L'intervention de l'État est nécessaire pour limiter les dégâts et mieux répartir les bénéfices de la mondialisation, selon l'OMC et l'OIT.
«La mondialisation peut être une bonne chose pour la plupart des travailleurs, aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, à condition que des politiques économiques appropriées soient en place», concluent l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et l'Organisation internationale du travail (OIT) dans un rare rapport conjoint dévoilé lundi. «Lorsque la libéralisation des échanges a des effets négatifs sur certains segments de la main-d'oeuvre, des politiques de l'emploi et des politiques sociales sont nécessaires pour redistribuer des gagnants au profit des perdants une partie des gains résultant des échanges», ajoute-t-on dans l'étude de 123 pages intitulée: Commerce et emploi, un défi pour la recherche en matière de politiques.
L'étude vise en premier lieu à faire le point sur la connaissance scientifique de l'impact du commerce sur les travailleurs. Elle constate d'entrée de jeu «qu'il n'y a pas de généralisation simple possible sur les liens entre le commerce et l'emploi». Elle ne remet pas en cause la théorie économique voulant que la libéralisation du commerce contribue à une division internationale du travail plus efficace et donc globalement créatrice d'emplois. Elle rappelle cependant que ces mêmes théories prédisent aussi que ces changements font à court terme des victimes parmi les entreprises et les travailleurs.
Sur le plan empirique, les auteurs de l'étude notent que, si le commerce des biens et services est passé de 13,5 % de l'économie mondiale en 1970 à 32 % en 2005, la situation mondiale de l'emploi n'a, quant à elle, «guère connu de changement spectaculaire, et certainement pas d'amélioration ou de dégradation spectaculaire au cours des deux dernières décennies». Dans l'ensemble, la situation semble s'être légèrement améliorée dans les pays riches, ainsi qu'en Chine et, dans une moindre mesure, en Inde, où l'on a assisté «à une réduction significative de la pauvreté». La situation des travailleurs d'autres partis du monde, notamment en Afrique subsaharienne, s'est quant à elle détériorée.
Lorsqu'on s'arrête au cas de chaque pays, on se rend compte à quel point il est extrêmement difficile d'isoler l'impact de la simple libéralisation du commerce, disent les experts. L'état de leur marché du travail dépend d'une multitude de facteurs extérieurs et intérieurs imbriqués les uns dans les autres, tels que le contexte économique mondial, les cycles économiques ou encore les politiques de l'État. Cependant, les recherches les plus récentes «confirment que le changement technologique est le principal moteur de l'inégalité», et non pas la mondialisation.
Le rôle de l'État
La mondialisation a quand même un impact sur le nombre d'emplois et leur qualité. Contrairement à ce que l'on croyait, elle frappe aussi bien dans les secteurs à forte intensité de main-d'oeuvre que dans les secteurs de pointe. La bonne nouvelle est que «dans tous les secteurs des emplois sont créés par les fournisseurs qui peuvent soutenir la concurrence au niveau international», note l'étude. La mauvaise est «que des emplois sont [aussi] en danger dans tous les secteurs» et «qu'il sera de plus en plus difficile pour les décideurs [politiques] de prédire quels seront, dans le proche avenir, les emplois menacés et les emplois pour lesquels il y aura de la demande».
Le domaine d'intervention prioritaire pour l'État demeure celui de l'éducation et de la formation, disent l'OMC et l'OIT, parce qu'il aide au processus d'adaptation continue de la main-d'oeuvre que nécessitent les économies modernes. Des programmes sociaux venant en aide aux travailleurs affectés sont également nécessaires, ne serait-ce que pour «que les avantages de l'intégration économique mondiale soient partagés d'une manière suffisamment large pour que le public soutienne ou continue de soutenir l'ouverture commerciale».
Le fait de procéder à la libéralisation des échanges au pas de course ou à un rythme modéré ne va pas non plus sans influer sur le résultat final, notent les auteurs. «Il est probable qu'une libéralisation graduelle associée à des programmes d'ajustement bien ciblés abaisse les coûts d'ajustement et accroît les avantages», disent-ils.
Rapport de l'OMC et de l'OIT
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