Mulroney règle ses comptes avec Trudeau

Beaucoup de mémoire, mais de jugement...


Brian Mulroney (Photo PC)

Presse Canadienne - Brian Mulroney est de retour sous les feux de la rampe pour faire la promotion de ses mémoires. Et il saisit l'occasion pour accuser celui qui fut son plus grand rival, Pierre Trudeau, de n'avoir pas possédé la fibre morale requise pour être un véritable leader.


En entrevue à CTV News, l'ex-premier ministre conservateur remonte 60 ans dans le temps pour reprocher à M. Trudeau son militantisme anti-guerre à l'époque où ce dernier était étudiant, en disant que son refus de participer à la Deuxième Guerre mondiale le rendait inapte à exercer un leadership moral.
M. Mulroney a lancé cette accusation au cours d'une interview destinée à faire la promotion de son livre, Memoirs, qui arrive en librairie lundi.
À son départ de la vie politique en 1993, M. Mulroney était l'un des premiers ministres les plus honnis de l'histoire canadienne. Il a toujours semblé irrité par le fait que M. Trudeau, qui a quitté la politique alors qu'il était premier ministre libéral, en 1984, jouisse de plus de respect et d'admiration de la part des Canadiens dans les sondages d'opinion.
Au cours de l'entrevue, dont des extraits ont été diffusés mercredi soir, M. Mulroney reproche à M. Trudeau d'avoir sabordé l'Accord du lac Meech auquel il tenait tant, le pacte de 1990 qui devait convaincre le Québec de signer la Constitution. Il y va ensuite d'une diatribe sur l'absence de fibre morale de M. Trudeau, illustrée par l'opposition de celui-ci à la Deuxième Guerre mondiale.
«(M. Trudeau) est loin d'être quelqu'un de parfait, affirme M. Mulroney. C'est un homme qui a contesté les Alliés alors que les Juifs étaient sacrifiés, et pendant que le grand programme d'extermination se poursuivait, il manifestait dans Outremont (Montréal) en défendant le point de vue contraire (aux Alliés) sur cette question.»
M. Mulroney reconnaît que plusieurs Québécois étaient opposés à la guerre et qu'à l'époque, M. Trudeau était un jeune homme rebelle. Mais il fait remarquer qu'un million de jeunes Canadiens ont choisi de combattre les nazis, parce que c'était «la machine la plus diabolique jamais connue de mémoire d'homme, visant à exterminer les Juifs, tout le monde savait cela».
«Pierre Trudeau ne faisait pas partie du nombre. C'est une décision qu'il a prise. Il avait le droit de prendre ce genre de décision. Mais cela ne le qualifie pas pour exercer quelque leadership moral que ce soit dans notre société.»
Le fils aîné de M. Trudeau, Justin, a refusé de commenter l'évaluation que M. Mulroney fait de son père.
L'historien Stephen Clarkson, auteur d'un livre sur M. Trudeau, était surpris que M. Mulroney déterre cette vieille histoire à propos de M. Trudeau, qui s'est fait reprocher son refus de servir sous les drapeaux, au moment de la campagne au leadership du Parti libéral du Canada en 1967. «C'est un peu comme râcler le fond du baril, si c'est le pire qu'il a à dire (...) C'est plutôt petit et mesquin.»
M. Clarkson a ajouté que M. Mulroney ne semble pas être au courant de révélations plus accablantes au sujet du jeune Pierre Trudeau, dévoilées dans un ouvrage récent de Monique et Max Nemni, («Trudeau : fils du Québec, père du Canada»). Selon ce livre, le jeune Trudeau admirait des dictateurs fascistes comme Hitler, entretenait des opinions antisémites et souhaitait l'indépendance du Québec.
Qui plus est, M. Clarkson soutient que l'accusation de M. Mulroney n'est pas strictement exacte. M. Clarkson souligne que la plupart des gens n'ont appris l'extermination systématique de millions de Juifs par les nazis qu'après la guerre.
Toujours selon M. Clarkson, M. Trudeau a «hanté» M. Mulroney au cours de ses années comme premier ministre. M. Mulroney a toujours eu l'air de chercher à prouver qu'il pouvait faire mieux que M. Trudeau dans les dossiers de l'unité nationale et constitutionnel, en économie et en relations étrangères.
L'entrevue complète avec M. Mulroney doit être diffusée dimanche sur les ondes de CTV dans le cadre d'une émission spéciale intitulée «Triumph and Treachery: The Brian Mulroney Story.»


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