Meurtre au Maxi: le fruit d’un «cerveau malade»

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Déresponsabilisation et médicalisation : quand la justice évite la responsabilité individuelle

Le meurtre de Clémence Beaulieu-Patry dans un Maxi est le résultat d’un cerveau malade, avec des symptômes qui ont commencé à se manifester longtemps avant le drame, a plaidé la défense vendredi.


«Le jugement de Randy Tshilumba était complètement altéré, on ne peut pas trouver d’explication rationnelle, c’est impossible», a lancé Me Philippe Larochelle dans la dernière ligne droite du procès.


Pour l’avocat, il n’y a aucun doute que son client doit être déclaré non criminellement responsable du meurtre d’une employée d’un Maxi, le 10 avril 2016, dans l’allée du supermarché de la rue Papineau à Montréal.


Ce soir-là, l’accusé de 21 ans s’était présenté sur les lieux et avait poignardé la victime à 14 reprises avant de prendre la fuite. Il s’est ensuite réfugié dans un Tim Hortons où il a contacté des amis, pour ensuite aller cacher l’arme du crime dans un casier du cégep où il étudiait.


Délire


Or, a rappelé la défense, Tshilumba souffrait d’un délire paranoïaque. Depuis des années, il s’était convaincu via des messages sur Facebook que la victime et ses amies voulaient le tuer et son comportement avait changé.


«Pensez à l’enfant normal qu’il était, quand il était capable de rire, a dit Me Larochelle au jury. Comment un sportif enjoué et blagueur se retrouve accusé d’avoir tué Clémence Beaulieu-Patry?»


Quand Tshilumba a commencé à montrer des signes de maladie, ses notes ont commencé à baisser et ses proches se sont inquiétés, a rappelé l’avocat. Quand il a vu par hasard deux des filles qu’il croyait vouloir le tuer, il aurait alors paniqué.


«C’est dans sa tête que ça se passe, c’est le pur produit de son délire», a plaidé Me Larochelle.


Par la suite, Tshilumba a demandé à sa mère de déménager, en vain. Il s’est aussi ouvert à sa sœur et son meilleur ami, des mois avant le meurtre, selon les témoins entendus en défense.


Lors du procès, Tshilumba a témoigné afin d’expliquer que selon sa version, il s’était présenté au Maxi pour «faire la paix» avec la victime, dans le but de la convaincre d’abandonner cette idée délirante qu’elle voulait le tuer.


«Le geste [de tuer Clémence Beaulieu-Patry] est tellement inattendu, violent, il s’inscrit dans la lignée de tous les gestes posés par Tshilumba dans le passé, a plaidé Me Larochelle. C’est un geste regrettable, mais irrationnel, c’est le fruit d’un cerveau malade.»


Les plaidoiries finales de Me Larochelle se poursuivent. Par la suite, ce sera au tour de la procureure Catherine Perreault de s’adresser au jury une dernière fois avant le début des délibérations, qui débuteront la semaine prochaine, au palais de justice de Montréal.