GOUVERNEMENT LIBÉRAL À QUÉBEC

Les environnementalistes aux aguets

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Le nouveau premier ministre Philippe Couillard a martelé son intention de s’occuper des « vraies affaires ». Mais il a aussi admis que l’environnement n’en fait pas partie, ou du moins, que ce ne sera pas une priorité. À bien des égards, les orientations déjà annoncées laissent d’ailleurs entrevoir un gouvernement Couillard qui s’inscrira dans la continuité du gouvernement Charest.

Les changements climatiques. Les données publiées dans les derniers jours indiquent que le Québec a respecté son engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2012. La cible était de 6 % par rapport au niveau de 1990. Philippe Couillard a promis de poursuivre le travail entamé sous les libéraux pour atteindre la cible de réduction de 20 % en 2020, notamment en misant sur la Bourse du carbone. Un signal « encourageant », selon Sydney Ribaux, le directeur général d’Équiterre.

« La lutte contre les changements climatiques doit être plus importante, souligne toutefois le responsable de la campagne Climat de Greenpeace, Patrick Bonin. On ne peut plus se permettre de simplement miser sur des mesures “ incitatives ”. Il faut mettre des mesures coercitives, comme les péages. Mais il est essentiel de développer les alternatives pour offrir des options aux citoyens. »

L’exploitation des énergies fossiles. Le Parti libéral a toujours été favorable à l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste. M. Couillard a certes critiqué la décision péquiste d’investir 115 millions dans l’exploration sur l’île d’Anticosti, mais son gouvernement entend néanmoins respecter cet engagement.

Les libéraux pourraient aussi lancer une évaluation environnementale stratégie (EES) sur la filière pétrolière. M. Couillard n’a toutefois pas précisé sa pensée à ce sujet. Que se passera-t-il à Gaspé, où les projets de Pétrolia suscitent la controverse ? Et que fera-t-il avec le golfe du Saint-Laurent ? Dans ce cas, l’EES a clairement démontré que l’on ignore les impacts environnementaux de l’exploitation et que le Québec est totalement inapte à répondre à une marée noire. Reste aussi à voir comment cela sera compatible avec la création d’aires marines protégées, souligne le directeur général de la Société pour la nature et les parcs, Patrick Nadeau.

Le Parti libéral est aussi, aux yeux de plusieurs, responsable du scandale du gaz de schiste. Lorsqu’il était au pouvoir, il a laissé l’industrie s’installer sans mener d’évaluation environnementale et sans consulter la population. M. Couillard s’est plusieurs fois dit favorable à cette industrie. Il a même vanté la fracturation hydraulique en la qualifiant de technique « révolutionnaire ». L’an dernier, il a dit vouloir s’inspirer de la Grande-Bretagne, qui vient de se lancer dans l’exploration gazière. Que fera Québec avec les conclusions du BAPE qui vient de débuter sur le gaz de schiste ?

Les projets de pipelines. Philippe Couillard a manifesté son appui au projet d’oléoduc de TransCanada, qui doit faire passer quotidiennement 1,1 million de barils de pétrole albertain par le Québec à partir de 2018. Le chef libéral est aussi favorable à la construction d’un port pétrolier à Cacouna, afin de charger des navires pour l’exportation.

Reste à voir si le gouvernement libéral lancera une évaluation environnementale du projet. Sydney Ribaux rappelle d’ailleurs que l’Ontario a déjà amorcé l’étude de ce projet qui facilitera l’exportation des sables bitumineux. « Le Québec doit aussi être de la partie à l’Office national de l’énergie, qui est l’organisme décisionnel dans ce dossier », selon M. Ribaux. Que le Québec soit d’accord ou non, le dernier mot appartient en effet à l’organisme fédéral, qui dépend directement du bureau de Stephen Harper.

Sydney Ribaux se demande par ailleurs si Québec assurera le suivi des « conditions » formulées par l’Assemblée nationale concernant l’inversion de l’oléoduc 9B. Surtout qu’Ottawa a déjà approuvé l’inversion. Le pétrole de l’Ouest sera à Montréal avant la fin 2014.

Développement minier. Père du Plan Nord, le Parti libéral entend bien « relancer » le projet. Les questions sont nombreuses. Qui financera les infrastructures ? Qui paiera pour la restauration des sites miniers abandonnés ? Est-ce que le Québec touchera sa juste part de redevances ?

Le porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, Ugo Lapointe, presse aussi le gouvernement de se pencher sur le controversé projet Mine Arnaud, à Sept-Îles. Il a été jugé clairement inacceptable par le BAPE. Mais Philippe Couillard parle déjà comme si le projet était une réalité. Selon des informations obtenues par Le Devoir, Québec devrait donner le feu vert, malgré la division de la population.


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