Jusqu’au bout de nos rêves

Lettre à Jean Charest ou à Éric Duhaime ?

[Pardonnez les fautes cette lettre est en mode «construction» ]

Tribune libre


Jusqu’au bout de nos rêves
Il n’y a pas de solution miracle, mais parfois, les miracles surviennent. Imaginer un monde meilleur, cela se fait. Imaginez quelque chose de beau, de grand, de vaste ; un endroit agréable, multicolore, varié, un lieu ni trop chaud ni trop froid, ni trop sombre ni trop lumineux.. Imaginez une maison, une prairie, un cours d’eau, un juste milieu… Imaginez un ciel bleu, des espaces verts à n’en plus finir, une faune abondante, une flore émerveillée… Imaginez un instant,voir un moment... Ça y est! vous y êtes presque! Bravo, vous n’êtes plus seul:«we are not alone» ! Bienvenue sur Terre ! Surtout, n’ayez pas peur si on vous y traite de... «sale rêveur»!

Qui ne rêve pas, n’a pas rêvé ou ne rêvera pas d’un coin de paradis ? Refaire la Terre à l’image de nos rêves est un lieu commun. Le lieu commun du commun des mortels. Un rêve bien nourrit, bien entretenus. Bien sûr, il y en aura toujours qui rêveront autrement voir plus «étroitement» ou plus «égoïstement». Ils vous diront qu’ils sont «réalistes» que le rêveur n’est pas dans l’action. Un plus loin dans l’abnégation ils vous diront que le «rêve» n’est pas «action». Plus «concrètement» ils rajouteront que l’avenir appartient à ceux qui agissent et non à ceux qui rêvent; comme si le rêve, le poète, l’écrivain, l’imaginaire, la poésie, les arts, la culture ou l’écriture, n’étaient pas des bâtisseurs de monde…
Tous les jours ne brillent pas de la même lumière et le «Soleil» en sait quelque chose. De toutes les dépendances, celle à l’argent est sans doute la plus répandue et la plus connue, quoique, vu sous cet angle dérangeant, on en parle rarement. On comprendra puisque l’argent mène le monde. Or, l’argent, tout le monde le sait ou presque, n’est pas une drogue même si tout le monde en consomme et en dépend. On n’en sort pas ! Pensez-y un instant. L’argent est l’instrument par excellence du contrôle des masses et qui dit contrôle dit aussi contrôlant, contrôleur. Tout bon pays voir tout bon gouvernement à une économie à gérer. Et là je m’arrête sur le mot «économie».
Si je vous retirais vos économies, celles de toute une vie, vous auriez −à peu de chose près − la réaction du toxicomane à qui l’on retire sa substance. Bien sûr, vous n’êtes pas «toxicomane» vous êtes autre chose! Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous, économiquement parlant, des «consommateurs» mais des «drogués ou des camés», ça, c'est autre chose...

Difficile de l’avouer. À part exceptions − et elles existent – très peu viennent au monde toxicomane, proxénète ou assassin ; La plus part le deviennent par la force des choses. Et si le danger croit avec l’usage il est faux de croire que «la chose» est hors d’usage ; ce n’est pas l’opium qui criera au peuple «méfie-toi des douceurs !». Nous dépendons de trop de choses pour ne pas comprendre ce qu’est une «douceur» ; style : «ça te dirait de faire de l’argent, beaucoup d’argent ?»…

N’ayez crainte, je ne suis pas en train de vous acheter ou de vous corrompre ; je voulais juste vous mettre l’eau à la bouche en ce qui concerne le prix et le mépris des formes. Sur ce, je vous suggère une lecture : Lettre Aux Voyous Du Cœur (édition Fayard) d’André Piettre. Si vous êtes encore maître de vous-même n’ayez pas peur d’y piger de vos deux mains: la sacoche est pleine ! En voici un extrait qui traite d'hypocrisie:

[ …«Votre société d’iniquité nous répugne aussi parce qu’elle est hypocrite». Vos «formes» n’expriment pas seulement une société et une culture de classe ; elles masquent une société d’autorité, de conventions, de contraintes qui vous forcent à mentir.
«Or, nous entendons être sincères, être vrais, authentiques. Parce que nous croyons réellement, et non pas seulement en paroles, à la dignité et à la liberté de l’homme, nous entendons nous réaliser nous-mêmes, au lieu de subir passivement l’influence des autres : famille, maîtres, milieu. Nous vous demandons d’être logique : vous nous avez donné la vie, laissez-nous donc faire notre vie comme nous l’entendons. Les juristes l’enseignent : “ Donner et retenir ne vaut.” Laisser-nous, enfin être des hommes !
«Comprenez que toute règle imposée du dehors, toute tradition, convenance, etc., nous sont doublement insupportables : comme obstacle à l’expression artificielle de structure sociales d’un autre âge.
«De grâce, donc, ne nous parlez plus de délicatesse, de discrétion, de réserve, de pudeur, etc. : tout cela n’est que fadaise, mensonge, tabous, et tromperie infantiles d’une société pourrie.
«Mensonge, hypocrisie que votre code cérémoniel et votre protocole ! Mensonge, hypocrisie, lâcheté que de faire dire que « vous n’êtes pas là », au lieu de déclarer franchement : “ je ne veux pas vous recevoir ; allez-vous en !” Mensonge, hypocrisie que d’assurer de vos sentiments cordiaux, dévoués − et toujours distingués !− ce correspondant détesté. Mensonge, lâcheté, bassesse que de présenter vos respects à ce supérieur honni. Et ne parlons pas des ces vœux, félicitations, condoléances, plus «sincères» les uns que les autres, envoyés à longueur de cartes et savamment dosé selon la hiérarchie des relations mondaines !
« Tu n’as pas honte de t’incliner profondément, hommages et baisemains, devant cette femme – mais tu viens de me la montrer : “ Tu la vois cette femme-là : elle a l’air d’une petite sainte. Eh bien ! crois-moi, c’est une jolie p…, elle en est à son troisième amant.”
«Mais surtout, vous ne voyez pas, vous ne sentez pas (vous n’y avez même pas pensé !) toute la misère des autres, qui se cache sous vos parures, qui sertit vos bijoux, qui tisse vos smokings, qui nourrit vos sucreries, et qui fait insultes à tous les raffinements de votre «éducation». Et vous voudriez que nous, les jeunes, nous entrions dans le cercle infernal de vos délices de corruption ? Non, merci !
«Vous vous voilez la face devant une nudité. Vous criez au scandale. Vous dénoncez l’érotisme comme la dernière des catastrophes. Mais c’est pour mieux jouir en cachette. Toute votre pudeur ne fait que protéger une plus grande perversion. C’est elle qui a inventé le péché du sexe (Anatole France et son ouvrage L’Île de pingouins l’avait bien vu !). Et il n’est pas étonnant que la prude Angleterre, se libérant enfin de son puritanisme, ait déferlé la vague qui vous effraie.
«Hypocrites ! Vous prêchez la famille et vous avez honte de la chair (mais comment les faites-vous donc vos trop nombreux enfants ?). Vous n’avez à la bouche que la «morale naturelle», et vous haïssez la nature. Vous bourrez vos enfants de complexes, et vous vous étonnez qu’un jour qu’ils se défoulent, Tricheurs, dites-vous : les premiers tricheurs c’est vous !
«Assez donc de votre comédie. Bas les masques ! Votre jeu ne prend plus.
«Longtemps, vous aviez cru, solennels lévites, en imposer au monde par vos ornements, votre latin et vos rites. Vous bénissez d’un geste large, vous condamniez, vous absolviez, vous liiez et vous déliiez. Et vous vous étonnez aujourd’hui qu’ayant à peu près tout «lâché», on vous lâche à votre tour. Mais soyez donc sincères ! Allez donc jusqu’au bout ! Lâchez donc vos ultimes décors, liquidez vos églises-musées et vos derniers trésors ! Fini le sacré ! Fini les formules et les fêtes, les rites et la magie ! Oui ou non, la religion est-elle affaire d’apparat ou affaire intérieure, de théâtre ou de conscience ? Sommes-nous, oui ou non, à l’âge de la science ?
«Et vous, hommes de loi, et vous, maîtres du Droit, laissez là vos toges, vos rabats, votre hermine. Nous ne sommes plus des enfants. Le peuple n’est plus un enfant. L’humanité toute entière sort enfin de l’enfance. Nous ne croyons plus à vos décors et à votre jargon, qui ne servent qu’à masquer une injustice bancale – comme le jargon des maîtres leur savante ignorance. Fini la rhétorique. Descendez du prétoire. Abandonnez vos chaires. La médecine à commencé d’être sérieuse quand elle à quitté les habits de Molière.
«Et relisez Pascal : “ le chancelier est grave et «revêtu d’ornements, car son poste est faux ; et (mais) non le roi : il a la force, il n’a que faire de «frapper l’imagination. Les juges, médecins, etc., «n’ont que l’imagination.
«…Grandeur d’établissement, respect «d’établissement.
«… Quand la force attaque la grimace, quand un «simple soldat prend le bonnet carré d’un premier «président et le fait voler par la fenêtre [1]…”
«Eh bien ! nous attaquons la grimace. Nous arrachons les masques. Et c’est pourquoi nous récusons vos modes, vos formules, vos coutumes, vos costumes.
«Laissez-nous à notre guise nous vêtir ou nous dévêtir, nous coiffer ou nous ne pas nous peigner, nous laver ou rester sales. Encore un coup, nous sommes libres et adultes ! Et que nous importe votre jugement ? Vous ne pouvez pas nous comprendre. Car vous vous appelez tradition, convention, artifice, et nous avons pour noms : Franchise. Simplicité, Sincérité. Nudité, Vérité – vérité des mots, des cœurs et des corps.
[1] Ed. Brunschvig, n⁰⁸ 307 et 310.]
Pour clore cette lettre ce n’est pas la réalité d’un monde meilleur qui nous manque mais d’une certaine façon, son rêve. Un rêve éthique à qui l’on brise les os et les jambes; ce qui fait de moi un «con» et pas un «héros» et c'est tant mieux! : au pays des anges, superman est heureux il devient homme, d'un autre côté, là est tout le problème, puisque au pays des hommes superman devient triste: il est bel et bien seul…

Comprenons aussi qu’en haut lieu ça coûte cher d’aider des gens. Le laissé pour compte, le toxicomane, l’itinérant, le prisonnier, bref, tous ces êtres qui sont «un visage de nous-mêmes laissé à lui-même» n’est pas fait pour plaire. Mais pour aller jusqu'au bout de nos rêves il faudra apprendre à se responsabiliser. Aussi, chaque geste que nous posons, chaque parole que nous prononçons, chaque rêve que nous réalisons où abandonnons sont autant de preuves de ce que nous véhiculons : un visage de nous même. Un regard auquel il faut répondre face au miroir …

Il est vrai que certains criminels ont la couenne dure mais les plus efficaces et actifs parmi eux ne sont pas toujours ceux que l’on pense. Cela est peut-être dû au fait qu’il est plus facile de répondre à la question «qu’est ce que la société» que de répondre à la question «qui l’a compose ou la dirige» ???.
Nicodème Camarda
25 décembre 2010


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