par Ramsay, Charles-Albert
Les Cris et les Innus voisins des récents chantiers de barrages de Hydro-Québec (HQ) profitent plus que jamais de la manne de construction.
Pour les Cris, il s'agit d'un droit acquis depuis la signature de la Paix des Braves en 2002. L'entente a consolidé les principes inscrits à la Convention de la Baie James, signée en 1975.
En vue du chantier de Eastmain 1, Hydro-Québec et laSociété d'énergie de la Baie James (SEBJ) ont donc signé la Convention Nadoshtin avec les Cris de Eastmain, Mistissini, Nemaska et Waskaganish. L'entente prévoit l'embauche d'ici 2017 de 150 Cris au sein de l'équipe permanente de la SEBJ. Selon Yves Barrette, porte-parole de la SEBJ, huit Cris sont déjà embauchés et 10 autres devraient avoir leur permanence cet automne.
Johnny Saganash, consultant et agent de liaison pour la SEBJ dans ce dossier, se réjouit des progrès réalisés. Pendant 25 ans, cet électricien de formation a été un des six Cris à l'emploi permanent de la société d'État. Aujourd'hui, il aide ses semblables à travailer sur les chantiers hydroélectriques.
"Quand je vais dans les villages, les grands-parents me remercient d'avoir embauché leur fils", dit-il.
L'entente Nadoshtin prévoit aussi que la priorité soit accordée aux Cris pour les emplois temporaires du chantier. En moyenne, 217 Cris, soit 13 % des effectifs, ont oeuvré à la construction du barrage, la plupart via la Compagnie de construction et développement crie. Bien qu'il n'y avait pas de cible explicite pour le nombre d'emplois temporaires, M. Saganash espérait se rendre au quart de la liste de paie.
"Mon travail est d'ouvrir des portes. Ensuite, il faut que les travailleurs acceptent d'y entrer et de faire leur bout de chemin", explique-t-il. Une grande partie du travail de M. Saganash était justement d'aider ses semblables à obtenir la fameuse carte de compétence de la Commission de la construction du Québec, nécéssaire sur les chantiers hors réserve.
Si Eastmain 1 est presque terminé, l'avenir est assuré. La Convention Boumhounan est signée pour la construction possible des barrages Eastmain 1A et dérivation Rupert. Si tout va bien, le chantier pourrait être entamé au printemps.
D'autres barrages à venir
Même s'ils n'ont pas de convention formelle avec le gouvernement, HQ accepte maintenant d'étendre la pratique avec les autres autochtones.
Ainsi, les Innus de Mashteuiatsh se sont vus réserver 80 M$ de contrats pour la construction de la centralePéribonka-4 au lac Saint-Jean.
Ne pas précipiter les choses
Rappelons que quatre communautés innues négocient avec Québec une entente territoriale, baptisée Approche commune. Elle accorderait aux Innus un droit de regard sur l'exploitation des ressources naturelles présentes sur leur territoire ancestral, le Nitassinan. HQ n'a cependant pas l'intention de précipiter les choses, précise Sylvain Théberge, porte-parole.
"C'est à cause de la Paix des Braves que nous avons signé Nadoshtin. Nous ne devancerons pas le processus de l'Approche commune. Cela dit, il faut toujours que nos projets soient acceptés par la population locale et nous sommes prêts à accorder du travail aux autochtones pour ce faire", dit-il.
Ainsi, HQ prévoit déjà des ententes similaires pour ses autres projets. Les Innus de la Côte-Nord seront interpellés par les projets Romaine etPetit Mécatina. Les Attikameks seront concernés par les projets de Chute-Allard etRapides-des-Coeurs, en Haute-Mauricie. Et le projet de Mercier, dans l'Outaouais, se fera à proximité du territoire des Algonquins.
charles-albert.ramsay@transcontinental.ca
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Encadré(s) :
Les Cris répondent à l'appel du métal jaune
Les travailleurs cris peuvent représenter une affaire en or pour les entreprises qui cherchent à exploiter les régions où il y a peu de non-autochtones.
"Embaucher des Cris, ça coûte moins cher que de faire venir des gars de Montréal. Ils habitent déjà ici et connaissent bien le territoire", affirme André Gaumond, le président de Mines Virginia, basé à Québec. Cet explorateur minier a découvert l'immense gisement d'or Éléonore, situé en plein territoire cri, qu'il a ensuite vendu à Gold Corp, de Vancouver.
Assurer de bonnes relations
Virginia est reconnu comme chef de file en matière de coopération avec les Cris. M. Gaumond participe à plusieurs autres projets d'exploration, dont un avec Cree Gold Exploration, une entreprise privée autochtone.
Quels sont ses trucs pour s'assurer de bonnes relations avec les Cris ? Lorsqu'il prépare un forage, il envoie des lettres à tous les chefs, leaders et même aux Tallymen, les pères des familles de trappeurs. Ce sont eux qui contrôlent les terres réservées à la trappe et à la chasse.
M. Gaumond préfère embaucher les membres de leurs familles en priorité. De plus, il demande toujours leur permission avant d'envoyer des hélicoptères survoler les zones à explorer.
"Si tu chasses l'oie pendant le Goose Break du printemps, tu n'as pas envie qu'un hélico bruyant se promène au-dessus de ta tête", explique-t-il.
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