Louise Beaudoin ne sera pas de l'«équipe de rêve» d'André Boisclair

Crise de leadership au PQ

L'ancienne ministre péquiste Louise Beaudoin refuse, à 61 ans, de faire un retour en politique sous le leadership d'André Boisclair, même si celui-ci l'avait publiquement invitée à le faire. Elle explique sa décision aujourd'hui dans [une lettre ouverte->4026] (reproduite dans notre page Idées). Ce texte ne fait aucune mention ni du chef péquiste ni des occupations actuelles de l'ancienne ministre, professeure associée au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal.
Militante péquiste de la première heure, elle a longuement hésité avant de choisir de rester à l'écart de la politique active afin, écrit-elle, de travailler à la défense de la diversité linguistique sur la scène internationale. Hier, elle a refusé toute entrevue et a fait savoir qu'elle «disparaîtrait durant quelques jours».
Lors la course à la chefferie de l'automne 2005, Mme Beaudoin avait aussi beaucoup hésité à choisir son camp. Si bien qu'à un moment, l'équipe d'André Boisclair l'avait considérée comme étant «acquise». Mais elle s'était rangée, presque en fin de course, en faveur de Pauline Marois. Une fois élu, le chef péquiste ne lui en avait pas tenu rigueur et l'avait même publiquement invitée à faire partie de son «équipe de rêve», le 10 octobre 2006, lors d'une activité-bénéfice dans la circonscription de Chambly, que Mme Beaudoin a représentée de 1994 à 2003. «Je souhaite qu'elle soit dans nos rangs», avait-il confié au Journal de Chambly le 17 octobre. «Elle est une souverainiste moderne. Grâce à notre travail, nous pouvons envisager une victoire.» L'hebdomadaire citait aussi l'ancienne ministre: «Devant les militants, Louise Beaudoin a lancé qu'André Boisclair ferait un bon premier ministre et qu'elle était prête pour les prochaines élections.»
Mme Beaudoin s'était faite très présente dans Chambly depuis sa défaite de 2003. Certains de ses anciens employés de comté, dont Daniel De Brouwer, actuellement directeur général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, sont demeurés membres de l'exécutif péquiste de Chambly et, grâce à eux, elle se tenait informée de ce qui s'y tramait. L'automne dernier, elle avait suivi avec intérêt les tribulations de son adversaire de 2003, la libérale Diane Legault, qui a quitté la vie politique en novembre avant la fin de son mandat pour aller diriger l'Ordre des dentistes.
C'est au début de décembre que Mme Beaudoin aurait décidé de ne pas revenir en politique. Un des points tournants, selon des sources, aurait été la participation du chef péquiste à une parodie du film Brokeback Mountain, laquelle aurait indigné l'ancienne ministre. Cette grande amie de Denise Bombardier (laquelle avait réclamé la démission de M. Boisclair à TVA lorsque l'affaire avait éclaté) y aurait vu un «manque de jugement» déconcertant de la part d'un homme qui veut faire du Québec un pays. Cela n'a pas empêché Mme Beaudoin, qui se trouvait à Paris en décembre (elle a la citoyenneté française), d'en profiter pour donner un coup de pouce pour préparer la récente mission d'André Boisclair en France.
«Sérieusement interrogée»
Dans sa lettre, Mme Beaudoin reconnaît qu'au cours des derniers mois, «à l'approche d'une échéance électorale», elle s'était «sérieusement interrogée non pas sur la nature de [son] engagement mais sur le terrain de cet engagement». Elle explique avoir préféré de continuer à travailler «en amont de la vie politique» sur des dossiers précis, au premier chef celui de la «diversité linguistique», lequel, rappelle-t-elle, a été exclu de la récente Convention sur la diversité culturelle. Elle ponctue sa lettre en soulignant que le PQ «demeure» son parti et en affirmant que «le mouvement souverainiste est solide et vigoureux».
Au cours de la dernière année, Mme Beaudoin a publié conjointement deux ouvrages à caractère universitaire sur les relations internationales du Québec. Elle travaille actuellement sur deux autres livres non universitaires à paraître aux Éditions La Presse. Le premier, une conversation sur la vie politique québécoise avec son amie et ancienne ministre libérale Liza Frulla, est un exercice coordonné par la journaliste Danielle Bombardier. Le second, en collaboration avec son mari François Dorlot, porte sur René Lévesque.


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