Un constat s’impose : aucun chef de parti, aucun parti politique n’a pris jusqu’à ce jour les moyens nécessaires pour réaliser l’indépendance du Québec.
Tels des enfants d’école qui auraient négligé toute l’année d’étudier leurs leçons et de faire leurs devoirs, puis de se préparer efficacement aux examens de fin d’année, les souverainistes en général et les péquistes en particulier ont fini par échouer lamentablement dans leur tentative visant à faire du Québec un pays. Pas surprenant qu’après cinquante ans de « niaisage » la population s’apprête à les recaler définitivement dans quelques mois !
Ce ne sont pourtant pas les arguments convaincants qui manquent en faveur de l’indépendance. Uniquement en termes économiques, elle représente même une nécessité absolue pour assurer la prospérité future de l’ensemble des Québécois, toutes classes sociales, cultures, origines et générations confondues.
Pourquoi les électeurs boudent-ils le PQ ? Voici, en guise de conclusion, quelques pistes que le PQ aurait pu et dû explorer il y a longtemps. (Il pourrait encore le faire, pour peu qu’il décide de mettre fin aux atermoiements dont il est coutumier !)
Des filons en or à exploiter
Ainsi, si les marchandises transitant par son territoire, que ce soit par camion, par train, par bateau ou même par oléoduc, étaient notamment soumises à des droits de péage, le Québec pourrait devenir rapidement un pays riche et prospère. Il résulterait de l’accession à son autonomie politique pleine et entière que les régions de la Capitale-Nationale, de l’Outaouais et du Grand Montréal connaîtraient un boom immobilier sans précédent à compter du jour où ambassades et consulats étrangers viendraient respectivement s’y établir.
Or, pendant toutes les années où il a été au pouvoir, le Parti québécois n’a même jamais essayé de percer le « mystère Québec » en invoquant de tels motifs à l’appui de ses prétentions. Le PQ n’a pas été fichu non plus de réclamer le remboursement de la dette historique colossale de l’Ontario (estimée à plusieurs dizaines, si ce n’est à plusieurs centaines de milliards de dollars !) envers le Québec. Non seulement la province voisine ne s’est toujours pas acquittée de ses obligations financières, mais aucun des gouvernements québécois successifs – y compris lorsque le PQ était au pouvoir – n’a jugé bon, depuis tout ce temps, de réclamer le remboursement de l’« emprunt » contracté par le Haut-Canada (devenu l’Ontario depuis) lors de l’Acte d’Union de 1840 !
Qui plus est, le PQ n’a jamais exigé qu’on nous rende le Labrador, dont le Québec a été amputé arbitrairement en 1927. Plus grave encore, il agit dorénavant comme s’il avait définitivement laissé tomber les revendications territoriales du Québec à ce sujet !
Voilà autant de pistes à explorer et de filons en or à exploiter, mais qui ne l’ont jamais été par les chefs péquistes – pas même par Jacques Parizeau, pourtant le plus ardent défenseur de tous de la cause souverainiste ! Et ce même s’il est dans l’intérêt économique de l’écrasante majorité de la population du Québec, immigrants compris, qu’il devienne le plus tôt possible un État souverain.
À l’exception d’une minorité de fédéralistes inconditionnels, opposés depuis toujours à ce que le Québec prenne son destin en mains, les Québécois de tous les horizons se seraient vraisemblablement donné depuis longtemps un pays si on leur avait présenté les choses telles qu’elles sont. Et cet État disposerait aujourd’hui des pleins pouvoirs qu’il continue en vain de réclamer à cor et à cris en matière d’immigration, de transports et de télécommunications, de taxes et d’impôts, de tarifs douaniers, de services postaux, et j’en passe !
Si seulement le nouveau capitaine du PQ avait l’aplomb nécessaire pour mener le navire péquiste à bon port !
Était-ce par manque de courage, par crainte de l’échec ou par peur de s’attirer ainsi les foudres de leurs irascibles voisins canadiens, voire de provoquer une crise constitutionnelle, que les ténors péquistes n’ont jamais eu le cran de poser des gestes de rupture forts ? Redoutaient-ils à ce point de passer pour de « méchants séparatistes » ou de se faire traiter de « sales nazis » ?
Si, en désespoir de cause, Jean-François Lisée prétendait à tout le moins vouloir abolir le serment d’allégeance à la reine ou le poste de lieutenant-gouverneur, ou s’il ambitionnait de soumettre un projet de constitution digne de ce nom au verdict populaire, il réussirait au moins à susciter le débat sur ces enjeux.
Par conséquent, s’ils souhaitent regagner la confiance des électeurs, les péquistes devraient au minimum s’engager à réparer les « oublis » de leurs prédécesseurs, sans craindre de provoquer un inévitable bras de fer avec Ottawa chaque fois que ce dernier fait mine d’empiéter sur les prérogatives et les compétences du gouvernement québécois.
Avant tout, il conviendrait de toute urgence de défier ouvertement les politiques multiculturalistes du gouvernement fédéral et de combattre les conséquences néfastes de ses visées assimilationnistes. La mauvaise gestion de la crise migratoire fournit justement au PQ une belle occasion de blâmer les libéraux fédéraux pour leur incurie en la matière et pour s’engager à mettre en œuvre une politique migratoire efficace. Jean-François Lisée et ses collègues sauront-ils saisir la perche qui leur est tendue ou nous feront-ils de nouveau le coup du silence radio ?
Quoi qu’il advienne, il est indéniable que le PQ est à un tournant de son histoire. La souveraineté ne recueillant guère plus de 30 % d’appui, il est tout à fait pertinent de se demander si M. Lisée saura corriger le tir et redresser la barre. Et surtout, s’il parviendra à recoller à temps les morceaux cassés afin de permettre au PQ de coiffer contre toute attente la CAQ et le PLQ au fil d’arrivée. On peut toujours rêver...
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