Sondage Léger Marketing-Le Devoir

Les jeux sont-ils faits ?

37 % des électeurs songent à ne pas aller voter

Élection Québec - 8 décembre 2008

Deux semaines après le déclenchement des hostilités électorales, la campagne s'apparente à du bruit de fond. À peine un Québécois sur deux s'y intéresse, et ce sont les libéraux de Jean Charest qui en profitent.
C'est ce qui ressort d'un sondage Léger Marketing-Le Devoir réalisé entre vendredi et lundi dernier auprès de 1002 électeurs de la province. Jean Charest, Pauline Marois et Mario Dumont ont beau multiplier les promesses, les poignées de mains, les discours partisans et critiquer leurs adversaires, ils ne semblent guère réussir à capter l'attention de l'électorat. Seulement 47 % des répondants se disent intéressés par la campagne électorale contre 51 % qui ne s'en soucient guère. C'est chez les électeurs favorables à l'Action démocratique du Québec que l'on exprime le moins d'intérêt pour les élections, et ce, dans une proportion de 59 %.
Si la population apparaît peu préoccupée par la campagne, elle en a toutefois une idée bien arrêtée. L'impression que les jeux sont déjà faits se dégage de ce coup de sonde. Trois Québécois sur quatre concèdent déjà la victoire aux libéraux. Seulement 14 % des répondants croient que le Parti québécois formera le gouvernement et 4 % prédisent que l'ADQ va gagner.
Si des élections avaient eu lieu en début de semaine, le Parti libéral du Québec aurait célébré la victoire. Le PLQ maintient son avance avec 44 % des intentions de vote, après répartition des indécis, contre 33 % pour le Parti québécois. L'ADQ se classe loin derrière avec 15 % d'appuis. Québec solidaire et le Parti vert demeurent dans la marge en récoltant chacun seulement 4 % des voix.
Libéraux et péquistes se font une lutte beaucoup plus serrée auprès de l'électorat francophone. Le PQ conserve une légère avance de deux points de pourcentage (39 % contre 37 %) sur le PLQ. Cet écart se situe toutefois dans la marge d'erreur du sondage (3,4 %, 19 fois sur 20).
Selon le sondeur Christian Bourque de chez Léger Marketing, l'équipe de Jean Charest ne peut toutefois pas sabler le champagne tout de suite. «Avoir onze points d'avance peut sembler insurmontable, mais, compte tenu du vote francophone, ce n'est pas un résultat si éclatant pour le PLQ», analyse-t-il en regard du manque d'intérêt flagrant de la population.
D'ailleurs, 37 % des électeurs pourraient choisir de ne pas se rendre aux urnes. Cette proportion atteint même 52 % chez les électeurs adéquistes. Dans l'ensemble, seulement 48 % des Québécois ayant le droit de vote se disent autant enclins à aller voter qu'aux élections de 2007.
Selon M. Bourque, il s'agit d'un terrain glissant pour les partis politiques en général, et les libéraux en particulier. «M. Charest ne doit pas se croiser les bras et croire que la victoire est à portée de main», souligne Christian Bourque.
Chose certaine, cela est de mauvais augure pour le taux de participation. Les partis auront fort à faire pour convaincre les électeurs de se déplacer. Mario Dumont semble déjà avoir flairé le problème puisqu'il a rapidement rappelé l'importance du scrutin pour tous les Québécois, alors que c'est habituellement un discours classique de fin de campagne.
Depuis dix ans, on note une tendance générale à la baisse du taux de participation aux élections générales. En 1998, 78,32 % des Québécois avaient exercé leur droit de vote. En 2003, le taux de participation était descendu à 70,42 %. Quatre ans plus tard, la participation moyenne se situait à 71,23 %.
«Traditionnellement, les libéraux bénéficient d'une prime à l'urne liée entre autres à la non-participation de certains groupes d'électeurs, comme les jeunes. Mais cette prime devrait être moins prononcée compte tenu du clivage beaucoup moins prononcé entre les libéraux et les péquistes», juge M. Bourque.
Reste que le PLQ se rapproche du score obtenu lors de son entrée au pouvoir en 2003. Les libéraux avaient alors récolté 46 % des suffrages, ce qui leur avait assuré un gouvernement majoritaire. Ils ne seraient plus qu'à trois points de pourcentage de ce résultat.
Mais c'est sans compter sur le fait que quatre électeurs sur dix pourraient changer d'avis d'ici au scrutin du 8 décembre. Le sondage Léger Marketing-Le Devoir a demandé aux électeurs si leur choix était définitif. Ainsi, 39 % des personnes interrogées affirment qu'elles pourraient revoir leur position contre 57 % pour qui rien ne peut ébranler leur choix politique. C'est particulièrement vrai pour les électeurs libéraux, dont le choix est définitif pour 66 % d'entre eux. Chez les péquistes, on retrouve 62 % de partisans dont le choix est arrêté. Les appuis de Mario Dumont semblent plus fragiles: un électeur sur deux dit qu'il pourrait changer d'avis.
Dans ce contexte, le débat des chefs de mardi prochain pourrait prendre une plus grande importance et donner l'impulsion qui semble manquer à la campagne, fait valoir M. Bourque. «Le débat est rarement un moment où les chefs réussissent à convertir les électeurs mais c'est souvent un moment de consolidation. Cette fois, M. Charest, qui a fait le plein des électeurs qui avaient opté pour l'ADQ en 2007, ne doit pas les laisser échapper alors que M. Dumont doit chercher à les ramener au bercail», a-t-il indiqué.
Jean Charest a clairement une longueur d'avance sur ses adversaires. Sa cote de popularité est meilleure (43 %) que celle de Pauline Marois (27 %) et Mario Dumont (13 %) (voir autre texte en page A 6). D'ailleurs, 64 % des Québécois souhaitent la réélection du chef libéral. De ce nombre, 34 % croient que Jean Charest mérite de diriger un gouvernement majoritaire alors que 30 % préféreraient qu'il soit minoritaire comme depuis 2007. Il s'en trouve 30 % chez les péquistes pour dire que M. Charest mérite d'être réélu à la tête d'un gouvernement minoritaire. Cette proportion augmente à 38 % chez les électeurs adéquistes.
«En somme, les gens veulent un autre gouvernement libéral avec Jean Charest et une opposition officielle dirigée par le PQ de Pauline Marois», résume Christian Bourque.


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