Si vous êtes un cinéphile sérieux, vous avez vu Zelig (1983), la merveilleuse comédie de Woody Allen.
L’action se passe dans les années 1920 et 1930. Leonard Zelig fascine les scientifiques. C’est un homme-caméléon.
Quand il est avec des médecins, il jargonne comme eux, il raconte qu’il a fréquenté Freud à Vienne.
Quand il est avec des Noirs, sa peau devient plus foncée.
Quand il est avec des gros, il grossit.
C’est une réflexion douce-amère sur ce besoin mimétique qu’éprouvent beaucoup d’humains d’être acceptés par les autres au point de faire n’importe quoi pour cela.
Façade
J’y ai repensé en voyant les jeunes du PLQ dire que leur parti devait tourner le dos au multiculturalisme et devenir « interculturaliste ».
Ils ont évidemment raison de voir dans le délire multiculturaliste de Philippe Couillard la cause première de la débâcle de l’automne dernier.
Cela dit, on échappe difficilement à l’impression que le PLQ brandit devant nous son « interculturalisme » comme on brandit un hochet devant un bébé : pour le distraire.
Le président des jeunes du PLQ a en effet pris soin d’expliquer qu’il était hors de question de toucher aux libertés individuelles.
Justement, si en matière de signes religieux, par exemple, vous ne touchez à rien et permettez tout, vous venez d’illustrer que votre « interculturalisme » n’est rien d’autre que du multiculturalisme rebaptisé.
Le fond de l’affaire est très simple.
Un immigrant arrive chez nous. Il s’ajuste. La société aussi s’ajuste. Le Québec n’a jamais été figé.
Mais qui doit faire le gros du chemin ?
Est-ce à l’immigrant de prendre le pli de sa société d’accueil ou est-ce à la société de revoir ses règles pour que l’immigrant puisse changer le moins possible ?
Un premier indice que les « sparages » libéraux ne sont que mise en scène fut la réaction du chef intérimaire Pierre Arcand.
Ce virage « nationaliste » passe-t-il par des revendications constitutionnelles ?
Pas du tout.
Il ne manquait que le classique « le-fruit-n’est-pas-mûr » servi par Jean Charest et Benoît Pelletier pendant des années.
Répétons, pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, que des mesures concrètes, au-delà du placotage, qui rompraient avec le multiculturalisme seraient démolies par les tribunaux canadiens, sauf si vous invoquez les dispositions de dérogation, une hérésie selon le PLQ.
Un second indice que tout cela n’est que mise en scène est que, pas plus tard qu’hier, le PLQ recommençait à plaider que le Québec doit augmenter le nombre d’immigrants.
Vous aurez deviné son unique argument : la cassette patronale sur la pénurie de main-d’œuvre.
Pas un mot sur les enjeux identitaires, religieux et linguistiques.
Opportunisme
À l’évidence, le PLQ ne se demande pas de quoi le Québec a besoin.
Le PLQ se demande de quoi le PLQ a besoin pour retrouver le pouvoir. C’est tout.
Sa personnalité de base, derrière les métamorphoses « zeliguiennes », c’est l’opportunisme.
Un lecteur me rappelle une fabuleuse phrase de Pierre Vadeboncœur qui s’applique parfaitement au PLQ : « Ces gens-là ne méditent pas, ils préméditent ».