Les francophones manquent à l'appel

Le français — la dynamique du déclin

Ces enfants fréquentent l'école de la Petite-Bourgogne, où la langue maternelle la plus commune est le bengali (celle de 97 enfants). Suivent le français (langue maternelle de 96 enfants), l'anglais (56 enfants), l'arabe (45 enfants), l'espagnol (21 enfants), le tamoul (21 enfants) ... et une trentaine d'autres langues. Photo: François Roy, La Presse

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Marie Allard - Pour la première fois, le nombre d'élèves allophones a surpassé celui des francophones dans les écoles publiques de l'île de Montréal, a appris La Presse. «La majorité est comme inversée, a dit Dominique Sévigny, auteur du Portrait socioculturel des élèves inscrits dans les écoles publiques de l'île de Montréal au 30 septembre 2008. C'est une tendance lourde, qui devrait se poursuivre à moins qu'il arrive quelque chose de majeur au niveau de l'immigration.»
En 2008, à peine 39% des élèves des écoles primaires et secondaires étaient de langue maternelle française. «Ce taux chute graduellement, au moins depuis 1998», a indiqué M. Sévigny. Quant à la proportion d'élèves de langue maternelle autre que le français ou l'anglais, en constante augmentation, elle a atteint 39,5%. Le part d'élèves anglophones stagne autour de 22% (ces données incluent les écoles anglaises).
L'une des causes de cette nouvelle réalité : la hausse du nombre de jeunes immigrants. Près de 38 000 élèves des écoles de l'île étaient nés à l'étranger en 2008, soit 5000 de plus qu'en 2005. Ils forment désormais 20,63% de la population scolaire, du jamais vu. «Il y a une accélération de leur croissance», a souligné le chercheur du Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal.
Leurs principaux lieux de naissance étaient l'Algérie (2,1% de tous les élèves de l'île y sont nés), Haïti (1,6%), le Mexique (1,3%) et les États-Unis (1,2%), le pourcentage d'élèves nés dans ces deux derniers pays s'étant accru en 2008.
Moins de 40% des élèves étaient nés au Québec, comme leurs deux parents. Les autres étaient nés au Québec de deux parents nés à l'étranger (23,1%, ce taux plafonne depuis 2005), nés au Québec dont un parent est né à l'étranger (9,9%) ou nés ailleurs au Canada ou dont les deux parents sont nés ailleurs au Canada (2,4%).
Concentration ethnique très forte pour 60 écoles
L'école la plus multi¬ethnique de l'île est toujours le pavillon Hébert, dans l'arrondissement de Saint-Laurent. Tous ses élèves (100%) sont nés à l'étranger ou nés ici de deux parents venus d'ailleurs. Fait nouveau, un total de 59 écoles de l'île comptent 75% ou plus d'élèves «issus d'autres cultures», 10 de plus qu'en 2007. Or, des effets négatifs peuvent apparaître quand la concentration ethnique est très forte, atteignant ce seuil de 75%, selon Marie McAndrew, professeure à l'Université de Montréal.
Malheureusement, plus l'immigration de sa famille est récente, plus un élève est susceptible de résider dans une zone défavorisée. C'est le cas de 46,1% des élèves nés à l'étranger, en légère baisse de 1% par rapport à l'année précédente.
«Parc-Extension est un quartier d'accueil des nouveaux immigrants qui ont peu de moyens, a illustré M. Sévigny. Quand ils ont plus de moyens, ils quittent habituellement pour des quartiers moins défavorisés.» D'autres immigrants les remplacent alors. «Il y a une rotation, a reconnu le chercheur, et ç'a un effet probablement négatif sur la cohésion sociale.»


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