Les revendications du Québec aux oubliettes pour dix ans

François Legault et la CAQ estiment qu'il faut repousser tout débat sur la question nationale

CAQ - Coalition pour l’avenir du Québec


Robert Dutrisac - Lévis — Visant à réconcilier fédéralistes et souverainistes, François Legault propose de reléguer aux oubliettes pendant au moins dix ans tout débat sur la question nationale au Québec.
«Actuellement, ça divise le Québec. Je pense qu'on a besoin d'au moins une dizaine d'années pour rebâtir notre rapport de force. Et ce sera bon pour les deux camps, ceux qui sont pour le fédéralisme renouvelé et ceux qui sont pour la souveraineté», a déclaré François Legault, le porte-étendard de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), en marge d'un discours qu'il prononçait devant la Chambre de commerce de Lévis.
Dans un point de presse précédant son allocution, François Legault avait semé la confusion en affirmant qu'il ne tiendrait jamais de référendum sur la souveraineté «en tout cas sûrement pas dans un premier mandat» d'un gouvernement qu'il dirigerait. Il s'est employé à rectifier le tir par la suite. «J'ai 54 ans et je ne pense pas que dans ma vie active, je travaillerai sur un référendum», a-t-il soutenu. «Je ne pense pas qu'on doive, dans un avenir prévisible, travailler à la souveraineté, a-t-il ajouté. Il faut sortir du déni; il n'y a pas de volonté dans la population de voter pour un référendum sur la souveraineté du Québec.»
Ainsi, un gouvernement dirigé par François Legault ne tentera pas, par exemple, de négocier avec Ottawa une entente sur la culture et les communications, comme Jean Charest s'est proposé de faire. De même, la réforme du Sénat que veut réaliser Stephen Harper, «ce n'est pas un problème majeur», a-t-il livré au Devoir. Les revendications du Québec à l'endroit du fédéral ne sont pas une priorité pour la population, juge François Legault. En outre, les relations entre Québec et Ottawa ne présenteront pas de problèmes particuliers. «Je ne prévois pas que vont s'ajouter des problèmes importants entre le Québec et Ottawa», a-t-il avancé.
Dans son discours, François Legault a fait valoir qu'avant d'être divisés entre fédéralistes et souverainistes, les Québécois en majorité sont nationalistes. «On peut bâtir une réconciliation autour de cet intérêt national, estime-t-il. C'est en trouvant un compromis qui pourrait mettre fin au dialogue de sourds qu'on pourra mettre les meilleurs dans la même équipe.»
En adoptant les orientations préconisées par la CAQ, que ce soit en santé, en éducation ou en économie, le Québec pourrait ne plus dépendre de la péréquation d'ici dix ans. Cela changerait la dynamique au Canada et donnerait «une meilleure force de frappe» au Québec «qui aura la capacité de choisir le statut qui lui conviendra, quel qu'il soit», a prédit François Legault.
Un parti ou pas?
Maintenant que Jean Charest a dit qu'il n'y aura pas d'élections cet automne — François Legault le croit sur parole —, la CAQ poursuivra son plan de match qui se conclura, après une tournée du Québec en septembre et en octobre, par la publication d'un plan d'action à la fin de l'année. François Legault joue encore à celui qui n'a pas encore décidé s'il formera son parti au début de 2012. Le Parti libéral ou le PQ pourraient s'engager à appliquer le plan d'action de la CAQ, fait-il remarquer sans trop de conviction. Mais cette éventualité est des plus improbables.
«Je ne souhaite pas être la saveur du mois», a dit François Legault en commentant le dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir qui place son futur parti en tête dans les intentions de vote. «Si c'est juste le changement pour le changement, c'est très volatil.»
Des libéraux, des péquistes et d'anciens adéquistes s'étaient déplacés pour entendre François Legault. Le député indépendant de Chutes-de-la-Chaudière, Marc Picard, était de la partie, tout comme l'ancien député adéquiste de Berthier François Benjamin. Des apparatchiks péquistes prenaient des notes. Les libéraux avaient réservé leur table. La présidente de la Commission-Jeunesse du PLQ, Maripier Isabelle, pour sa part, ne croit aucunement à une réconciliation entre fédéralistes et souverainistes.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->