Les assassins de la République

Éric Anceau

« La République, c'est la souveraineté du peuple »

École, laïcité, sécurité, Marseille, Brignoles, Leonarda ! La « République » et ses « valeurs » sont invoquées à tout va par les deux « croque-morts » de la vie politique que sont devenus le PS et l’UMP pour disqualifier leurs adversaires et éviter d’avoir à démontrer en quoi ils seraient eux-mêmes républicains. À force d’être employés à tort et à travers, ces termes sont devenus creux. Ce sont des talismans que l’on agite pour s’exonérer de toute réflexion et de tout débat de fond. L’incapacité d’apporter des réponses efficaces à la crise que traverse la France résulte pour partie de cette instrumentalisation falsificatrice. Aujourd’hui, ceux qui n’offrent d’autre perspective que de faire vivoter le système dévastateur qu’ils ont bâti à leur profit sont les fossoyeurs de la République qu’ils prétendent défendre. Etre républicain, cela a un sens, et il ne suffit pas de proclamer qui l’est et qui ne l’est pas pour l’être soi-même.
La République, c’est d’abord la souveraineté du peuple, qu’elle s’exerce directement ou pas. Or, le PS et l’UMP l’ont trahie lorsqu’ils ont voté le traité de Lisbonne en 2007 alors que les Français avaient refusé par référendum un texte identique deux ans plus tôt. L’argument selon lequel Nicolas Sarkozy aurait été élu pour revenir sur cet « égarement momentané du peuple français » est fallacieux. Le candidat avait-il placé cette proposition au centre de sa campagne ? Certainement pas ! Les Français l’ont-ils choisi pour cette raison ? Pas davantage. Le PS et l’UMP ont surtout trahi la souveraineté populaire en confiant le pouvoir à des personnes non élues à Bruxelles, où des lobbies si contraires aux valeurs républicaines, et plus largement à notre histoire, imposent leurs lois. Que reste-t-il de la souveraineté du peuple ? La France ne contrôle plus ses frontières et n’a plus la maîtrise de sa monnaie, de son budget, de sa politique agricole et industrielle et, à y regarder de plus près, de certaines questions de société ! Au terme de plus de deux cents ans de combat, l’Assemblée mandatée par la nation ne sert plus que de chambre d’enregistrement des directives européennes, puisque la plus grande partie de l’activité parlementaire (entre 50 et 80 % selon les études, et cette part croît sans cesse) se résume à adapter et à appliquer celles-ci.
La République, c’est ensuite l’égalité des chances et la possibilité d’une ascension sociale. Or, l’école de la République a été dévoyée de sa mission initiale et n’enseigne plus les savoirs indispensables à la réussite. La loi Peillon nommée par un travestissement impudique de la réalité « loi de refondation de l’école de la République » est un « cas d’école » ! Elle accompagne la baisse du niveau par le pédagogisme à haute dose. Le PS et l’UMP avant lui pensaient lutter contre les discriminations en vidant les programmes scolaires de leur contenu. Ils les ont renforcées, puisque, de plus en plus, ce sont les enfants dont les parents assurent eux-mêmes l’apprentissage des savoirs fondamentaux à la place de l’école qui s’en sortent le mieux. Depuis 2006, la part des étudiants à l’université issus des classes populaires et moyennes a diminué de plus de 9 points. La méritocratie républicaine était imparfaite ; elle est devenue un leurre.
La République, c’est enfin l’unité d’un peuple en une communauté nationale, dans laquelle chacun est respecté et considéré de la même manière, quels que soient sa religion, sa couleur de peau, son sexe, son âge ou son orientation sexuelle. Or, nos dirigeants ont laissé se développer les replis communautaires, ce qui entraîne une radicalisation des attitudes et des discours. La nation se désintègre parce qu’elle est oubliée, abandonnée par ses dirigeants. Ceux qui attisent sans cesse, de part et d’autre, les tensions communautaires ne peuvent se dire républicains.
Les vrais républicains de gauche comme de droite qui s’indignent de cet assassinat, qui entendent la colère monter des profondeurs de la nation et qui s’inquiètent d’une radicalisation qui serait dramatique pour notre pays, se doivent de réagir. Il n’est pas besoin des extrêmes pour changer la France. C’est en faisant preuve d’une volonté déterminée, en s’inspirant de l’esprit du Conseil national de la Résistance, il y a tout juste soixante-dix ans, et en agissant dans le calme et la droiture que nous redresserons la République !


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