de Montréal recule.
    On constate qu'on se fait arnaquer par les gens au pouvoir.
    On constate que les vassaux du fédéral travaillent contre nous et sont au service d'une clique profitant de nos ressources.
    On constate que nos impôts servent outrageusement au militaire et aux "partys" de nantis.
    On constate l'injustice sociale.
    On constate bien des choses, allant du saccage environnemental aux changements climatiques, allant des atrocités de la guerre jusqu'à l'injustice de la faim dans le monde et même chez nous.
    On constate aussi que le pouvoir nous échappe et que la démocratie a de sérieuses ratées (pensons, entre autres, à la répression policière au party de Toronto).
    On constate que nous ne sommes pas du tout "Maîtres chez nous".
    Je crois que les citoyens constatent de plus en plus de choses qui les rendent inconfortables et leur donnent le goût du combat. Je crois que même si des frictions «incompréhensibles» peuvent survenir entre nous, nous avons de plus en plus l'objectif commun de corriger la situation et je crois que le Pays s'impose de plus en plus comme une solution.
    Je suis totalement d'accord lorsque tu dis: {"Il faut que les citoyens se réapproprient véritablement ce combat [pour l'Indépendance] en faisant comme s'il n'y avait personne d'autre pour le faire à leur place."
    Je crois qu'effectivement il n'y a personne d'autre pour mener ce combat à leur place. Le temps des messies qui vont nous "libérer" est révolu.
    C'est la population qui doit se lever et aller au combat. Et c'est sur la ligne de front qu'on se serre les coudes.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juin 2010

    «Nous constatons que parmi nous il y a de l’énergie, de la volonté, de la détermination, mais nous constatons aussi que nous n’avons pas de stratégie commune. Pourquoi donc ? Peut-être avons-nous trop "d’idées" ??? »
    Je dirais deux choses qui m'apparaissent assez fondamentales à ce sujet :
    1) L'unité ne vient pas de nulle part, elle vient du «combat commun».
    2) Pour faire l'unité autour d'un «combat commun» il faut d'abord qu'il y ait «combat».
    Or, les partis politiques ont dérobé le combat national à la base citoyenne. Il faudra donc que les citoyens se réapproprient véritablement ce combat en faisant comme s'il n'y avait personne d'autre pour le faire à leur place.
    En fait, l’unité qu’elle soit stratégique ou autre ne peut être abstraite et lorsque les citoyens se lèveront et iront au combat les chances de faire l’unité seront grandes ; la preuve c’est qu’il y a longtemps (depuis 1995) que nous n’avons pas eu de combat pour l’indépendance et la division a été très grande depuis 15 ans.
    C’est le fait d’aller se battre qui fait que les gens se serrent les coudes.
    ______________________
    Christian Montmarquette
    .

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juin 2010

    Mon très cher monsieur Serge Charbonneau,
    Je n’arriverai jamais à la hauteur de votre notoriété mais mon quotient me permet de comprendre, après 3 fois, ce que vous pensez de twitter. Il me permet aussi de constater que vous reconnaissez finalement ceci : « S’en servir comme hameçon pour accrocher les gens et leur faire goûter à Vigile est sûrement une excellente idée. »
    Or le propos du jour est tout autre : Vigile prêche dans le désert. Vous dites ne pas chercher le dernier mot mais vous me mettez le nez sur votre texte qui précède le mien. Or, depuis le mois de juin 2007 où j’ai connu Vigile, cette discussion est revenue souvent. Pariculièrement, le 5 juillet 2009, vous vous rappellerez de :
    http://www.vigile.net/Qui-a-besoin-de-Vigile
    Il y eut 14 échanges qui ont mené M. Archambault à créer cet appel à renflouer Vigile, au moyen d’un tirage de deux œuvres d’art.
    Il n’y a donc pas lieu de douter de notre appréciation de M. Frappier. Cette campagne de financement réussit à faire dépasser l’objectif visé et à faire augmenter l’objectif suivant. Cependant, ceci n’était qu’une mesure temporaire puisque nous connaissions déjà les ennuis de santé de notre webmestre qui devrait un jour au l’autre recourir à une équipe de professionnels ou fermer… Ces hypothèses nous avaient menés à dire que ce magnifique média indépendantiste devrait être pris en charge, non pas par un parti, mais par l’ensemble de la mouvance indépendantiste du Québec. Si un tel journal se dotait des moyens requis, il serait mieux en mesure d’étendre sa notoriété et son efficacité vers l’émulation.
    Et ne croyez pas que j’essaie de « faire mieux que quiconque », comme le supposent vos traits d’ironie inutile : « Chacun sait mieux que le voisin comment faire mieux. Il faut faire de son mieux. » La discussion ne sert-elle pas à faire progresser ?
    Ouhgo

  • Serge Charbonneau Répondre

    29 juin 2010

    Mon cher ami anonyme o.
    Je ne conteste pas l'efficacité de Twitter.
    Il est bien possible qu'il pourrait être efficacement utilisé.
    Mais je dis aussi que c'est un outil plus efficace pour endormir et faire suivre en mouton que pour éveiller et approfondir.
    Cependant, sûrement que Twitter pourrait devenir un instrument de promotion de Vigile. S'en servir comme hameçon pour accrocher les gens et leur faire goûter à Vigile est sûrement une excellente idée.
    Pour faire suite à votre remarque disant:
    "Merci de votre progrès de pensée sur l'élargissement du lectorat de Vigile."
    Je vous invite à lire
    « Prêcher dans le désert »
    http://www.vigile.net/Precher-dans-le-desert
    un texte que j'ai écrit le 27 mars 2010, soit quelques mois avant votre intervention du 13 juin dernier.
    Je crois que dans ce texte, ma pensée sur l'élargissement du lectorat de Vigile était assez précise.
    Je disais, entre autres:
    " Il faut trouver le moyen d’utiliser les médias "de masse" pour faire adopter à la masse la lecture des médias alternatifs. Sinon, nous écrirons éternellement en vain, nous prêchons dans le désert. On écrit, on se lit et on se fait plaisir, mais on ne fait pas avancer la conscientisation en dépit de l’énergie déployée."
    … Oui, malheureusement, en écrivant sur Vigile, ou sur les sites des journaux alternatifs on atteint encore trop peu les gens.
    On atteint trop peu les gens « à atteindre ». C’est sur les médias de masse que nous devrions être lus ou plutôt il faut trouver le moyen de faire en sorte que des journaux comme Vigile deviennent des médias de masse.
    Vous dites, cher o:
    "Vous y avez eu le dernier mot en disant que je ne semblais pas comprendre..."
    Je ne tiens pas à avoir le dernier mot, mon cher ami, mais je tiens à être bien compris.
    Je suis sûr que M. Frappier a pris en considération vos suggestions. Je suis sûr que Monsieur Frappier est sensible à chacun de nos commentaires. Faire le travail que fait Vigile est une tâche importante et ardue. Que l'on fasse quoi que ce soit, on est toujours critiqué. Chacun sait mieux que le voisin comment faire mieux. Il faut faire de son mieux.
    Je crois que Vigile fait de son mieux et je crois que Vigile est conscient de bien des choses qui peuvent aussi nous échapper.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juin 2010

    Bon...
    Qu’est-ce qui peut attirer de nouveaux lecteurs ?
    Comment faire lire Vigile à ceux qui écoutent les radio-poubelles et qui sont sortis 50000 en avril dernier pour entourer le Parlement de Québec ?"
    Merci de votre progrès de pensée sur l'élargissement du lectorat de Vigile. Suffit de relire, calmement, nos échanges en dialogues de sourds après le titre:
    Vigile sur Twitter c’est pas une idée "twit"
    Vous y avez eu le dernier mot en disant que je ne semblais pas comprendre... Je répliquais en démontrant le dialogue de sourds mais le webmestre, contrairement à son habitude, n'a pas laissé terminer le sujet par le premier émetteur.
    Quoi qu'il en soit, ce commentaire avorté se terminait ainsi: "De toute façon, le conseil initial (Twitter) s’adressait à Vigile.net, au webmestre. Alors…"
    Doit-on y comprendre que Vigile, entreprise personnelle de M. Frappier, ne cherche pas à développer davantage sa machine? Ceci impliquerait bien sûr de se transformer en moyenne entreprise, avec des employés et toute la poutine... Évidemment, ce travail devrait être pris en charge par le mouvement UNI des indépendantistes, ce qui semble toujours voué au domaine virtuellll...