Mea culpa péquiste

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Le navire péquiste à la dérive

C’est un classique. Après une défaite électorale, les péquistes se réunissent pour se demander ce qui n’a pas marché. La direction sortante affirme qu’elle a mené une excellente campagne, pendant que des voix s’élèvent pour dire qu’il aurait fallu être plus souverainistes et plus à gauche.


Autrement dit, les discussions entendues lors de la conférence nationale des présidents du Parti québécois en fin de semaine avaient des airs de déjà-vu, à la différence qu’on doit désormais les tenir dans un amphithéâtre de cégep plutôt que dans un hôtel.


Réalignement


Généralement, le débat perdure jusqu’à la campagne électorale suivante sans n’être jamais vidé. Jadis, on s’en remettait à l’alternance ou à des changements dans la conjoncture pour espérer un retour de balancier favorable au PQ.


Cette fois-ci, ça ne pourra se passer comme ça. Parce que la dernière élection en fut une de réalignement, emmenant au gouvernement un nouveau parti, et parce que le Parti québécois a désormais un compétiteur qui se bat à armes égales dans le coin souverainiste et progressiste du cadran électoral.


Cela dit, la question de base, elle, ne change pas, et ce, depuis le référendum de 1995. À quoi doit servir le PQ alors que son option fondamentale a été rejetée deux fois par les Québécois et où une troisième tentative, pour l’heure très hypothétique, doit nécessairement se solder par la victoire ?


À cela, on peut répondre en évoquant le contexte, comme l’ont fait l’ancien chef Jean-François Lisée, le chef intérimaire Pascal Bérubé et l’ex-député Nicolas Marceau. Les Québécois voulaient virer les libéraux et la CAQ était mieux placée pour le faire.


Si le raisonnement est court et évite des questionnements qui exigeraient de douloureux mea culpa, il a au moins le mérite de porter l’attention sur la structure du débat politique québécois et sur la contribution que le PQ devrait y apporter.


Immanquablement, ça revient aux choix qui furent faits pour la dernière campagne. C’était l’air du temps, le chef Jean-François Lisée a tablé sur des engagements ciblés pour les familles, comme les lunchs à l’école et l’application pour favoriser le covoiturage.


Or, il est difficile de se distinguer des adversaires avec de telles propositions et s’il est vrai que l’approche du PQ obtenait d’abord un succès d’estime, celui-ci s’est dissous dans l’attaque tardive et inélégamment lancée contre Manon Massé et l’organigramme de QS. À la fin, on a oublié d’expliquer aux électeurs progressistes et souverainistes ce que le PQ pouvait amener que ses opposants n’avaient pas.


L’approche du PQ


Lors de son discours devant le congrès de son parti, en septembre 2017, Jean-François Lisée avait esquissé l’approche du PQ en la résumant à trois éléments. Le PQ croit au Québec, croit à l’État et croit à l’existence d’une identité québécoise, chacun de ces aspects permettant de le distinguer respectivement du PLQ, de la CAQ et de QS.


C’est ce qu’on a peu expliqué, en campagne, oubliant pour incarner tout ça et rappeler l’ancrage souverainiste du Parti québécois de formuler une critique complète et constante du régime fédéral et du gouvernement Trudeau.


Un raffermissement de la posture souverainiste du Parti québécois ne peut à lui seul suffire à le raplomber. Dans un contexte où le parti de René Lévesque a désormais de la compétition sur tous ses axes traditionnels, sa pertinence ne se prouvera que par ce que personne d’autre n’est prêt à offrir.


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.