Nuance à la lettre de grand maman Chayer

Les allumeurs des symboles...

Tribune libre


Les allumeurs de symboles.
Pour ma part après avoir relu la lettre de «grand maman Chayer», je considère que cette dernière stigmatise plus l'intolérance qu'elle ne suscite de solutions. Au fond, l'obscurantisme religieux ne date pas d'hier et la lettre à «grand maman» en est une preuve de plus. En fait, cette dernière rate franchement sa cible puisqu'elle ne s'attaque pas aux intégrismes toute religions et toutes confessions confondues. Elle casse plutôt et plus spécifiquement du «musulman». Pour l'échange de couscous et de tourtières maison on y reviendra. Religieux ou non, les intégrismes sont nombreux et d'origines variés et l'invitation à «grand maman Chayer» se perd dans le pot à déconfitures. Prions pour qu'elle ne récidive pas, amen!
Mais soyons réalistes, tous les religieux ne sont pas des monstres mais il y en a, et cela, d'un côté de la clôture comme de l'autre. Et si certains de nos préjugés ont la couenne dure ceux dont nous avons hérité de nos «grands parents» sont parfois coulés dans le ROC. Tout comme le discours de la pensée unique. Mes aïeux!, on n'est pas sortis du bois! Le bois devenant de plus en plus dense pour ne pas dire de plus en plus épais! Ce qui doit faire l’affaire des nouveaux propriétaires de Radio-Canada; cette société d'état passée sous contrôle Harper, un gouvernement qui n’hésite pas à soutenir l’insoutenable et à défendre l’indéfendable.
En réponse à la demande culinaire de «grand maman Chayer» je tiens à apporter la petite nuance qui manque à mon plat. Vous savez ce petit quelque chose que l’on omet trop souvent soit par fatigue, soit par paresse, soit par manque de bonne volonté. Pour la bonne volonté, «grand maman Chayer» n'en manque pas, j'en conviens. Mais dans l'échange culturel elle a probablement oublié, entre deux oreilles de crisse, un ingrédient important. Un ingrédient maison qui, je le répète, manque horriblement à mon plat. Je dis horriblement parce que tous les bons petits plats de la planète ne proviennent pas tous du même endroit: à moins que la cuisine à grand maman ne soit plus vaste que la planète elle-même et qu'elle ne ratisse plus haut et plus large que l'art culinaire lui-même.
Dès le départ, la recette à mémé verse discrètement dans l’amalgame gastronomique pour sombrer fraternellement dans le profilage des radis radicaux. Ce qui revient à mettre tout le monde dans le même sac à légumes et par le fait même à se peinturer soi-même dans le coin des fruits confits. C’est, en quelque sorte, utiliser la hache du bûcheron pour préserver l'arbre de noël d'une soi-disant «déforestation massive». Même si se débarrasser de tous les vergers du monde au nom de la branche élue n'a jamais été la tasse de thé à «grand maman Chayer», on se demande pourquoi elle verse religieusement dans les graines de ce chapelet ?
De la même manière que tous les québécois ne sont pas des mangeurs de poutines ou des avaleurs de couleuvres, tous les musulmans ne sont pas des religieux sous influences; beaucoup parmi eux sont des intellectuels laïques qui se sont battus vaillamment et se battent encore brillamment pour les mêmes convictions, avec nuance, que «grand maman Chayer»..

Étant donné que la tendance dans le médias de masse est à un certain obscurantisme religieux, la réaction à «grand maman» ne m’étonne pas outre mesure. Ce qui fait naturellement l'affaire à la clique à Harper et aux autres allumeurs de symboles religieux, voire d’école passerelles juives. Curieusement, la lettre à «grand maman» ne dénonce pas le phénomène. Elle n'en fait pas mention, même pas une pauvre ligne. J’aurais aimé qu’elle apporte la «petite nuance» mais non!, la lettre pointe toujours dans la même direction. Un sens unique. À croire qu'il n'y a qu'un seul coupable et un seul et unique responsable. Toujours le même. Le grand voile. J'aimerais dire à «grand maman Chayer» que - même s'il y en a - tous les religieux de la sainte église catholique romaine ne sont pas des pédérastes, des violeurs d'enfants ou des voleurs d'enfance, pas plus que certains québécois d'origine musulmane ne sont religieux, fanatiques ou poseurs de bombes. Ceux que je connais sont des êtres charmants, cultivés, remplit d’humanité, de sensibilité, de compassions et de reconnaissances..
Évidemment, eux, on ne les entend presque pas ou si peu; ils ne se plaignent presque jamais de leur condition: ils sont parfaitement intégrés. Ce sont des québécois à part entière. Des hommes, des femmes et des enfants profondément laïques et farouchement opposés à tout ce qui est ingérence du religieux dans l’appareil d’état, voire l'appareil politique. Ne les oublions pas, ce sont nos frères et nos sœurs d’armes mais, de grâce, arrêtons de sombrer dans l’amalgame et le profilage racial dès que le mot «musulman» est prononcé. Arrêtons de tomber dans le panneau: tous les québécois ne sont pas représentatifs de la chrétienté ni des fous de Dieu: tous les musulmans d'ici ne sont pas des représentants de l'islam ou des bourreaux batteurs de femmes..
Arrêtons de tomber dans le sac des extrêmes: celui que le média de masse du gouvernement Harper nous sert depuis qu'il est au pouvoir: le sac a ordure pour le sac à bonbon, le sac qui, comme dirait Saint-Exupéry, «mélange tout et confond tout»...
Si «grand maman Chayer» se souvient de la lutte des québécois pour la laïcisation de ses institutions, elle ne doit pas non plus en oublier «les petites nuances»: celles qui font, comme vous le savez, toute la différence...
Bien à vous

Nicodème Camarda
27 décembre 2011


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