Les Grecs fuient les banques et ne paient plus leurs impôts en attendant les élections. Majorité absolue pour Syriza ?

Tsunami financier en vue

Comme vous pourrez le voir à la fin de cet article, l’un des derniers sondages montre que le parti Syriza pourrait même être en mesure de créer une surprise considérable en obtenant la majorité absolue, ce qui en Grèce, depuis le début de la crise, serait une immense première puisque ce pays est traditionnellement habitué aux accords et aux compositions entre les partis tant les majorités absolues sont rares et les majorités relatives la norme.
Si dans quelques jours c’est un tel résultat qui devait sortir des urnes, cela donnerait à ce parti de gauche les coudées franches pour pouvoir renégocier en position de force avec les créanciers de la Grèce, qu’il s’agisse du FMI, de la BCE ou encore plus de la Commission européenne qui se fait ces derniers temps de plus en plus discrète et pour cause.
Ce qu’il faut bien avoir présent à l’esprit c’est que lorsque je dois 100 000 euros à la banque j’ai un gros problème, mais si je dois 10 milliards d’euros à la banque, ce n’est pas moi qui ai un gros problème… mais mon banquier. Il en va de même pour la Grèce qui doit quelques centaines de milliards d’euros qu’elle ne remboursera jamais, ce dont tout le monde aujourd’hui est à peu près certain. Reste à définir les modalités concrètes du défaut de paiement de la Grèce afin qu’il soit le plus propre possible et se fasse de la façon la plus ordonnée.
En attendant, les Grecs écoutent les propositions de Syriza et en particulier toutes celles faisant partie du volet fiscal.
Mesure d’allègement de la pression fiscale
« Ces mesures forment le deuxième pilier du programme et incluent le soutien aux PME, la constitution de comités régionaux ayant pour mission le règlement extrajudiciaire des dettes envers l’État et les caisses de sécurité sociale échelonné de sorte à ce que les paiements ne dépassent pas 30 % du revenu annuel du débiteur. Les majorations ne dépasseront pas 30 % du capital dû.
Il est également prévu de cesser les saisies et les poursuites pénales pour tous ceux qui engageront un règlement extrajudiciaire ; elles seront suspendues pour ceux dont il est prouvé qu’ils ne disposent d’aucun revenu.
La procédure anticonstitutionnelle et engagée d’office au titre de dettes envers l’État sera supprimée.
L’impôt-guillotine sur la propriété immobilière (qui a été installé de manière rétro-active sur plusieurs années) sera supprimé et remplacé par un impôt équitable sur la grande propriété immobilière.
Le revenu non imposable sera fixé à 12 000 € pour tous (à présent les indépendants sont imposés dès le premier euro et tout le monde est imposable dès 5 000 € de revenus annuels).
Le plan inclut également la création d’une Banque publique de développement ainsi que de banques spéciales pour les PME et les agriculteurs, tandis qu’il est envisagé d’appliquer un plan d’annulation des dettes concernant les prêts échus.
Syriza s’engage à ne pas permettre aux banques de toucher à la résidence principale (et souvent unique) des classes moyennes et des ouvriers… »
Il faut bien avoir à l’esprit que si les Grecs n’ont pas vraiment payé leurs impôts pendant quelques décennies, les impôts qu’on leur demande de payer aujourd’hui sont tout bonnement impossibles à régler pour l’immense majorité du peuple grec. Il ne s’agit plus de savoir si les Grecs « l’ont bien cherché », si c’est juste ou injuste, non, il s’agit de constater factuellement que lorsque vous ne gagnez presque rien il est difficile de payer plus d’impôts que d’argent gagné et c’est une évidence. Pourtant, en Grèce, ils en sont arrivés là ou pas loin.
Alors les Grecs qui étouffent sous une fiscalité jamais vue sont en train de se rebiffer et attendent patiemment l’arrivée de Syriza au pouvoir… pour ne plus payer les impôts que Syriza s’est engagé dans ses propositions de campagne à ne plus faire payer. Évidemment, cela va provoquer un trou dans les finances publiques grecques et quelques frictions avec la Commission européenne et les différents bailleurs de fonds qui, eux, veulent revoir leur argent…
En Grèce, une panique bancaire a débuté, et les citoyens ne payent plus leurs impôts
Ainsi, comme nous l’apprend le journal l’Express.be, « le journal grec Kathimerini rapporte que les recettes de l’État grec se sont écroulées sur les derniers jours, en raison de l’incertitude liée aux élections qui doivent se tenir dans le pays le 25 janvier prochain. La plupart des Grecs choisissent de différer le paiement de leurs impôts en attendant d’être fixés sur la situation de leur pays.
Le parti donné gagnant dans les sondages, SYRIZA, a en effet promis d’annuler la taxe sur les propriétés immobilières (ENFIA), et d’annuler les dettes en souffrance.
Selon Kathimerini, l’État grec s’attend à collecter 4,5 milliards d’euros d’impôts pour le mois de janvier, mais les paiements reçus au cours des 10 premiers jours du mois étaient en baisse de 70 à 80 % par rapport aux montants qui avaient été collectés à la même époque il y a un an ».
Ça c’était pour le volet fiscal et rentrées financières. Concernant les banques grecques, la situation n’est pas plus joyeuse, ce qui est somme toute assez logique car si vous pensez que votre pays risque de sortir de l’euro et que vous pourriez vous retrouver avec une monnaie dévaluée de 60 %, vous allez chercher par tous les moyens à vous prémunir en changeant déjà de monnaie : cela veut dire par exemple acheter du franc suisse ou du dollar, changer de banque, aller vers une banque dans un pays étranger et enfin acheter de l’or ou de l’argent métal…
« Pire, dans ce qui semble être une répétition de la crise de 2011, ces derniers jours, deux banques grecques auraient sollicité l’ELA (Emergency Liquidity Assistance).
L’ELA consiste en un prêt d’urgence que les banques centrales nationales de la zone euro peuvent attribuer à des banques connaissant des pénuries de liquidités ponctuelles de nature à perturber gravement le système, avec l’aval de la BCE. Ces pénuries de liquidités peuvent notamment survenir lorsqu’un grand nombre d’épargnants se présentent simultanément pour récupérer leurs économies, ce que l’on appelle une panique bancaire, ou ‘bank run’.
En décembre, les retraits sur les comptes d’entreprises et de particuliers des banques grecques se sont montés à 3 milliards d’euros, en nette accélération, et ce mouvement s’est poursuivi depuis le début du mois de janvier.
Selon Euractiv, depuis 2010, les banques grecques ont perdu 69 milliards d’euros de dépôts, soit près de 30 % du total… »
Autant dire que les banques grecques sont moribondes.
Hollande annonce le QE pour le 22
En attendant, la BCE devrait nous annoncer un QE jeudi selon notre président – qui a soit gaffé en vendant la mèche un peu trop tôt, soit a tenté un dernier coup de poker menteur pour mettre la pression à la banque centrale européenne – puisqu’il a déclaré que « jeudi la BCE prendra la décision de racheter des obligations d’États, ce qui fournira des liquidités importantes à l’économie européenne et créera des bases favorables pour la croissance… »
Selon d’autres rumeurs d’ailleurs toujours à propos de ce QE qui « serait » annoncé par la BCE jeudi, chaque banque centrale nationale rachèterait les obligations de son propre pays. Ces rumeurs viennent d’Allemagne et l’on voit bien la logique d’Angela Merkel derrière où nos amis d’outre-Rhin refusent obstinément toute forme de mutualisation des dettes (ce qui peut se comprendre). Mais si tel était le cas, cela reviendrait à faire le premier pas vers la fin de l’euro et de la monnaie européenne, ce qui ne serait pas une mauvaise chose.
En attendant, soyez vigilants.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT


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