Les péquistes se rangent derrière un "nous" inclusif

Le "Nous" - l'expérience québécoise


Beauchemin, Malorie - QUÉBEC - Après 12 ans de "tabou", Pauline Marois ainsi que les députés péquistes estiment qu'il est temps de réhabiliter le "nous" identitaire dans le discours du Parti québécois, mais en lui donnant cette fois une portée "inclusive".
"Fondamentalement, le Parti québécois est le parti qui a souhaité que l'on respecte ce que nous sommes, avec notre identité, avec ce qui nous différencie", a souligné la nouvelle chef du PQ, au lendemain d'un discours enflammé sur la nécessité pour les souverainistes de se réapproprier le débat sur l'identité québécoise.
"C'est une façon d'indiquer un "nous" pluraliste, inclusif. Nous avons une culture, une histoire, et tout le monde peut y participer", a ajouté Mme Marois.
Le soir de la défaite référendaire de 1995, le premier ministre Jacques Parizeau avait soulevé un tollé en opposant le "nous" québécois aux "autres", immigrants et anglophones. C'est de cet héritage, qui a hanté le Parti québécois depuis, que Mme Marois cherche à se défaire, estiment les députés de la formation souverainiste.
"C'est un beau "nous" qu'utilise Mme Marois, un "nous" inclusif, a souligné le député de Borduas, Pierre Curzi. C'est clair que dans le cas de M. Parizeau, ce "nous" - là était exclusif. Il y a eu une certaine culpabilité qu'on a traînée. Le fait qu'on réaffirme maintenant notre "nous" collectif, ça me semble très correct."
Pour le député de Richelieu, Sylvain Simard, le discours de M. Parizeau avait créé "un malaise sur l'aspect identitaire" qu'il faut maintenant mettre de côté. "Le temps a un petit peu calmé la levée de bouclier", a-t-il expliqué, ajoutant qu'il est temps de "repositionner et recentrer" le parti sur cette "question fondamentale" de l'identité.
"Tout le monde peut faire parti du "nous", mais il ne faut pas être gêné de dire que ce "nous" parle français", a pour sa part estimé la recrue du PQ, Bernard Drainville.
Équipe modifiée
À l'issue d'un caucus des députés péquistes de deux jours, à Québec, la chef du PQ a énoncé quelques-unes de ses priorités pour l'automne: crise forestière, défense de la langue française, commission parlementaire sur l'immigration, accommodements raisonnables, infrastructures, santé.
Mme Marois en a aussi profité pour annoncer les changements de responsabilités à l'intérieur de son équipe, confirmant notamment le départ de Diane Lemieux. Sans surprise, l'ancien chef du parti, André Boisclair, n'a aucun dossier sous sa responsabilité, même s'il n'a pas encore annoncé s'il a l'intention de rester ou de démissionner. Mme Marois a affirmé être prête à lui faire une place dans l'équipe s'il décidait de rester.
Le député de Gouin, Nicolas Girard, proche collaborateur de M. Boisclair, perd le dossier chaud de l'éducation supérieure, pour se concentrer plutôt sur l'état des urgences, la lutte contre la pauvreté et le logement social. Marie Malavoy, députée de Taillon, conjuguera les dossiers d'éducation (autrefois confié à Diane Lemieux) et d'enseignement supérieur. Le député recrue de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, prend du galon en obtenant le dossier des affaires intergouvernementales canadiennes. Les députés de Vachon et de Verchères, Camil Bouchard et Stéphane Bergeron, s'échangent leurs responsabilités, le premier prenant l'important dossier de l'environnement et le second se retrouvant avec les questions familiales. C'est Rita Dionne-Marsolais, députée de Rosemont, qui sera la nouvelle présidente du caucus.
Six députés seront chargés de reconquérir les régions où le Parti québécois est totalement absent: Laval, l'Outaouais, l'Estrie, Chaudière-Appalaches, le Centre-du-Québec et la Mauricie.
Par ailleurs, la chef du Parti québécois a écarté du revers de la main l'idée avancée par certains membres du caucus libéral de faire une trêve pendant la prochaine année, pour éviter de déclencher des élections pendant les festivités du 400e anniversaire de la Ville de Québec.
"On ne peut jamais en avance décider de quoi que ce soit sans connaître la réalité, a dit Mme Marois. Si les politiques qui nous sont présentées heurtent ce que nous pensons qu'on doit faire à l'égard de la population, on agira en conséquence."


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