Les parents à l'école : plus de place, moins de temps

Éducation au Québec — effondrement du système


«Ce n'est plus comme avant, les parents s'impliquent beaucoup moins dans l'éducation de leurs enfants. Aujourd'hui, ils nous répondent qu'ils n'ont pas le temps...»
Parlez-en à des professeurs qui ont plusieurs années de métier, ils vous répondront presque tous la même chose : l'appui des parents était beaucoup plus facile à obtenir il y a 30 ans qu'aujourd'hui. Mais, paradoxalement, la place qu'occupent les parents dans la prise de décisions à l'école est beaucoup plus grande qu'elle ne l'était auparavant.
Dans les années 60, les parents étaient des bénévoles qui assistaient les professeurs sans dire un mot, se rappelle Diane Provencher, qui a été présidente de l'Association des directeurs généraux du Québec. C'était la parole de l'enseignant qui prévalait
À partir de 1971, des parents siègent au comité d'école, mais à titre consultatif seulement. Des comités de parents sont aussi créés, mais «ils n'avaient pas grand pouvoir dans les décisions prises», note Mme Provencher.
Au fil des ans, l'école se démocratise peu à peu et les parents prennent de plus en plus de place dans la vie de l'école, indique Marie-France Boulay, porte-parole du ministère. Il faut cependant attendre la mise en place des conseils d'établissement, en 1998, avant que les parents ne prennent véritablement part aux décisions. À cette table, ils sont dorénavant aussi nombreux que les membres du personnel de l'école. En cas d'égalité, c'est même un parent - le président du conseil - qui a le dernier mot.
La vie à toute vitesse
Mais le fait d'ouvrir les portes de l'école aux parents est loin d'avoir tout réglé. La vie a changé et les deux parents partent maintenant pour le boulot chaque matin. Le nombre d'enfants qui fréquentent les services de garde au primaire est d'ailleurs passé de 74 000 en 1996 à... 231 000 en 2006, selon les chiffres de la Fédération des commissions scolaires. Les jeunes familles sont à bout de souffle et n'ont plus beaucoup de temps à consacrer à la vie de l'école.
Résultat : on a de la difficulté à trouver des parents pour siéger aux conseils d'établissement, indique Diane Miron, présidente de la Fédération des comités de parents. Et on en demande beaucoup, beaucoup à l'école, ajoute Paula Duguay, vice-présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). Débordés, des parents se déresponsabilisent, déplore-t-elle : «Les parents en général se disent : " Je confie à l'école que j'ai choisie le soin d'élever et d'éduquer mon enfant."»
Les inégalités sociales ont augmenté de concert avec le nombre de familles monoparentales, ajoute Mme Duguay, ce qui n'améliore pas la situation. «La maman qui a trois enfants n'a pas le temps de s'occuper des rôles et responsabilités de l'école !»
Mme Miron indique quant à elle que l'école doit aussi pouvoir venir en aide à ces parents parfois déboussolés, en les orientant vers les bonnes ressources. «Oui, les parents ont de grandes attentes. Mais l'école doit aussi être une porte d'entrée vers d'autres ressources, - les CLSC par exemple - pour aider les familles en difficulté.»


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