PLQ: sincérité ou marketing?

Bb6bc7f2f670eeb16cf0b32be725a6fd

De quoi est fait cet interculturalisme libéral ?


Les jeunes du PLQ se réunissent en congrès à Québec en fin de semaine.


C’est l’événement qui, traditionnellement, marque l’ouverture de la saison politique chez nous.


Le rôle le plus important des ailes jeunesse est d’être un lieu de formation au militantisme politique et à l’engagement citoyen, et un vivier de recrutement pour les cabinets ministériels.


Mais comme les jeunes s’expriment souvent de manière franche, ce qui s’y discute est parfois révélateur du climat interne d’un parti.


Carte gagnante ?


Les jeunes du PLQ semblent croire que leur parti doit, pour rebondir, embrasser la cause environnementale comme jamais.


Rappelons d’abord qu’à l’échelle mondiale, si on se compare, le Québec, qui a la population du New Jersey, fait plutôt bonne figure.


On peut sans doute faire mieux, mais nos concitoyens ne veulent pas de changements radicaux, et les appuis financiers traditionnels du PLQ dans le milieu des affaires, pour ce qu’il en reste, encore moins.


Nos concitoyens savent quelle est la réponse politiquement correcte à donner quand on les questionne sur l’environnement.


C’est une tout autre paire de manches dans le secret de l’isoloir : le thème est certes plus important que jadis, mais je n’ai jamais vu une élection se perdre ou se gagner sur la question de l’environnement.


Ce n’est pas une raison pour ne pas s’en préoccuper, mais il ne faut pas en surestimer le potentiel électoral.


L’autre grande préoccupation des jeunes du PLQ est de remplacer le multiculturalisme de Philippe Couillard par un « interculturalisme » qui semble être celui du rapport Bouchard-Taylor.


On pourrait ironiser sur leur silence pendant que Philippe Couillard traitait d’intolérants tous ceux qui ne pensaient pas comme lui.


On pourrait ironiser sur leur silence pendant que Stéphanie Vallée voulait imposer le visage découvert... sauf si des motifs religieux étaient invoqués.


On pourrait se demander s’ils se préoccuperaient de la question si le PLQ n’était pas sur la liste des espèces menacées de disparition dans le Québec francophone.


Reconnaissons tout de même le pas en avant.


C’est quoi ?


Le problème, ici, est double.


D’abord, il faut une définition concrète de cet « interculturalisme ».


De deux choses l’une : si cet « interculturalisme » est vraiment différent du multiculturalisme, il ne passe pas le test des tribunaux canadiens, et, s’il n’est pas différent, il n’est qu’une façon de rebaptiser le multiculturalisme pour faire passer cette pilule que le peuple refuse d’avaler.


Les jeunes du PLQ, convaincus que leur « interculturalisme » n’est pas du multiculturalisme, doivent nous dire où sont les différences importantes, et comment ils proposent de contourner les contraintes posées par l’ordre constitutionnel canadien sans exiger de modifications à celui-ci.


Cet « interculturalisme » est d’autant plus suspect quand il s’accompagne d’un silence sur toutes les questions concrètes qui en découlent : langue de travail, seuils et critères d’immigration, laïcité, cours d’ECR, etc.


L’autre problème est que le PLQ est aujourd’hui tenu en otage par les populations de l’île de Montréal qui l’ont sauvé de la disparition et qui font bloc autour de l’idéologie multiculturaliste.