L’embarras libéral sur la question religieuse est devenu aussi spectaculaire que l’embarras péquiste sur la question référendaire.
Mais il est moins drôle parce qu’il pourrait finir par mettre en cause notre sécurité.
Le premier ministre Couillard pense maintenant que l’intégrisme religieux est une croyance extrême qui relève d’un choix personnel à respecter tant qu’il ne brime pas les droits et libertés d’autrui.
Le problème est évidemment dans la deuxième partie de la proposition: quel respect les intégristes ont-ils vraiment pour les droits et libertés d’autrui... quand on les laisse faire? Ne tournons pas autour du pot: toutes les religions ont des franges extrémistes, mais on ne parle ici que des intégristes islamiques. Face à eux, la position de M. Couillard soulève trois problèmes.
Sophismes
Le premier problème concerne les enfants. Quels droits et libertés une petite fille élevée dans une famille intégriste a-t-elle réellement? Dès l’enfance, elle sera endoctrinée dans la croyance qu’elle doit servir son mari dans l’humilité.
Cet aspect existe aussi chez les juifs ultra-orthodoxes, mais seuls les islamistes s’efforcent d’imposer cette conception aux autres.
Le second problème concerne la réciprocité. L’intégriste exerçant son choix personnel, selon la logique de M. Couillard, travaille à instaurer un monde dans lequel les autres perdront leurs choix personnels.
Prenons ce sulfureux imam Chaoui qui veut recruter des jeunes à qui il inculquera sa haine de la démocratie, des homosexuels et de la musique.
Que deviennent les droits et libertés des démocrates, des homosexuels et des mélomanes quand ce prosélytisme illuminé aura ravagé le cerveau des jeunes manipulés?
Le troisième problème est celui de la sécurité. L’intégrisme est le terreau fertile dans lequel peut parfois pousser la dérive terroriste. Notez en passant le
refus de nombre de prédicateurs extrémistes de condamner les actes terroristes.
Il est donc fallacieux et dangereux, comme le voudrait M. Couillard, d’établir un mur coupe-feu entre les questions d’intégrisme et les questions de sécurité. S’il y a moins d’intégrisme, la sécurité augmente et vice versa.
Le premier ministre le disait lui-même jadis avant de retourner sa veste pour une énième fois. Le 18 décembre 2013, il déclarait: «À ceux qui viennent chez nous pour profiter de nos libertés et de notre démocratie pour ensuite s’y attaquer et ultimement les détruire, nous disons haut et fort: vous n’êtes pas les bienvenus chez nous, nous vous combattrons, nous vous poursuivrons sans relâche!»
Pénible
Un an plus tard, par la grâce d’Allah, l’intégrisme est devenu un «choix personnel». C’est tellement intenable que la ministre Weill, qui n’a rien d’une frondeuse, n’a pas eu d’autre choix que de se mettre en contradiction avec son patron. Le chemin de croix du premier ministre fait peine à voir.
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