Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ne pilotera pas les négociations avec les fédérations médicales. Le premier ministre Philippe Couillard a annoncé que les négociations seraient chapeautées «par un comité de négociation en bonne et due forme, avec un négociateur en bonne et due forme désigné par le Conseil du trésor», une déclaration qui a fait rager le ministre Barrette, a-t-on appris dans les coulisses.
«Mon collègue de la Santé a de grandes qualités et je l'admire beaucoup, en passant, pour ce qu'il a fait avec le réseau depuis son arrivée à son poste, mais il fera partie d'un groupe de négociation qui sera piloté par Maurice Charlebois», a déclaré le premier ministre Couillard en réponse aux questions du chef péquiste Jean-François Lisée. M. Charlebois est négociateur en chef du gouvernement avec le secteur public depuis plus de 20 ans.
«Le ministre de la Santé, bien sûr, va y participer avec des observations techniques ou des conseils techniques», a renchéri Philippe Couillard. Dans une entrevue avec La Presse, le ministre Barrette a par la suite laissé tomber que la négociation «n'est plus entre [ses] mains», l'éventualité était «évoquée» depuis environ trois semaines au sein du gouvernement. Interrogé sur les raisons de ce choix de Philippe Couillard, M. Barrette affirme que cette décision «appartient au premier ministre» et qu'il la «respecte».
Cette annonce survient moins de 24 heures après que le ministre Barrette eut fait une sortie publique pour «mettre la table» pour les négociations avec les médecins.
En conférence de presse lundi, M. Barrette a invité les fédérations médicales à revoir leurs ententes afin de limiter les hausses de rémunération prévues jusqu'en 2021 puisque, selon lui, le rattrapage avec les médecins du reste du Canada est terminé. Hier matin, à l'Assemblée nationale, M. Barrette y était allé d'un long point de presse sur la discussion à venir.
Barrette mécontent
Selon les informations réunies par La Presse, la décision a profondément irrité le ministre Barrette, inquiet du signal ainsi envoyé au réseau de la santé et aux fédérations de médecins.
Au gouvernement, on discutait depuis trois semaines de cette idée de confier le mandat de la négociation avec les médecins au Conseil du trésor plutôt qu'au ministère de la Santé, comme cela avait toujours été le cas dans le passé. M. Barrette avait eu une longue rencontre avec Maurice Charlebois il y a plusieurs semaines. Mais ce n'est qu'à la période des questions hier, devant la déclaration du premier ministre Couillard, que le ministre Barrette a constaté que «la partie était jouée», même si la question était encore en délibéré quelques heures plus tôt, explique-t-on au ministère de la Santé.
Gaétan Barrette avait plaidé avec insistance qu'il fallait maintenir le leadership du ministère de la Santé dans ces discussions. Dans les coulisses, on indique que le chef de cabinet de M. Couillard, Jean-Louis Dufresne, était, depuis le début, convaincu qu'il fallait que la responsabilité de cette négociation passe de la Santé au Conseil du trésor. Le gouvernement Couillard est taxé de «gouvernement des médecins» - le premier ministre, le premier fonctionnaire Roberto Iglesias et Gaétan Barrette sont tous trois médecins.
Le chef de cabinet de Philippe Couillard, Jean-Louis Dufresne, jugeait essentiel «de mettre une distance entre Barrette et les médecins», confie-t-on.
En introduisant le Trésor, perçu comme neutre, dans la négociation avec les fédérations, on veut contrecarrer l'impression d'un biais favorable aux médecins.
Mais la décision est un coup bien dur pour l'autorité du ministre Barrette sur le réseau de la santé où il règne sans partage depuis deux ans, explique-t-on dans les coulisses. Gaétan Barrette, en tant que président de la Fédération des médecins spécialistes, avait toujours eu le ministre de la Santé comme interlocuteur, il avait ainsi eu à croiser le fer avec Philippe Couillard à l'époque du gouvernement Charest. Les fédérations de médecins «n'avaient jamais réussi à passer à travers la Santé pour discuter directement avec le Trésor», confie-t-on chez ces négociateurs.
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