Petite époque, petits politiciens

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Le libéralisme assèche le politique par le tout-à-l'économique


Je ne veux pas dénigrer les hommes et les femmes qui ont décidé de se porter candidats dans les courses au leadership du PQ et du PLQ.  


Ils ont tout mon respect.   


Mais...   


Suis-je seul à ne pas être excité?   


UNE ÉPOQUE QUI CHAUSSE DU 5  


Je n’ai rien contre Dominique Anglade, Alexandre Cusson et Sylvain Gaudreault.   


Ni contre Frédéric Bastien et Paul St-Pierre Plamondon, qui songent à sauter dans l’arène pour le PQ.   


Mais avouez-le : on est loin des Bourassa, Landry, Parizeau, Bouchard et Lévesque.   


On n’est pas du tout dans les mêmes pointures.   


Remarquez, c’est partout pareil.   


Nommez-moi un chef d’État qui vous excite, ces temps-ci. Qui vous passionne, qui vous inspire.   


Qui vous donne envie de prendre le large à ses côtés.   


On a des bouffons à grande gueule (Poutine, Trump, Johnson). Des bellâtres qui s’écoutent parler (Macron, Trudeau).   


Des populistes, des gérants.   


Quand c’est rendu que Barack Obama passe pour un grand intellectuel et un grand chef d’État, c’est que ça va mal à la shop.   


D’ailleurs, avez-vous vu? On ne vante plus les politiciens pour leurs idées, mais pour leur personne.   


Un tel ferait un bon président parce qu’il est gai.   


Une telle ferait une bonne présidente (ou une bonne première ministre) parce qu’elle est une femme.   


Moins nos politiciens ont d’idées, plus on met l’accent sur leurs caractéristiques physiques.   


«Le Québec est prêt pour une femme noire», clame Dominique Anglade.   


Si la candidate à la chefferie du PLQ était en fauteuil roulant, elle aurait sans aucun doute ajouté «handicapée» à sa liste de «qualités».   


LE GENDARME DE SAINT-TROPEZ  


«On a les politiciens qu’on mérite», dit l’adage.   


Faut croire qu’on mérite peu.   


Remarquez... Les politiciens qui nous dirigent ne sortent pas de la cuisse de Jupiter, ils sont à l’image de leur époque.   


Si de Gaulle, Churchill et Roosevelt avaient de l’envergure, c’est parce que l’époque à laquelle ils vivaient avait de l’ampleur, du souffle – pour le meilleur et pour le pire.   


«Aux grands maux, les grands moyens.»   


Or, aujourd’hui, on passe deux semaines à parler du coton ouaté d’une députée (je m’inclus dans la liste des coupables).   


Pas étonnant que l’offre politique manque de oumph!   


Avec les médias sociaux qui roulent 24 heures sur 24, et qui transforment la moindre peccadille en scandale national, qui a envie de se lancer en politique? Dans les années 1970, quand tu construisais un barrage pharaonique dans le Nord, tout le monde applaudissait ta vision, ta témérité.   


Aujourd’hui, plus moyen de construire un cabanon dans ta cour sans te mettre 15 lobbys à dos.   


Avec la mondialisation de l’économie, la marge de manœuvre des politiciens fond comme neige au soleil.   


Vous pensez que c’est Macron, Trudeau ou Trump qui façonnent le monde de demain?   


Non : c’est Google, Apple et Amazon.   


Les chefs d’État ont autant de pouvoir que Louis de Funès dans Le Gendarme de Saint-Tropez.   


Ils se mettent au coin des rues et tentent de gérer le trafic avec leur sifflet, mais personne ne les écoute.   


LA CHANCE AUX COUREURS  


Les courses commencent. Donnons une chance aux participants.   


Mais quelque chose me dit qu’on n’aura pas les poils de bras au garde-à-vous.  


Édito de Richard Martineau à QUB radio






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