Maudit argent… quelle plaie!

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Plaie d'argent n'est pas mortelle

Finalement, la Ville de Laval a été mise en tutelle. Il en a fallu du temps. On a fait survivre le veau d’or aussi longtemps que possible et on a opté pour une tutelle tout en dentelle, qui ne ferme aucune porte définitivement et qui permet à ceux qui restent de sauver la face. On joue la prudence. Pas d’injures, pas de jugements dans les suites à donner, on marche sur du verre. On n’est pas allé jusqu’à faire la même chose avec Montréal, même si beaucoup de citoyens l’auraient souhaité. Mascouche attend son tour, et combien d’autres ?
Quel sera le climat électoral en novembre prochain ? Peut-on encore parler d’exercer son droit démocratique de choisir ses représentants dans ce climat qui dégage une odeur de porcherie ?
Vendre son âme pour de l’argent a été un thème souvent exploité au théâtre et au cinéma à travers le temps, sous toutes les formes connues et imaginables et avec toutes les mises en garde contre la descente aux enfers que pouvait représenter l’ambition démesurée qui accompagne la démarche, ou pire, la déchéance annoncée de celui qui pense y trouver son profit. Mais la leçon que ces auteurs ont voulu transmettre ne semble pas avoir découragé la démangeaison de la richesse qui s’empare souvent des humains jusqu’à les rendre fous et vulnérables à l’appel d’une certaine réussite qui se dépose à la banque ou se transfère de banque en banque à travers le monde dans le secret le plus total.
Pendant ce temps, on dit du mal du peuple, ce gagne-petit, qui tente d’obtenir que son travail soit payé correctement et qui se voit accusé de n’être jamais satisfait, de toujours exiger davantage et de n’avoir aucune reconnaissance pour ceux et celles qui mettent tout leur savoir au service du mieux-être de ce peuple qui n’a même pas la bonne idée d’avoir de la reconnaissance à l’égard de ceux qui prennent tous les risques… En échange de quelques petits profits, c’est certain ; ou de très grands profits, ça dépend.
Parallèlement, un petit sourire en coin, on découvre aussi que nous ne sommes pas les seuls atteints. Le gouvernement conservateur d’Ottawa pataugerait dans l’eau sale, le Sénat est un bar ouvert et la Ville de Toronto, la pure, sent aussi mauvais. Tous n’en mourront pas, mais tous sont atteints. C’est tellement évident que ça crève les yeux.
Il est une expression qui est revenue souvent ces dernières semaines dans les déclarations des témoins. Ils ont parlé de « l’avancement des affaires » qui semble être une sorte de mot de passe pour justifier les dépenses et les abus dont ils reconnaissent l’ampleur. Les banquets, les voyages de luxe, la belle vie qu’on offre à ceux dont on a besoin pour réussir se justifient par « l’avancement des affaires ». Des sommes fabuleuses ont ainsi échappé à l’impôt sur un nombre d’années important. Réussir, il semble que ça n’ait pas de prix. Il faudrait bien qu’on le retienne.
Personne ne remet en question qu’il fallait que le ménage soit fait en profondeur et qu’il était plus que temps, avant que l’odeur de pourrissement ne finisse par empoisonner tout le monde, mais que serons-nous devenus après ? Est-ce que ceux qui s’en iront forcément seront remplacés par d’autres aussi assoiffés de succès et d’argent ? Nous n’aurions rien gagné du tout sauf peut-être quelques années d’air un peu plus sain pour nous retrouver dans la même situation quelques années plus tard.
Il serait rassurant que des gens de bonne volonté se regroupent pour remettre un peu de chair saine autour de l’os et pour nous permettre ainsi de retrouver le souffle nécessaire afin de voir ce qui nous attend devant. Quand nous saurons tout, nous ne saurons rien. Ou si peu.
Et pourtant, il faudra réparer cette société blessée et si souvent trahie que nous sommes. Il faudra creuser pour sauver du naufrage total les balises auxquelles nous tenons et qui sont essentielles à notre avancement collectif. Il faudra faire des choix, se donner des instruments nouveaux pour colmater les brèches laissées béantes par le raz de marée qui aura tout balayé ou presque sur son passage. Il faudra garder le courage intact et l’espoir bien au chaud, car la guérison pourrait prendre du temps. Il faudra réapprendre la confiance surtout. Il faudra apprendre à nos enfants que tout n’est pas à vendre et que, surtout, tous les humains ne s’achètent pas.
Certains auront perdu leur superbe, mais d’autres auront retrouvé la fierté de vivre droit. Ce qui serait un bien beau cadeau à leur faire.
Si on réussit cette traversée du désert, nous devrions nous retrouver à la ligne d’arrivée, fiers de ce que nous serons devenus, plus forts et plus avertis qu’avant, ayant enfin découvert que le rôle de citoyen honnête est exigeant, mais combien important, au bout du compte.


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