Coalition pour l'avenir du Québec

De l'imposture en politique

CAQ - Coalition pour l’avenir du Québec



François Legault a lancé sa Coalition pour l'avenir du Québec en proposant de mettre entre parenthèses pour une période de dix ans la dimension la plus fondamentale de cet avenir: la dimension constitutionnelle.
Il le fait très ouvertement parce qu'il voit là la condition de la réalisation de son ambition de devenir premier ministre du Québec. L'ambition en tant que telle n'a rien d'illégitime, mais elle confine à mes yeux à l'imposture dans le contexte où elle se manifeste. Parce que François Legault ne peut pas ne pas savoir que la condition qu'il propose est à la fois irresponsable et irréaliste.
Incompatibilité
Irresponsable. De par la nature de sa fonction, le premier ministre du Québec ne doit pas et ne peut pas se soustraire à l'obligation d'assumer en tout temps toutes les dimensions de la vie collective de la nation québécoise, au premier chef celles qui concernent son devenir politique et constitutionnel. La proposition d'un moratoire, quelle qu'en soit la durée, à l'égard de la direction d'ensemble à donner à l'évolution de la société québécoise me paraît incompatible avec les exigences de la fonction de chef du gouvernement du Québec.
Irréaliste. Le candidat à la fonction de premier ministre du Québec doit savoir qu'il n'échappera pas aux réalités qui vont solliciter de façon constante et permanente des choix de son gouvernement engageant l'avenir du Québec, pas seulement son avenir économique, social ou culturel, mais tout son avenir politique. Au tout premier plan de ces réalités, il ne faut pas être grand clerc pour situer le statut d'État fédéré qui est encore celui du Québec.
Opportunisme
Un gouvernement majoritaire est bien en selle à Ottawa pour cinq ans et sans doute davantage. Il poursuivra inéluctablement l'entreprise fédérale de nation building dans sa version conservatrice.
Il est inévitable, on le sait déjà, que les politiques de ce gouvernement viennent souvent et peut-être même très systématiquement en conflit avec les valeurs et les intérêts des Québécois.
Moratoire ou pas, le premier ministre du Québec devra prendre position et il devra nécessairement le faire en explicitant les perspectives dont il s'inspirera, ces perspectives traduisant ultimement ses orientations en matière constitutionnelle, que ce soit dans le sens d'une réforme du fédéralisme ou de l'accession à la plénitude du pouvoir politique. Prétendre que ce ne sera pas le cas relève d'une sorte d'opportunisme voisinant le cynisme.
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Yves Martin, ex-conseiller dans les cabinets Parizeau, Bouchard et Landry


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