Motion de censure - Il n'a pas compris

Enquête publique - un PM complice?



En l'entendant répondre hier matin à la motion de censure déposée par le Parti québécois, on a presque cru que le premier ministre Jean Charest était vraiment résolu à parler aux Québécois. Mais son obsession des attaques partisanes a été plus forte que le souci d'assainir le climat actuel. Et les citoyens ne sont pas plus avancés qu'avant.
D'entrée de jeu, le premier ministre a fixé la caméra de l'Assemblée nationale: «J'entends les Québécois, je comprends leur inquiétude», a-t-il dit, avant d'exposer les dispositions prises par son gouvernement «pour aller au fond des choses», tendant la main aux partis d'opposition afin qu'ils appuient à leur tour ces mesures, soulignant «qu'en temps opportun», le gouvernement aura des propositions pour régler de façon permanente les problèmes associés à l'industrie de la construction.
Il y avait là l'idée, explicitée plus tard par le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, qu'il n'y a pas de désaccord sur l'objectif poursuivi par les partis concernant la corruption qui sévit, mais désaccord sur les moyens à prendre pour l'éradiquer.
Mais le ton solennel n'a pas duré et le premier ministre n'a pu s'empêcher, en clôturant son discours, de redevenir le chef du Parti libéral du Québec aveuglé par la partisanerie. Ce fut la grande dénonciation de l'option souverainiste du Parti québécois et les moqueries habituelles envers Pauline Marois, cette fois ridiculisée pour vouloir tenir des élections en plein temps des Fêtes (M. Charest avait pourtant eu les mêmes velléités quand il était chef de l'opposition!).
Et il a continué de rejeter avec obstination la tenue d'une enquête publique, réclamée pour une première fois il y a 19 mois par l'Action démocratique du Québec et dont la nécessité saute aux yeux depuis plus d'un an. À l'entendre, on pouvait même croire que l'enquête publique en soi est une institution sans valeur.
Il y a pourtant une distinction à faire: les enquêtes de police ont leurs propres fins, qui visent à traquer des criminels; une enquête publique permettrait de comprendre les manières de faire qui gangrènent notre vie collective. Les médias ont certes révélé des volets du système en place. Mais c'est faire porter un lourd poids sur les journalistes (ne serait-ce que celui des mises en demeure) que de les laisser tracer seuls l'ensemble de la carte de la corruption au Québec. Car il y a des liens, politiques notamment, qui n'intéressent pas la police, et des gens qui ne tiennent pas du tout à leur parler. Pas étonnant dès lors que les policiers, nous le savons, s'intéressent tant au travail des médias.
Quant à l'allégation qu'une enquête publique serait «du bonbon» pour les criminels, notons plutôt qu'actuellement, la mafia semble avoir déjà le contrôle de la bonbonnière! Par contre, une enquête a l'avantage de briser l'isolement de ceux qui sont pris dans les tentacules de la corruption et expose à toute la société des problèmes jusque-là cachés.
Pauline Marois, qui avait présenté sa motion le matin en tirant dans toutes les directions, s'est reprise en fin de journée: la série de «J'en ai assez» qu'elle a lancée avant la tenue du vote à l'Assemblée nationale rejoignait bien le sentiment populaire. À défaut d'annoncer l'enquête réclamée, M. Charest aurait pu contribuer à calmer le jeu en nous présentant dès hier les mécanismes de contrôle qu'il a en tête. Mais c'est encore partie remise. Ce n'est pas ainsi qu'il peut se dire responsable.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2010

    John James n'est pas un chef d'État, mais un bouffon à la solde des Grands Marchands. De même son jumeau français. Ils font une belle paire.
    Quand je voyais ce matin, le Parrain, à Paris, passer en revue la Garde républicaine...
    Gênant ! Désolant ! Inquiétant !
    Courage !

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2010

    Tous ces scandales, cette corruption et cette commission d'enquête exigée par le PQ, l'ADQ et le grand public, nous font oublier la perte de 40 milliards$ de la Caisse de Dépôt et Placements. Belle diversion dont John James Charest doit être fier et content!
    André Gignac patriote

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