Pourquoi ? Y a-t-il une question plus bête que celle-là ? Même un tout jeune enfant la pose à longueur de journée, alors que ses sens explorent le monde qui l'entoure. Et c'est probablement la question que l'on répète le plus fréquemment tout au long de notre vie. C'est normal. La plus grande quête que l'être humain puisse entreprendre tout au long de sa vie, c'est celle du sens de son existence même (ainsi furent engendrés ces très curieux personnages que sont les philosophes...).
Cette question du pourquoi des choses est toute aussi vraie pour un être humain que pour un peuple ou une nation.
Un ancien premier ministre du Québec me demandait un jour : « d'après toi, Normand, de quelle façon devrait-on s'y prendre pour faire passer l'appui populaire à l'idée de la souveraineté du Québec au-dessus de la barre des 50%» ? Ça va bientôt faire deux ans que je rumine cette question. Puis, il y a le sens des choses qui m'apparaît comme étant un élément-clé de la réponse à la question qui me fut posée à l'époque. Plus j'y pense, plus je me dis que la question fondamentale de l'argumentaire souverainiste devrait être posée en ces termes : Pourquoi la nation québécoise devrait-elle former un pays souverain ?
Présentement, il y a un peu moins de la moitié de notre peuple qui porte ce désir profond et légitime. Avons-nous les réponses à l'esprit pour convaincre au moins une bonne moitié de l'autre moitié qui n'en voit point la nécessité ?
C'est à chacun d'entre nous (les militants de la cause) que la question est adressée.
Je suis persuadé qu'il n'y a pas qu'une seule réponse valable, mais plutôt un ensemble d'éléments recevables.
Alors permettez-moi de vous la poser cette question : en votre for intérieur, pourquoi le Québec doit-il devenir un pays souverain ? Quels sont nos motifs d'ordre sociologique, culturel, économique et historique ?
Faire l'apologie de la souveraineté du Québec, c'est tenter de répondre aux multiples pourquoi qui logent dans l'esprit de toute personne qui s'interroge sur sa nécessité et ses conséquences. Telle semble être la mission que s'est donnée le chef péquiste André Boisclair, à la lumière [du discours qu'il prononça->2414] à l'occasion de son entrée dans l'enceinte de l'Assemblée nationale du Québec, le 17 octobre 2006.
Je suis le premier à admettre cette nécessité de mise en évidence des pourquoi.
Souvenons-nous du quasi-scandale provoqué l'été dernier par les déclarations de Michel Tremblay et Robert Lepage, alors que tous deux, à leur manière, déploraient le fait que l'apologie de la question nationale tourne essentiellement autour de questions économiques depuis trop longtemps, à tel point que les raisons fondamentales sont tout simplement escamotées.
Lorsque messieurs Tremblay et Lepage ont littéralement tourné les projecteurs sur cette problématique, je me suis dit autant il est vrai que l'argument économique semble être devenu la seule explication à la nécessité de la souveraineté, autant il est vrai que l'on commettrait une grave erreur de ne plus en parler.
La solution que j'ai proposée à des personnes influentes dans le mouvement souverainiste, est que l'on doit impérativement sortir l'argument économique de son isolement apparent et de l'intégrer à l'intérieur d'un argumentaire à multiples volets.
J'affirme par surcroît que l'élément dominant de l'apologie souverainiste se doit d'être ontologique. Tout comme la personne humaine, ce n'est pas ce qui est produit par un peuple qui constitue son essence, mais bel et bien ce qu'il EST dans son identité profonde.
Mais prenons garde à un autre piège : pour réussir à convaincre les gens des nécessités de la souveraineté du Québec, pour gagner de nouveaux adeptes à cette option, il faudrait éviter de tomber dans une erreur semblable par rapport au comment et au quand de la souveraineté.
Ce n'est pas parce qu'il y a nécessité et urgence de répondre aux pourquoi de la souveraineté, qu'il faut pour autant balayer du revers de la main les questions touchant le moment où l'on envisage de faire cette souveraineté du Québec, ainsi que les mécanismes d'accession à ce statut d'État souverain. N'est-ce pas ce que voulait signifier Louis Bernard durant la campagne à la chefferie en 2005 lorsqu'il disait [« faire les choses correctement »->www.vigile.net/05-7/souv-1.html#16] ?
Pourquoi, quand et comment sont tous de manière égale des questions légitimes exigeant des réponses, où nous devons avoir la préoccupation de chasser le doute avec un souci de clarté absolu, dans l'esprit des personnes qui se les posent, tout comme ceux qui les posent en leur nom (les journalistes, par exemple).
Dans le doute, s'abstenir, dit une maxime ancienne. Alors, tant que des zones d'ombres seront présentes dans l'esprit du citoyen, il n'aura d'autre choix que d'y réfléchir à deux reprises avant de faire un choix aussi fondamental pour son avenir comme celui de sa collectivité.
Pour « faire les choses correctement », il ne faut point les faire à moitié, mais intégralement. Là est la meilleure garantie de la réussite d'une mission dont se prétendent l'unique porteur le PQ et son chef actuel.
Qu'en concluons-nous ? Que le programme du PQ en matière de souveraineté du Québec dans ses pourquoi, quand et comment, répond en grande partie à toutes ces questions, et prétendre que sa « fine analyse » doit être reléguée aux oubliettes, parce que les « réalités politiques » deviennent prépondérantes à l'aube d'une campagne électorale, est laisser planer le doute dans l'esprit de ceux et celles qui ne sont pas convaincus du projet souverainiste. Se faisant, on doit oublier de faire de nouveaux adeptes à notre noble cause.
En occultant les comment et quand de la réalisation de notre projet de pays, c'est à se demander si le PQ ne vient pas de laisser tomber les deux tiers de sa raison d'être. C'est à se demander également si l'appel d'un référendum sur la souveraineté du Québec n'est pas devenu un concept évacué de sens par un parti politique qui n'a de regard que pour le pouvoir ?
Au fait, 50 %+1 d'appui populaire au suffrage universel à l'idée de la souveraineté du Québec, sans perdre de vue le facteur de la reconnaissance de la communauté internationale : est-ce que la voie référendaire est incontestablement l'unique méthode pour les obtenir ?
[Une élection décisionnelle, non un référendum !->2419] Cette idée fait beaucoup de chemin par les temps qui courent. Et elle pourrait devenir à mon sens une très grande source d'inspiration pour nous ingénier à élaborer une apologie de la souveraineté du Québec qui puisse répondre à tous les pourquoi, comment et quand.
Les Pourquoi
Chronique de Normand Perry
Normand Perry126 articles
On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projet...
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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.
Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.
Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.
Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].
Sa plume va le conduire en politique active.
Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.
A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).
Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.
Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois
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