Parti québécois

Minuit moins cinq

PQ - dérives - Drainville



La crise au Parti québécois n'est pas résolue. Après une accalmie de quelques semaines, elle est entrée dans une nouvelle phase. Après la démission du député François Rebello mardi, voilà que Bernard Drainville, qui a pourtant choisi de demeurer au sein du caucus péquiste quoi qu'il arrive, ose dire publiquement son inquiétude quant à l'avenir de son parti et à la capacité de Pauline Marois d'en faire l'unité.
Les huit derniers mois, Pauline Marois a montré une résilience exceptionnelle face à la contestation. Elle a résisté à toutes les attaques, à tous les appels à sa démission, à toutes les invitations à revoir sa politique de gouvernance souverainiste. Sa seule concession aura été d'engager le parti dans une réflexion sur le thème du renouveau démocratique, qui sera le sujet principal d'une discussion à la prochaine réunion du conseil national du Parti québécois.
Tout va-t-il aussi bien que le croit madame Marois, qui, dans une entrevue au journaliste Benoît Dutrizac, donnait hier en exemple le financement réussi du parti, qui compte par ailleurs quelque 100 000 membres? Non, car des militants continuent de décrocher tandis que des députés réfléchissent à leur avenir. Certains pourraient imiter François Rebello et passer à l'ennemi. Le syndrome Flora MacDonald1 la guette toujours. Elle pourrait se réveiller pour constater, trop tard, que son parti s'est décomposé, ce qui est d'ailleurs l'impression qu'ont bien des électeurs qui le manifestent dans leurs réponses aux maisons de sondage.
On n'attendra pas de Pauline Marois qu'elle avoue candidement que son parti s'en va à vau-l'eau, mais c'est un peu ce qu'a reconnu Bernard Drainville hier lors de son passage au Devoir. Un regard lucide s'impose. Électoralement, le parti est menacé de catastrophe s'il ne réussit pas à refaire son unité. Rapidement, car le prochain scrutin est pour très bientôt. Aux yeux du député de Marie-Victorin, il n'y a qu'une voie possible, celle de l'unité des militants péquistes et, plus largement, de tous les souverainistes. Il a raison. Il est urgent de réaliser cette unité. Pour prendre une image, il n'est plus minuit moins quart, mais plutôt minuit moins cinq.
Pour que l'unité se fasse, il faut que certaines conditions soient réunies. De la part des militants, il faut d'abord sortir du déni de la catastrophe qui se dessine. Les débats idéologiques autour de la démarche vers la souveraineté sont l'une des sources du mal dont le Parti québécois est frappé. Il engendre un effet de répulsion des électeurs, dont certains refusent toujours de se rendre compte de la profondeur.
De la part de la chef, il s'agit maintenant de faire preuve d'ouverture. Le leadership de Pauline Marois ces derniers mois s'est manifesté de façon défensive. Elle a cherché à protéger son poste et à écarter les menaces à son autorité, suspendant à l'occasion des députés du caucus. Il doit maintenant être offensif et chercher à reconstruire. Il lui faut jeter des ponts. Il n'y a pas de raison pour que madame Marois n'aille pas rechercher une Louise Beaudoin ou un Pierre Curzi. De la même façon, elle se doit de tendre la main aux autres groupes souverainistes. On n'imaginera pas qu'il soit possible de coaliser tous ces groupes autour du Parti québécois avant les élections, mais il y a des convergences toutes naturelles à établir. À cet égard, Pauline Marois doit convenir que l'avenir de son parti est plus important que son avenir personnel.
1. Flora MacDonald, candidate au leadership conservateur en 1976, avait été abandonnée dès le premier tour par ses partisans en dépit de toutes leurs promesses d'appui.


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