Vieille chronique pour démontrer que plus ça change...

Les enseignants sont-ils incultes?

Tribune libre


PS : Cette lettre d’opinion (en grande partie) a mérité à son auteure d’être mise à la porte du quotidien Métro qui a jugé ce texte trop de droite.
IL FAUT SE RENDRE COMPTE QUE NOMBRE D'ENSEIGNANTS N'ONT PAS D'AUTRE FORMATION INTELLECTUELLE ET D'AUTRE BAGAGE CULTUREL QUE CE QU'ILS ONT PU ACQUÉRIR DURANT LEURS ANNÉES DE SCOLARITÉ. CETTE INSUFFISANTE PRÉPARATION CULTURELLE ET PÉDAGOGIQUE, QU'IL SERAIT INJUSTE DE REPROCHER AUX ENSEIGNANTS EUX-MÊMES, PUISQU'ILS SE SONT CONFORMÉS À CE QU'ON EXIGEAIT D'EUX, EXPLIQUE LA STAGNATION DE NOTRE ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE.
Vous croyez que cette noble réflexion provient de la réforme scolaire de l'actuel ministre de l'Éducation? Pas du tout. Elle a été tirée du Rapport Parent rédigé en 1964. Et le rapport Parent n'a pas fini de nous étonner parce qu'en le parcourant, je me suis aperçue que les choses scolaires n'ont pas changé d'un iota depuis 45 ans!
Il faut, comme moi, avoir visité plus d'une centaine d'écoles à travers le Québec pour affirmer aujourd'hui que les diverses réformes, même si elles n'apportent rien de plus que le rapport Parent, sont peut-être d'application impossible parce que beaucoup d'enseignants n'ont pas assez de culture pour mettre en pratique les nouveaux programmes pédagogiques proposés.
Ces maîtres, à la culture générale souvent insuffisante, à la formation parfois déficiente et bravement syndiqués sont-ils armés pour donner à nos enfants la formation par projets dans lesquels les arts ont une importance capitale?
Il faut voir les fautes d'orthographe sur les tableaux verts des écoles; il faut entendre le langage relâché de certains enseignants, leur manque d'intérêt pour le théâtre, la musique, le cinéma; leur manque d'intérêt pour la littérature qui devrait pourtant faire partie de leur enseignement.
Les maîtres, qui autrefois, étaient hautement respectés pour leur savoir et leur distinction, et qui nous conduisaient sur le chemin de l'apprentissage, ne sont plus que des souvenirs. Leur formation universitaire (un an de moins que la médecine!) ne peut pas donner aux futurs enseignants ce qu'ils n'ont souvent pas reçu: de la culture, de l'intérêt pour ce qui se passe dans le Monde, de l'ouverture d'esprit. Et le doute. Quelle belle qualité que le doute. Celui qui ne considère jamais rien comme définitif. Celui qui nous fait fouiller dans le dictionnaire. Celui qui ne prend jamais rien pour acquis.
Aussi a-t-on oublié de dire que pour réussir les fameux examens de français donnés en pré-emploi dans les commissions scolaires, les enseignants frais émoulus ONT DROIT AU DICTIONNAIRE ET À UNE GRAMMAIRE. Il ne suffit pas d’avoir une bonne orthographe pour réussir un examen de français. Il y a aussi l’art de l’argumentation, la logique, le jugement. Quand un futur enseignant est incapable de donner en deux pages son opinion (sur une vingtaine de sujets proposés) sur la place qu’occupera la littérature jeunesse dans son projet de français ou encore ce qu’il pense du rôle des parents dans l’éducation des enfants parce qu’il manque d’idées pour se prononcer, je dis hélas… hélas.

Je crains pour les générations futures qui ne sauront ni écrire ni s’exprimer.
Pour que je puisse encore donner mon opinion dans ce journal, j’ajoute qu’il y a d’heureuses exceptions et qu’il y a de féroces défenseurs de notre langue dans les écoles. Ils pourront le prouver dès que nous, les parents, aurons accepté de jouer notre rôle d’éducateurs afin que les enseignants puissent faire autre chose que de donner le petit déjeuner à nos enfants, leur donner confiance en eux, leur rééquilibrer les valeurs sociales, les consoler de la guerre parentale, les aimer, les comprendre, et interdire la violence dans leur vie scolaire. Alors seulement pourra-t-on vilipender un enseignant qui commet des fautes d’orthographe!


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 septembre 2010

    Je ne sais pas s'ils sont incultes, mais certainement débiles, puisque la ministre Beauchamp attend un an avant d'imposer le nouveau bulletin scolaire, afin de former les enseignants.
    Le ridicule ne nous tuera jamais.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 septembre 2010

    C'est certain qu'il y a du travail à faire au Québec, notamment pour conscientiser les gens travaillant dans le domaine de l'enseignement. Au niveau de la qualité du français dans l'enseignement, par exemple.
    Je me souviens d'un prof de biologie, qui nous parlait des «évidences de l'Évolution», à l'oral comme dans ses notes de cours, et questions d'examens...
    C'est que le monsieur en question, nous parlait des preuves en faveur de la théorie darwinienne, mais en utilisant ad nauseam l'anglicisme «evidence». Parce qu'avec ce que nous appellons le phénomène des faux amis, il arrive fréquemment que des mots dont l'orthographe, en français et en anglais, soit fort semblable, mais que ces mots ne signifient pas du tout la même chose!
    Je me souviens qu'à l'époque, j'avais très poliment, après le cours, mentionné la chose à l'enseignant. Sauf que sa réaction, fut celle de quelqu'un qui n'entendait simplement pas se «casser la tête avec ça». Hum!
    Je crois que depuis bien longtemps, et à bien des occasions, les Québécois ont choisi de ne point se casser la tête, pour des questions linguistiques... Et nous payons aujourd'hui le prix!