Extrait de l'article
Depuis quelques jours, la campagne électorale tourne beaucoup autour des forces et des faiblesses des équipes des trois principaux partis. Les chefs, bien sûr, mais aussi leurs candidats, leurs futurs ministres et l’organisation.
À ce dernier chapitre, les deux prétendants, le Parti québécois et surtout l’ADQ, ont connu une très mauvaise semaine. Disons qu’ils font pas mal amateurs ces jours-ci pour des gens qui prétendent vouloir diriger le Québec.
D’abord le PQ. Que le Parti québécois ait recruté un candidat aussi controversé que Robin Philpot, c’était déjà courir après le trouble. Mais qu’André Boisclair n’ait pas été mis au courant avant hier de la polémique lancée par son candidat il y a quatre ans à propos du génocide au Rwanda, c’est parfaitement incompréhensible.
Très tôt hier matin, André Boisclair a déclaré qu’il était bouleversé d’apprendre que l’un de ses candidats niait le génocide rwandais. Le chef du PQ est revenu quelques heures plus tard pour dire que, finalement, il avait parlé à M. Philpot, que celui-ci ne niait pas le génocide et que l’épisode était donc clos.
Supposons, en effet, que les autorités du PQ considèrent que Robin Philpot n’a rien dit d’offensant, comment se fait-il que le chef n’ait pas été ” briefé ” dès l’aube hier matin, avant de rencontrer la presse ?
Et puis André Boisclair, qui reproche depuis trois jours à Mario Dumont de traîner des boulets dans son équipe de candidats, se contente de bien peu d’explications pour tourner la page.
On peut toujours débattre à savoir si Robin Philpot a vraiment nié le génocide, mais on ne peut pas nier qu’il le banalise et qu’il tire des conclusions bien différentes de celles de la communauté internationale.
Quand il dit - et il l’a redit hier : ” On ne peut pas dire qu’il y a eu un génocide au Rwanda comme le génocide contre les Juifs : ça n’a pas été le cas “, qu’est-ce qu’il veut dire au juste ? Et quand il parle d’utilisation abusive du terme génocide?
Quoi qu’en dise M. Philpot, il n’y a pas de demi-génocide. Et aucun génocide n’est moins grave ou moins atroce qu’un autre. Il y a eu génocide ou il n’y a pas eu génocide. Le monde entier pense qu’il y a eu génocide, mais M. Philpot, lui, pense que l’on emploie le terme abusivement.
Robin Philpot remet aussi en cause le travail du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) sur les exactions commises pendant le génocide en affirmant : ” Il y a des viols dans toutes les guerres. Il y en a en Irak et en Afghanistan. Dans le cas du Rwanda, des affidavits ont été présentés au TPIR, montrant que les récits de viols avaient été fabriqués. Le TPIR n’a pas reconnu ces preuves et a condamné un innocent, Jean-Paul Akayesu ” (un accusé défendu par le frère de Robin Philpot).
Comment concilier cette déclaration avec celle d’André Boisclair, qui affirmait hier matin avoir tout le respect et pleine confiance dans le travail du TPIR ?
M. Boisclair, on le comprend, souhaite prestement passer à autre chose pour éviter de se retrouver, comme Mario Dumont, pris avec un candidat gênant.
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