Politique énergétique québécoise et loi sur les hydrocarbures

Mépris et violence envers les citoyens

Un processus biaisé en faveur de l'industrie

B3466e0e62646a6b7adefc1fe6a8786c

Une politique très agressive

Le gouvernement de Philippe Couillard poursuit inexorablement son avancée vers l’exploitation gazière et pétrolière au Québec, en dépit des avis d’experts, de l’opposition des citoyens et du consensus scientifique sur l’urgence de désinvestir les énergies fossiles dans le contexte de la crise climatique. Les mesures mises en place pour réaliser ce tournant vers les combustibles fossiles sont d’autant plus inquiétantes qu’elles sont marquées par la manipulation, le mépris des règles démocratiques et le recul des droits des citoyens.

Dès l’été 2014, le gouvernement préparait le terrain législatif en promulguant discrètement, pendant la période des vacances, son Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP) qui protège le droit des pétrolières et des gazières de pratiquer la fracturation hydraulique au détriment des sources d’eau potable des citoyens, des entreprises et des communautés. Des membres d’un collectif de scientifiques indépendants qui ont étudié le RPEP utilisent des termes tels que laxiste, absurde, farfelu et irréaliste, pour qualifier ses dispositions, Plus de 300 municipalités ont demandé au gouvernement le droit de déroger de ce règlement afin de se doter de règles plus sévères permettant de protéger vraiment leurs sources d’eau potable. Ce droit leur a été refusé.

À l’automne 2015, le gouvernement québécois a organisé des pseudo-consultations publiques sur les Études environnementales stratégiques (ÉES) qui devaient orienter ses politiques en matière d’énergie fossile. Les consultations ont commencé avant que la totalité des études ne soient rendues publiques et le processus a été marqué par le préjugé favorable du gouvernement envers les hydrocarbures. Non seulement la transition vers des énergies alternatives ne faisait pas partie des options envisageables, mais l’analyse coûts-bénéfices des projets liés aux hydrocarbures était biaisée en faveur de l’industrie, voire carrément fausse.

Même si la très grande majorité des mémoires déposés par les citoyens et les organisations qui ont participé aux consultations sur les ÉES sont défavorables aux hydrocarbures au Québec, et malgré le rapport des ÉES qui mentionne que le développement de cette filière énergétique est « difficilement conciliable avec les objectifs du Québec en matière de lutte contre les changements climatiques », la nouvelle politique énergétique dévoilée le 7 avril dernier marque un tournant décisif vers l’exploitation, le traitement et le transport pour l’exportation des combustibles fossiles non conventionnels, notamment le gaz de schiste rebaptisé, pour ne pas trop choquer l’opinion publique, gaz naturel liquéfié ou GNL. Le gouvernement va jusqu’à qualifier cet hydrocarbure, qui compte parmi les plus polluants et émetteurs de gaz à effet de serre, d’« énergie de transition ».

La politique agressive du gouvernement en faveur du développement des énergies fossiles vire carrément à la violence envers les citoyens avec le nouveau projet de loi 106 sur les hydrocarbures. Rien n’a été épargné dans ce morceau législatif digne du 19ème siècle pour avantager l’industrie : autoréglementation, culture du secret, simulacres de normes d’acceptabilité sociale, droit prioritaire d’accès au territoire et droit d’expropriation, droit de poursuivre les propriétaires fonciers en cas d’accident, maintien du RPEP, autorisation de la fracturation hydraulique, flou sémantique, etc.

Si la crise climatique n’était pas déjà indéniablement grave, si les énergies renouvelables n’étaient pas si disponibles et abordables, si les combustibles fossiles non conventionnels n’étaient pas décriés internationalement, on pourrait peut-être comprendre le virage du gouvernement vers les hydrocarbures. Ce n’est certes pas la première fois dans l’histoire qu’une population est aux prises avec la folie de ses dirigeants. La politique énergétique du gouvernement de Philippe Couillard et le projet de loi 106 sur les hydrocarbures n’ont plus rien à voir avec la recherche du bien commun ou la raison d’État.

Louise Morand
Comité vigilance hydrocarbures de L’Assomption
20 juin 2016


Laissez un commentaire



6 commentaires

  • Jean Lespérance Répondre

    22 juin 2016

    M. Gignac,
    En parlant des politiciens, je n'ai jamais pensé une seconde à vous. Et je ne vous ai jamais confondu une seconde avec l'autre. C'est rare que dans le PQ, on remet les choses en ordre ou même en perspective. Vous traitez de libéral est une insulte que je ne saurais vous adresser.
    Une question se pose en ce qui me concerne? Que suis-je donc si je ne suis pas nationaliste? C'est bien simple, je suis humaniste. Est-ce que l'humanisme s'incorpore dans le multiculturalisme? Oui, mais à une condition, à la condition qu'on ne se sert pas du multiculturalisme pour noyer ou tenter de faire disparaître la nation canadienne française ou québécoise qui partage des valeurs de justice sociale et d'équité. En ce sens, le PQ devrait être capable d'offrir aux québécois ce que le Canada refuse de leur donner. Et que refuse de donner aux québécois le Canada? Le statut d'humain avec des valeurs morales. Le seul statut que le Canada est prêt à nous donner est le statut d'outil de production pour enrichir les multinationales de l'Union Européenne. C'est pire que de l'athéisme. Le Canada est prêt à céder tous ses pouvoirs à la ploutocrassie (la crasse des riches) du groupe Bilderberg.
    Si le PQ se réveille, il peut aller chercher les votes des gens de coeur et de bien qu'il peut trouver chez les anglophones et les immigrants.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2016

    Bravo à Louise Morand pour votre excellente analyse du projet de loi 106.
    Le gouvernement Couillard paiera cher son "mépris et violence envers les citoyens du Québec " dans le dossier de l'exploitation des hydrocarbures sur le territoire du Québec.
    Votre description du projet de loi 106 est éloquente, je cite: « autoréglementation, culture du secret, simulacres de normes d’acceptabilité sociale, droit prioritaire d’accès au territoire et droit d’expropriation, droit de poursuivre les propriétaires fonciers en cas d’accident, maintien du RPEP, autorisation de la fracturation hydraulique, flou sémantique, etc. »
    On nage en plein néo-libéralisme sous la direction éclairée du bon docteur Philippe Couillard, notre indigne Premier ministre pour qui je n'ai pas voté.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2016

    @ Jean L'Espérance
    Ne me confondez pas avec l'ancien ministre libéral Gignac; je n'ai aucun lien de parenté avec cet ancien politicien. C'est tellement facile de salir la réputation des gens en faisant toutes sortes d'accointances.
    André Gignac 22/6/16

  • Jean Lespérance Répondre

    21 juin 2016

    @ M. Gignac
    Je vous demande humblement d'appeler le projet Énergie Est par son vrai nom, le projet Énergie Ouest ou faux projet Énergie Est. Tout politicien éclairé doit savoir appeler les choses par leur vrai nom pour que le monde comprenne.
    N'étant pas politicien mais étant éclairé, j'ai toujours su comment appeler le faux libre-échange , je l'ai appelé et je l'appelle encore libre marché et contrebande des riches. J'ai toujours su que c'est de la contrebande dont le gouvernement ne récolte que des miettes.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juin 2016

    Le PQ aurait pu faire beaucoup de millage avec la population si ce parti s'était opposé fortement, au tout début, au projet Énergie Est et à ceux d'Anticosti et de la Gaspésie. À la dictature du gouvernement Couillard dans ce cas-ci comme dans bien d'autres, on laisse aller les choses sans aucune opposition ou contestation. Pas surprenant que le Québec s'en aille à la dérive. Si 20 à 25 mille personnes descendaient dans la rue pour s'opposer à ces multinationales pétrolières et à la corruption éhontée de ce gouvernement au service des riches; les choses commenceraient à changer pour le mieux. Saint Elvis Gratton, priez pour nous!
    André Gignac 21/6/16

  • Jean Lespérance Répondre

    21 juin 2016

    Merci de m'avoir éclairé, en particulier sur le fameux Gaz Naturel Liquéfié ou GNL. Je comprends mieux maintenant le simulacre de refus du développement du gaz de schiste ou GNL de l'île d'Anticosti. On se dore d'une auréole de pourfendeur du gaz de schiste pendant que par en arrière avec le projet de loi 106, on fourre les citoyens à 100 milles à l'heure. Derrière toute bonne intention de ce gouvernement, il y a toujours une face cachée ou un visage à deux faces dont on devrait se méfier.