Les différences entre les sondages Léger et les autres au Québec soulèvent des questions.
Le sondeur Jean-Marc Léger a récemment jeté un pavé dans la mare du petit monde des sondages au Canada en déclarant sur son compte Twitter qu’il a de solides raisons de croire que ses collègues canadiens-anglais donnent une image tronquée de l’opinion québécoise :
C’est une affirmation sérieuse, mais force est de constater que l’écart entre les résultats du seul sondeur basé au Québec et ses homologues du ROC pose quelques problèmes, notamment pour les données agrégées telles que celles qui servent à constituer les projections du Calcul électoral. Que faire? Faudrait-il ajuster arbitrairement toutes les données de sondages sur le Québec qui proviennent des sondeurs canadiens-anglais? Faudrait-il ne faire confiance qu’à un seul sondeur pour le Québec? Peut-être, mais ce n’est pas le choix que nous avons fait en mettant sur pied le Calcul électoral. Nous avons misé plutôt sur la transparence et nous nous sommes donné pour consigne de ne pas prendre de telles décisions arbitraires.
Certains agrégateurs calibrent les résultats des différents sondages à l’aide de formules complexes fondées sur leur évaluation des performances passées des différents sondeurs, tout en se gardant bien de révéler quels sont les ajustements ainsi faits. C’est un choix méthodologique valable, mais l’opacité des ajustements apportés aux résultats publiés par les sondeurs enrobe les résultats dans une couche de mystère qui, à tout le moins, soulève des questions. C’est ce genre d’ajustement, par exemple, qui fait dire à certains analystes que le Parti libéral dominerait à la fois les intentions de vote et le décompte des sièges, alors que la plupart des autres agrégateurs donnent encore l’avance aux conservateurs.
Au « Calcul électoral », nous avons choisi d’éviter ce genre de manipulations (voir notre méthodologie), mais cela ne signifie pas qu’il puisse y avoir des raisons tout à fait valables d’ajuster à la hausse, par exemple, les intentions de vote pour le Bloc Québécois.
C’est pourquoi nous offrons la possibilité de de tester ce genre d’hypothèses à l’aide du Simulateur du Calcul électoral. Le principe est simple : on peut modifier à la hausse ou à la baisse le résultat d’un parti au Canada ou au Québec et observer immédiatement le résultat de cette modification sur le décompte potentiel des sièges (les appuis à tous les autres partis sont réduits proportionnellement à leur appui spécifique dans chaque comté). Il faut toutefois comprendre qu’une augmentation uniforme dans toutes les circonscriptions n’est peut-être pas un scénario réaliste. Donc, par exemple, l’effet d’une augmentation de quatre points de l’appui au Bloc serait mieux estimée par une augmentation de cinq points sur l’échelle du Simulateur, car l’appui au Bloc est minime dans certaines circonscriptions.
Bref, si on a de bonnes raisons de croire que les sondages agrégés du Calcul électoral sous-estiment l’appui au Bloc Québécois par quatre points, ceci signifierait (selon les données affichées le 8 octobre) que le Bloc obtiendrait environ 24% des intentions de vote et le décompte ajusté des sièges de ce parti se chiffrerait à 13 sièges (disons une quinzaine si tout va bien et pour faire un chiffre rond) selon le Simulateur. On est loin du Bloc des belles années, mais un tel résultat pourrait donner un souffle nouveau à ce parti que d’aucuns avaient déclaré défunt il n’y a pas si longtemps.
Qui dit vrai? Les sondeurs ont-ils systématiquement sous-estimé l’appui au Bloc Québécois dans cette campagne? Réponse le 19 octobre.
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