Montréal, territoire mohawk?

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Sortir du mensonge historique : Montréal n'a jamais été un territoire mohawk

L’anniversaire de la fondation de Montréal est célébré chaque année, autour du 17 mai, à la basilique Notre-Dame et à la place d’Armes. Cette année, comme l’an dernier, nous avons eu droit au discours d’une représentante de la communauté mohawk de Kahnawake qui nous a souhaité la bienvenue « en territoire mohawk ». Elle en apportait pour preuve que Montréal était entourée des villages mohawks de Kahnawake, de Kanesatake et d’Akwesasne.


L’année précédente, le maire Denis Coderre nous avait déclaré que nous étions en « territoire mohawk non concédé », thèse que reprend allègrement le film Hochelaga, terre des âmes de François Girard, où l’on voit les Amérindiens du village d’Hochelaga faire leurs discours à Jacques Cartier en langue mohawk.


De plus, cette année, comme l’an dernier, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a prononcé un discours soulignant la grande hospitalité des Amérindiens qui ont accueilli les premiers habitants de Ville-Marie, tout en évoquant la Grande Paix de Montréal, qui, en 1701, a amené le gouverneur de la Nouvelle-France et 39 nations amérindiennes à mettre un terme (temporaire) aux guerres qui opposaient régulièrement la Nouvelle-France et ses alliés amérindiens aux Iroquois et, en particulier, aux Agniers dits Mohawks. Cette évocation sous-entendait que les soixante premières années de Montréal n’avaient pas été aussi « amicales » que l’avait laissé entendre le chef Picard.


Réécrire l’histoire ?


Cette année, comme l’an dernier, les membres de la Société historique de Montréal, qui organise cette fête annuelle, sont sortis tout à fait perplexes de la cérémonie. On leur a toujours dit que :


1. le village d’Hochelaga visité par Jacques Cartier était habité par des Iroquoiens du Saint-Laurent, lesquels parlaient des dialectes « cousins, mais distincts » des langues mohawk et huronne ;


2. ni les Agniers-Mohawks ni les Hurons ne vivaient dans la vallée du Saint-Laurent lors des voyages de Jacques Cartier ;


3. les villages actuels de Kahnawake, de Kanesatake et d’Akwesasne ont tous les trois été fondés par des missionnaires, jésuites (dans les cas de Kahnawake et d’Akwesasne) ou sulpiciens (dans celui de Kanesatake) ;


4. ces villages n’ont jamais été exclusivement mohawks ; on y trouvait aussi des Onnontagués faisant partie de la Confédération iroquoise, dite Ligue des cinq-nations, ainsi que des Hurons, des Andastogués et des Andastes (Susquehannocks) qui avaient refusé de se joindre à cette Ligue et qui étaient en guerre avec cette dernière, de même, à Kanesatake, que des Algonquins et des Nipissings ;


5. les débuts de Ville-Marie furent tout sauf pacifiques, le nombre de « Montréalistes » tués par les Iroquois étant élevé (23 de mes propres ancêtres ont subi ce sort).


Tous souhaitent la bonne entente, la paix et l’harmonie. Cependant, au nom de cette recherche, peut-on inventer de toutes pièces une « fake history » ? Voilà la question. Que les spécialistes nous éclairent…


> La suite sur Le Devoir.



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