Les conséquences politiques de la crise : le retour de l’Etat

l’idéologie libérale ne résiste pas aux risques qu’elles génère elle-même

Économistes atterrés


La première conséquence de la crise financière internationale qui s’est précipitée en septembre 2007 mais qu’il faut faire remonter à la crise des prêts à risques (subprimes) déclenchée aux Etats-Unis en 2007 et propagée vers d’autres pays en raison de l’interaction entre les économies, est la démonstration que l’idéologie libérale ne résiste pas aux risques qu’elles génère elle-même. Dès lors, c’est tous les dogmes de la « mondialisation heureuse » et la construction eurocratique supranationale qui se sont effondrés d’un seul coup. Toute honte bue, ceux qui, depuis plusieurs lustres, étaient les intarissables griots de l’idéologie du « moins d’Etat », ont été les premiers à réclamer à cor et à cri pour tenter de trouver une solution à la débâcle provoquée par leur système, leurs pratiques et l’incapacité de leurs institutions, par exemple le FMI, à jouer leur rôle de régulateur. Du coup, c’est aussi la puissance pilote de ce système, les Etats-Unis qui se trouvent discrédités par une crise qui pourrait bien annoncer le déclin américain comme la grande dépression de 1929 avait été la crise de l’émergence américaine.
La conséquence essentielle de la crise est le retour en force de l’Etat, l’indispensable arbitre et protecteur dans les temps difficiles. Voici donc l’Etat appelé au secours et des trains entiers de nationalisation. La nécessaire régulation des marchés financiers et de l’économie marque naturellement le retour de l’l’Etat puisque seul l’Etat peut réguler ce qui a été déréglementé d’une façon bien imprudente. Or le retour de l’Etat signifie le retour aux réalités, et à la première d’entre elles sur le plan géopolitique : la nation. Plus d’Etat, plus de nation, cela veut dire moins d’utopie, moins de globalisation échevelée et moins d’eurocratie. N’était-ce pas ce que sous-entendait le président Sarkozy lorsqu’il déclarait à Toulon, le 25 septembre 2008 : « l’Europe doit être capable de bousculer ses propres dogmes » ? Très vite, certains ont évoqué la possibilité de ne plus suivre à la lettre les critères et les objectifs dogmatiques de Maastricht précisés par le pacte de stabilité et de croissance (1997) dont le nom seul prête à sourire au regard des résultats obtenus par le système eurocratique en matière de stabilité et de croissance. Fallait-il attendre une crise pour commencer à reconnaître que l’Union européenne a été incapable d’asseoir la croissance des nations membres sur des fondements solides et d’agir en faveur de l’emploi et du bien-être des peuples ?
Ainsi lors même qu’il était naguère de bon ton de jeter le discrédit sur l’Etat-nation, nous voyons, face aux échecs du marché cosmopolite et du capitalisme financier, les peuples et leurs dirigeants se retourner vers l’Etat, souhaiter plus d’Etat contre les groupes d’intérêts financiers, les féodalités de l’économie virtuelle et les billevesées supranationales. Telle est désormais la règle, des Etats-Unis où le secrétaire d’Etat au Trésor, Henry Paulson, a lancé un plan visant à apporter l’aide de l’Etat au secours de Wall Street, jusqu’en Allemagne où le chancelier Merkel a clairement choisi la règle du chacun pour soin et affiché son plus profond mépris à l’égard des tentatives visant à parvenir à un consensus européen pour réduire la crise. Et l’on sait bien que c’est la prise en compte du seul intérêt national qui prévaut également à Dublin, à Londres, à Moscou à Tokyo ou à Pékin. Décidément la réalité nationale aura toujours la vie plus dure que les idéologies supranationales.


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