Les indécis trancheront

357cd7eee849a0dbd02ff768ab6f12b3

La proportion d'électeurs canadiens français diminue à chaque élection

Vous connaissez Claire Durand? Son blogue? Vous devriez.


C'est l'une des spécialistes les plus crédibles en matière de sondage. Une universitaire, qui ne carbure pas aux opinions et aux complots. Non.


Elle analyse, elle compile, elle prend le temps de réfléchir comme les scientifiques le font. J'ai beaucoup de respect pour Claire Durand.


Récemment, elle s'est penchée sur la situation dans laquelle se trouve chaque parti à quelques semaines du déclenchement des élections. Et son analyse porte. Elle vaut qu'on s'y arrête.


On pourra lire son analyse et en apprendre sur sa méthode ici. Sa plus récente analyse porte sur les sondages au Québec depuis un an. La professeure Durand note de grandes disparités dans les appuis à certains partis politiques, notamment le PLQ et le PQ ou les écarts peuvent avoisiner plus de 10 points selon qui sonde.


C'est énorme.


Afin d'y voir plus clair, on notera que selon elle, les chiffres sur la ligne de départ seraient ceux-ci :



  • PLQ et CAQ à égalité à 35%

  • PQ un poil au dessous de 20%

  • QS sous les 10%


Égalité entre CAQ et PLQ. Des luttes à trois à prévoir dans certains comtés où le PQ est fort et une forte propension d'électeurs (jusqu'à 40%) prêts à changer de camp.


Le PLQ se relève


Selon les chiffres de financement du DGEQ qui se terminent  fin juillet, le PLQ aurait repris du poil de la bête. Il serait premier pour ce mois et on remarque une forte progression de son financement et de son nombre de donateurs.


Loin d'être mort, le vote libéral semble vouloir se coaliser. Cela tient à quelques facteurs dont celui de l'incapacité de la CAQ à percer le vote captif libéral.


Quand on s'attarde à ce qui se passe au sein des 27 comtés où les anglophones sont concentrés sur l'île de Montréal, on se rend compte que François Legault a bien peu de chance de percer cette forteresse libérale.


Zéro chance selon un observateur aguerri de cette collectivité, l'avocat Casper Bloom. La CAQ ira chercher quelques votes, peut-être, mais rien pour ébranler des comtés qui votent à 80% pour le PLQ.


Le National News Watch a sondé l'humeur des anglophones de Montréal. Faut croire que la capitulation constitutionnelle de Legault ne se traduira que très peu par des sièges dans l'urne...


Ce qui veut dire que toute majorité pour la CAQ commence par un déficit de -27 envers le PLQ. C'est énorme.


Le vote francophone


Autre aspect intéressant de l'analyse de Claire Durand, l'importance que l'on accorde au «vote francophone»; et la façon dont on le définit. Cela doit être actualisé selon elle :


«Beaucoup disent que ce sont les francophones qui décident des élections. J'aimerais noter que, au début des années 1980, les francophones constituaient 87% de la population alors qu'ils n'en constituent plus que 80%. Par ailleurs, les francophones incluent maintenant des Africains, des Haïtiens, des Français, immigrés au Québec plus ou moins récemment. Enfin, contrairement à la situation qui prévalait en 1980, une beaucoup plus grande proportion d'immigrants, considérés dans les sondages comme des allophones, sont francisés. Bref, l'idée que la seule chose qui compte est le vote "francophone" mériterait une mise à jour


Selon cette mise à jour de la composition du vote francophone, le segment sur lequel on se basait pour affirmer que c'était là un facteur de réussite ou d'échec électoral diminue sans cesse.


Voilà qui rétrécit d'autant la proportion du bassin d'électeurs que visent, entre autre, le PQ et la CAQ. Et qui rendra toujours plus difficile l'atteinte d'une majorité parlementaire par un parti qui sera incapable de fédérer une part non-négligeable du vote «non-de-souche», faute d'une meilleure expression.


Si les écarts sont grands entre les firmes quand vient le temps d'estimer l'appui à certains partis, on notera également, en terminant, que la proportion d'indécis ou d'électeurs prêts à changer de camp l'est tout autant.


Dans cet environnement où l'électorat est volatile, la campagne électoral jouera certainement un rôle déterminant. le parti qui fera la meilleure campagne pourrait bien sortir gagnant.


Quel chef est le plus apte à commettre des gaffes? lequel risque de s'imposer dans les débats, ou devant la presse dans le combat de la «clip» du jour?


Faites vos jeux.