Les élus québécois en Catalogne dénoncent l'absence du gouvernement Couillard

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Gare aux rapprochements inappropriés ! Les situations du Québec et de la Catalogne sont très différentes à plusieurs niveaux

En raison des liens particuliers qui unissent le Québec à la Catalogne depuis des années, le gouvernement Couillard aurait dû dépêcher au moins un observateur sur place à l'occasion du référendum sur l'indépendance de cette région d'Espagne, prévu dimanche, selon trois députés de l'opposition.


En entrevue téléphonique vendredi, depuis Barcelone, en Espagne, les trois élus québécois souverainistes qui eux ne voulaient pour rien au monde manquer cet événement ont dénoncé l'absence de représentant du gouvernement québécois.


Sur le plan des relations diplomatiques, Québec aurait dû avoir «la décence élémentaire» de dépêcher un observateur à Barcelone, a fait remarquer le député péquiste Stéphane Bergeron.


Le Parti québécois, Québec solidaire et le Bloc québécois ont assuré leur présence à Barcelone pour assister à ce moment historique de la Catalogne, mais aucun élu libéral, député ou ministre, ne sera là. La Coalition avenir Québec s'est abstenue elle aussi.



Or, «le Québec aurait dû, minimalement, envoyer des observateurs, pour être capable de rendre compte de ce qui se passera» dimanche, a estimé la députée indépendante de Vachon à l'Assemblée nationale, et chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, jugeant la décision de Québec «pas normale».


Le Québec assure une présence diplomatique permanente en Catalogne depuis longtemps, ayant ouvert un bureau à Barcelone en 1999.


Stéphane Bergeron n'hésite pas à tracer un parallèle entre la position adoptée par le premier ministre Philippe Couillard dans ce dossier et l'attitude combative affichée lorsqu'il a appris cette semaine que Bombardier était frappée de droits compensatoires de 220 pour cent, lui fermant le marché américain.


Il dit qu'il aurait aimé voir le premier ministre dénoncer avec autant de vigueur l'arrogance de Madrid envers les souverainistes catalans, comme il a fait envers Boeing, qui cherche à éliminer son concurrent québécois.


Mais «on ne pouvait pas s'attendre, dans les circonstances, qu'il ait la décence élémentaire d'envoyer un observateur sur le terrain», selon lui.


Les trois députés interviewés par La Presse canadienne estiment que l'humeur des Catalans est au beau fixe à deux jours du vote, malgré toutes les tentatives de Madrid d'empêcher la tenue du référendum, et de brimer la population de son droit de vote.


Selon Madrid, la démarche amorcée par les Catalans est illégale et anticonstitutionnelle.


La tension monte en Espagne car les Catalans sont bien déterminés à exercer leur droit de vote et demeurent persuadés qu'ils pourront le faire, dimanche, malgré les embûches et le coup de force de Madrid, selon les députés québécois, qui disent ne pas craindre d'explosion de violence dans ce contexte tendu.


Certains passent du «non» au «oui»


Anticipant un effet boomerang, ils soutiennent même que, selon les témoignages recueillis sur place, de nombreux Catalans qui étaient contre l'indépendance s'apprêtent à voter pour le «oui» dimanche, outrés des manoeuvres antidémocratiques de Madrid.


Par son attitude belliqueuse - saisie de millions de bulletins de vote, arrestation de dirigeants séparatistes, déploiement de milliers de policiers en Catalogne - le gouvernement central est devenu «une manufacture à indépendantistes», selon Mme Ouellet.


«Des gens qui étaient plutôt pour le non deviennent pour le oui», résume-t-elle, persuadée que les Catalans ne se laisseront pas intimider et se prévaudront de leur droit de vote.


«On a l'impression que Madrid a perdu les pédales, a perdu le contrôle», fait valoir pour sa part la députée solidaire Manon Massé.


Mais quelle que soit l'issue du vote ou la tournure des événements, le mouvement pour la tenue de ce référendum sera certainement «difficile à arrêter», ajoute Mme Ouellet, les gens étant très motivés, gonflés à bloc.


«C'est très touchant de voir cette mobilisation» dans la ville, saturée de drapeaux catalans, renchérit M. Bergeron, se disant «absolument convaincu qu'il y a ici un point de non-retour», quel que soit le scénario de dimanche.


«Chaque fois que Madrid en rajoute, ça fouette le sang des Catalans encore plus et ça les rend encore plus déterminés d'aller voter», ajoute de son côté la députée solidaire Manon Massé.


Aucun ne se risque cependant à prédire l'issue du référendum, s'il a lieu, ni le taux de participation.



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