Mon chemin de Damas

Son "chemin d'Ottawa" est d'un lyrisme stratosphérique...

(Photo David Boily, La Presse)

Après une carrière diplomatique bien remplie, au sein du service diplomatique canadien, j'ai eu l'honneur et surtout le plaisir d'enseigner l'histoire diplomatique du Canada et du Québec depuis cinq années, à l'Université de Montréal d'abord, puis aux universités Concordia et McGill.


Le hasard a voulu que le lundi 27 novembre 2006, je donnais mon dernier cours à McGill en analysant la politique étrangère de Stephen Harper, lorsque la motion de son gouvernement reconnaissant le Québec comme une nation fut adoptée à la Chambre des communes, par tous les partis qui y sont représentés. Cette résolution constitua pour moi une sorte de chemin de Damas. Après des siècles de discussions sur la place du Québec à l'intérieur du Canada, tout soudain s'éclaircissait. Finie la société distincte, le Québec «nation sociologique» à la sauce libérale! Fini le pessimisme stérile du Bloc québécois à l'effet que le Canada est un échec, une expérience politique dépassée, un pays à refaire en le détruisant.
Je me rappelai soudain la phrase lumineuse de mon ancien ambassadeur, Lucien Bouchard, dans son livre À visage découvert publié alors qu'il siégeait à Ottawa pour le Bloc québécois, qu'il venait de fonder: parlant de l'admirable compétence d'un homme de grande qualité, Pierre Desroches, Lucien Bouchard écrivait: «Ce Québécois-Canadien fut le principal artisan de la réalisation de TV 5 et de la plupart des projets de communication (du sommet francophone).»
Je me souvins, tout à coup, avec une forte émotion, combien j'avais assimilé cette idée centrale, en fait, à toute ma vie: on peut être Québécois et Canadien! Le concept est complémentaire. On peut même ajouter qu'un Québécois-Canadien peut, en plus, être d'origine arabe, grecque, roumaine, juive, africaine, russe, haïtienne, asiatique, latino- américaine, etc. C'est cela le miracle de Montréal et d'Outremont, du Québec et du Canada. La résolution Harper, une fois pour toutes, en plein Parlement canadien, reprenait, endossait et renforçait cette vérité infracassable.
Soudain, une nouvelle route s'ouvrait, même si de nombreux interlocuteurs firent semblant de ne pas comprendre ou d'amoindrir la portée de cette courageuse prise de position, de valeur historique, semblable à celle prise jadis par Brian Mulroney, lorsqu'il avait reconnu la légitimité des rapports directs entre le Québec et la France et accepté que le Québec puisse participer aux Sommets de la francophonie.
Brusquement, je m'aperçus que les prises de position de Stephen Harper, à compter de son célèbre discours de Québec, en décembre 2005, qui avait contribué à sa victoire électorale de janvier 2006, avaient déjà commencé à me convaincre de son leadership, de son courage politique et surtout de sa sincérité.
De la même façon, son important programme politique, réitéré avec conviction, à Montréal, en avril 2006, m'avait rejoint: imputabilité, sens des responsabilités internationales, notamment en Afghanistan, fermeté dans la défense de la souveraineté canadienne sur l'Arctique, réalisme dans le règlement du conflit sur le bois d'oeuvre, diminution des impôts, fédéralisme d'ouverture, promotion d'un rôle unique pour le Québec à l'UNESCO, acceptation de la réalité du déséquilibre fiscal et volonté d'y remédier, approche réaliste et pragmatique dans le dossier, extrêmement complexe, de l'environnement, rééquipement de nos forces armées, entre autres dossiers, tout me conduisait à penser et à dire, qu'en effet, le Canada était entré dans un nouveau siècle, dirigé par un nouveau gouvernement apte à mettre les Canadiens devant des choix clairs, des priorités redéfinies.
En fait, je compris que je serais heureux d'apporter ma propre contribution à ce renouveau du fédéralisme canadien et je me suis inscrit alors comme membre de ce parti renouvelé et rassembleur, en indiquant que je serais disposé à me présenter comme candidat à un poste de député, si les responsables d'un comté étaient disposés à m'accorder leur confiance.
Servir Outremont
Éduqué à Outremont, ayant vécu rue Wilderton à l'époque où le ministère des Affaires étrangères m'avait détaché auprès de Paul Desmarais de Power Corporation, et à nouveau installé à Outremont où mon frère et mon jeune fils demeurent, je suis plus qu'honoré que les membres de notre parti dans cette magnifique circonscription m'aient choisi comme leur candidat à la prochaine élection fédérale de septembre. Je leur réitère ici toute ma gratitude.
Outremont n'est pas pour moi un podium, ou une estrade, pour promouvoir la cause de la séparation du Québec ou encore pour entreprendre une démarche essentiellement axée sur la protection irréaliste de l'environnement, quel qu'en soit le prix.
Outremont n'est pas non plus une salle de cours pour expliquer à mes concitoyens comment je dirigerais la politique étrangère du Canada en me présentant comme le disciple ou même le successeurs de Lester B. Pearson!
En vérité, je refuse de me servir d'Outremont, car c'est servir cette grande et riche communauté qui m'intéresse. Ce sont les intérêts de tous et de chacun, quel que soit l'âge, la religion, la langue, les origines, les occupations professionnelles, qui me tiennent à coeur.
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Gilles Duguay
L'auteur a annoncé hier sa candidature sous la bannière du Parti conservateur en vue de l'élection complémentaire dans la circonscription d'Outremont.

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Candidat sous la bannière du Parti conservateur en vue de l'élection complémentaire dans la circonscription d'Outremont (2007).





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