Loto-Québec déloge les OSBL de ses kiosques au profit du privé

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Qui profite de cette manoeuvre ? Des amis du régime Libéral ?

Afin de « dynamiser » ses ventes de billets de loterie, Loto-Québec a commencé à évincer des organismes sans but lucratif (OSBL) qui gèrent ses kiosques dans les centres commerciaux à la faveur d'entreprises privées, a appris La Presse.

Depuis près de 40 ans, les kiosques de billets de loterie dans les centres commerciaux ne sont pas exploités par Loto-Québec, mais bien par des groupes communautaires. La société d'État leur cède la gestion en contrepartie d'une commission sur les ventes.

Le programme a été mis sur pied à la fin des années 70 pour renforcer la mission sociale de la société d'État. Les profits des points de vente constituent un revenu important pour les organismes afin de financer leurs activités. L'exploitation d'un kiosque leur rapporte en moyenne 20 000 $, parfois davantage, selon différents groupes consultés dans les derniers jours.

Or, dans une lettre envoyée en mai, Loto-Québec a informé les OSBL qu'elle a modifié sa stratégie de distribution. L'ancien modèle, a-t-elle expliqué, « n'est plus optimal et doit être dynamisé pour en assurer la pérennité ».

Dans sa lettre, Loto-Québec encourageait les OSBL qui exploitent les kiosques à participer à l'appel de propositions lancé l'été dernier. Mais pour tous ceux que La Presse a joints, il était évident que la réforme visait à confier la gestion des kiosques à des entreprises privées.

Parmi les critères utilisés par Loto-Québec pour sélectionner les nouveaux exploitants, on trouve l'expérience et la capacité de gestion, ainsi qu'une évaluation de la capacité financière des futurs exploitants.

« En tant qu'organismes à but non lucratif, notre but n'est pas de générer des profits. [...] C'est sûr qu'ils ne nous choisiront pas. » - L'administratrice d'un OSBL de la région métropolitaine, qui a préféré garder l'anonymat

C'est une entreprise dirigée par l'homme d'affaires Benoît Lalonde qui a remporté le premier appel de propositions. Il a obtenu la gestion de 10 kiosques qui étaient jusque-là exploités par des OSBL.

Loto-Québec prévoit lancer d'autres appels d'offres semblables en avril et en novembre 2017.

QUÉBEC SOLIDAIRE SONNE L'ALARME

Le député de Québec solidaire Amir Khadir est le premier élu à sonner l'alarme sur la nouvelle stratégie de détail de Loto-Québec.

« Ces organismes sont très dépendants de ces revenus, et Loto-Québec est en train de les priver d'un financement assez important qui va avoir un impact sur les services qu'ils sont capables d'offrir », dénonce M. Khadir.

À ses yeux, il est clair que Loto-Québec se désengage de sa mission sociale et que c'est le gouvernement libéral qui est l'ultime responsable.

« Les gens que ce gouvernement a mis en poste dans les institutions de l'État ne semblent avoir aucune considération sur les finalités de nature publique et sociale de leur action », dénonce M. Khadir.

« Ils sont en train de privatiser une partie des activités sans aucune justification, de manière relativement opaque, sans consultation de ces groupes, avec des méthodes assez discutables. »

La Presse s'est entretenue avec cinq dirigeants d'OSBL. Chacun s'est dit inquiet de la réforme de Loto-Québec.

« C'est une mauvaise nouvelle. Ça va faire générer des profits à une entreprise qui n'en a pas vraiment besoin. C'est nous, les OSBL, qui avons besoin d'argent pour le distribuer à nos membres et offrir de meilleurs services », plaide l'administrateur d'un organisme qui exploite un kiosque.

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