Les premières pierres

Sous prétexte de crise identitaire, le PQ cherche à poser les premières pierres de l'indépendance: Constitution, citoyenneté.

Quand Pratte panique...

Sentant que nombre de souverainistes sont tentés par l'ADQ, Pauline Marois tente de les ramener au bercail en leur proposant une sorte d'indépendance virtuelle. Quand on lit les projets de Constitution et de citoyenneté québécoises présentés la semaine dernière, on constate en effet qu'ils ont peu à voir avec le malaise identitaire des Québécois. Nul besoin d'une Constitution et d'une citoyenneté québécoises pour amender la Charte des droits et étendre la portée de la loi 101.
Cependant, Constitution et citoyenneté sont les attributs d'un pays souverain. En attendant qu'un référendum redevienne possible, les leaders péquistes offrent à leurs militants de franchir deux pas symboliques vers l'indépendance.
La Constitution proposée par le PQ a toutes les allures de celle d'un pays. Pas un mot sur le Canada ou sur le fait que le Québec fait partie d'une fédération. On peut même y lire que «le Québec contribue au maintien de la paix et de la sécurité internationale» ! (On remarque aussi que pour amender cette Constitution, il faudra une majorité des deux tiers des députés, une proposition paradoxale venant du parti du 50% plus un...)
L'idée de créer une citoyenneté québécoise est tout aussi habile (il y aurait même une «carte de citoyenneté», prélude évident au passeport). Sauf que si on veut en faire autre chose qu'une coquille vide, la collision avec la citoyenneté canadienne est inévitable. D'où les situations injustes auxquelles aboutirait le lien proposé entre la citoyenneté québécoise et la maîtrise du français. Ainsi, un citoyen canadien anglophone venant s'installer au Québec ne pourrait se présenter aux élections provinciales ou verser une contribution à un parti à moins d'apprendre le français. Les Canadiens hors Québec seraient désormais traités comme les nouveaux arrivants. Comme des étrangers!
Imaginez la réciproque: un Québécois unilingue français déménage en Alberta. Trouverait-il juste qu'on le prive de ses droits fondamentaux en raison de sa méconnaissance de l'anglais?
(À ce sujet: n'y a-t-il pas quelque chose de choquant à ce que Mme Marois, qui n'est pas parvenue à apprendre l'anglais en 58 ans, veuille imposer aux immigrants d'apprendre le français en trois courtes années, sous peine de perdre leurs droits?)
C'est le fondement de la citoyenneté: tous les citoyens jouissent des mêmes droits où qu'ils se trouvent au pays. La situation du français au Québec, si elle exige la vigilance, ne justifie pas qu'on viole les droits fondamentaux de nos compatriotes canadiens.
À défaut d'indépendance, le PQ cherche donc, sous prétexte de crise identitaire, à en poser les premières pierres: Constitution, citoyenneté. Si le PQ est porté au pouvoir, la rédaction de la Constitution virera en querelle entre camps souverainiste et fédéraliste, tandis que les exigences linguistiques de la citoyenneté québécoise susciteront la division et aboutiront devant les tribunaux. Le Québec a-t-il vraiment besoin de tels déchirements?
Afin d'amadouer les Québécois, Mme Marois a relégué le référendum aux notes de bas de page du programme péquiste. On voit que cela n'empêchera pas un gouvernement du PQ de manoeuvrer, subrepticement, pour se rapprocher de son objectif.
apratte@lapresse.ca
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André Pratte878 articles

  • 308 206

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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