Loi 21 : prenez un numéro

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La contestation de la laïcité vient de l'Anti-Québec


La scène se passe dans un bureau du gouvernement.  


« Bonjour, madame, suis-je bien au Bureau des plaintes contre la loi 21 ? 


— En plein ça ! 


— J’aimerais déposer une plainte... 


— Prenez un numéro et asseyez-vous, on va vous appeler. » 


L’homme prend un numéro. 


« Je suis le numéro 325. Vous êtes rendus où ? 


— Au numéro 11.  


— Onze ? Merde... Y a du monde à la messe ! » 


La fonctionnaire le regarde avec un air de bœuf. 


« On est dans un endroit laïque, ici ! 


— Ah oui, c’est vrai, ’scusez... Qui il y a avant moi ? 


— Plein de monde... La Ville de Toronto, la Ville de Calgary, la province de l’Ontario, le conseil municipal de Montréal, la Commission scolaire English-Montréal, la Fédération autonome de l’enseignement, la CSN, la CSQ, l’Alliance de la fonction publique du Canada, le Barreau du Québec, la Fédération des femmes du Québec, le Congrès national des musulmans canadiens, Dollard-des-Ormeaux, Côte-Saint-Luc, Pointe-Claire, Kirkland, Westmount, Baie-d’Urfé, Beaconsfield, Ville Mont-Royal, Dorval, Montréal-Ouest, Sainte-Anne-de-Bellevue, Montréal-Est, Senneville... 








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— OK, OK ! Je vais aller m’asseoir... » 


Quatre heures plus tard, l’homme revient voir la fonctionnaire. 


« Croyez-vous que je vais passer bientôt ? 


— Il y a encore beaucoup de gens avant vous : Dominique Anglade, Alexandre Cusson... 


— Mais ils n’ont pas dit qu’ils étaient pour la loi 21 ? 


— Ils ont dit qu’ils ne la déchireraient pas. Mais en même temps, ils ne renou­velleront pas la clause dérogatoire. Ce qui, dans les faits, condamne la loi 21 à une mort certaine. Ils ne veulent pas tirer le coup fatal, mais ils vont détourner la tête et fermer les yeux quand ses adversaires vont l’assassiner de sang-froid.  


On appelle ça : manquer de couilles. Laisser les autres faire la sale job.  


Ça veut diriger le Québec, mais c’est même pas capable d’assumer leurs choix... 


— Et qui il y a d’autre avant moi ? 


— Les associations étudiantes. 


— Pourquoi veulent-elles contester la loi ?  


— Parce que la loi veut “interdire”. Or, les étudiants refusent le mot “interdire”. Pour eux, c’est un mot autoritaire, créé par le patriarcat néo-libéral colonialiste et hétérocentriste. Ils préfèrent le mot “permettre”. Ils veulent que le gouvernement permette tout, tout le temps, en tous lieux, qu’importe le contexte. 


Que voulez-vous, c’est comme ça qu’ils ont été élevés... Certains jeunes sont venus me demander ce que le mot “interdiction” voulait dire, car ils ne l’avaient jamais entendu ! 


— OK, je retourne m’asseoir... » 


Tout à coup, le gars remarque que la fonctionnaire porte deux macarons épinglés sur sa chemise. 


« Hey, vous portez deux macarons, un pour la loi 21 et un autre pour la laïcité ! Comment ça ? Vous représentez l’État, vous n’avez pas le droit d’afficher vos convictions au travail ! Vous devez être neutre ! Je vais porter plainte ! » 


La fonctionnaire le regarde en souriant. 


« Pour porter plainte contre les employés de l’État qui affichent leurs convictions, c’est le bureau, dans le fond, là-bas.  


Vous avez juste à demander à la fonctionnaire voilée de prendre votre nom et au fonctionnaire qui porte un turban de vous donner un numéro... » 


ÉDITO DE RICHARD MARTINEAU 












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